Après deux rencontres avec le ministre de l’Intérieur qui n’ont rien donné, les acteurs culturels ont tenu hier, mercredi 23 décembre, à la Place de la Nation, leur rassemblement, malgré l’interdiction par le préfet, pour manifester leur colère contre les mesures de restriction imposées contre leurs activités qu’ils jugent « injustes ». Toutefois, un peu avant le sit-in, le ministre conseiller Youssou Ndour a annoncé le soutien financier de l’Etat pour compenser le manque à gagner des artistes pour la fin d’année.
Ils étaient nombreux à prendre d’assaut la Place de la Nation hier, mercredi 23 décembre, pour réclamer la reprise de leurs activités suspendues par l’arrêté anti Covid-19 du ministre de l’Intérieur. Déterminés dans leur combat, musiciens, comédiens, danseurs, producteurs, entre autres, avaient le même refrain : « qu’on nous laisse travailler ».
Les professionnels des arts et de la culture brandissaient des pancartes où on pouvait lire « Reprise immédiate des activités culturelles », « Nous voulons travailler », « Rendez-nous notre dignité » etc. La manifestation qui était interdite auparavant par le préfet de Dakar a finalement été encadrée par les Forces de l’ordre et tenue sous le respect des mesures barrières contre la Covid-19, à savoir le port du masque et la distanciation physique. « On est présent parce que c’est une injustice. Le Sénégal est en train de vivre une injustice parce qu’on autorise à tout le monde de travailler, regardez les cars rapides comment ils sont pleins, mais on dit aux artistes, c’est à cause de vous que les cas sont en train d’augmenter. Tout le monde a le droit de travailler, sauf vous. Les gens ont investi pendant des années. Aujourd’hui, tout le monde peut travailler sauf ces gens-là. C’est injuste et c’est cette injustice qu’on est venu dénoncer », martèle le rappeur Simon Kouka.
De son côté, le rappeur Didier Awadi abonde dans le même sens. « Il y avait pleins de concerts prévus, pleins de concerts annulés », dit-il. Le musicien El Hadj Keita renchérit : « Qu’on nous laisse travailler. C’est tout ce qu’on veut. Nous sommes des pères et des soutiens de familles ». Les acteurs culturels soutiennent pouvoir travailler tout en respectant les mesures barrières contre le coronavirus. « On peut continuer à exercer notre métier tout en respectant les gestes barrières et continuer à conscientiser les populations », a fait savoir Didi Diaw.
Prenant la parole, le coordonnateur de la coalition des acteurs de la musique, Daniel Gomez a listé toutes les revendications des acteurs culturels. Il s’agit de « l’ouverture immédiate de toutes les salles de spectacle et lieux de diffusion », de la « reprise immédiate des activités culturelles », de « pouvoir travailler et être indemnisés », de la « mise en œuvre immédiate du plan de relance », de « l’effectivité du statut de l’artiste et des professionnels de la culture », de la « mise en œuvre immédiate de la copie privée », d’un « fonds d’appui pour la musique, la danse et le théâtre », de « l’annulation des dettes fiscales des artistes et des entreprises culturelles et des organisations de spectacle », entre autres.
YOUSSOU NDOUR ANNONCE UNE ENVELOPPE DE L’ETAT EN FAVEUR DES ACTEURS CULTURELS
Même si les acteurs culturels sont d’avis qu’ils ne quémandent aucune aide ou subvention, le ministre conseiller Youssou Ndour a annoncé la mise à disposition toute prochaine d’une enveloppe pour compenser le manque à gagner des artistes. Il intervenait sur la Tfm un peu avant la tenue du sit-in. « L’Etat va décider d’appuyer les artistes dans les 48 heures. Si ce n’est pas aujourd’hui (hier), ça va être demain au plus tard. Je crois qu’aujourd’hui, la situation est difficile pour les artistes.
Depuis dix mois, les artistes n’ont pas travaillé. C’est vrai que l’Etat a fait un geste mais ce n’était pas suffisant par rapport à ce que les artistes espéraient avec la fin de l’année. La pandémie est revenue et nous sommes dans une situation de blocage», a fait savoir Youssou Ndour. Il faut rappeler que la Police se dit déterminée à veiller au respect des mesures contenues dans l’arrêté du ministre de l’Intérieur.
MARIAME DJIGO