Les travailleurs de La Poste veulent que l’Etat leur paye leur dû. Ils l’ont fait savoir, hier, lors de leur assemblée générale tenue sous forme de sit-in, perturbée par les forces de l’ordre qui ont brandi l’interdiction de rassemblement.
Plusieurs milliers de chefs de famille travaillant à La Poste craignent pour leur avenir sans compter les menaces qui planent sur les bénéficiaires des programmes sociaux que La Poste risque de ne plus pouvoir accompagner à cause de la dette de l’Etat. «On veut mettre à mort cette société (La Poste, Ndlr). Les 4 300 pères et mères de familles que nous sommes n’accepterons pas cette forfaiture», prévient Ibrahima Sarr, représentant du personnel du groupe. C’était, hier, dans les couloirs du siège de la société. Ce, dans le cadre d’un sit-in.
L’avenir des travailleurs est non seulement menacé, mais celui des familles bénéficiaires de la bourse de sécurité familiale, l’est aussi, car l’Etat tarde à payer la dette qu’il doit à La Poste qui est un des véhicules de ce programme. «L’Etat nous doit au titre du paiement des bourses de sécurité familiale, 42 milliards de francs Cfa. Sans compter la dette de 20 milliards de francs Cfa au titre de la rémunération du service public. Ce qui fait un cumul de 62 milliards de francs Cfa pour la société nationale qui doit servir les Sénégalais au titre de transferts d’argent, de caisse d’épargne… La Poste qui participe à ce programme phare de l’Etat est en train d’être mise à genou avec une dette de 42 milliards contractée entre 2017 et 2019. Aujourd’hui, les travailleurs vivent dans l’angoisse, parce que nous constatons des retards inhabituels des salaires. La Poste a une importance telle que l’Etat doit l’accompagner en termes de financements. Elle est laissée à elle-même, agressée dans son cœur de métier malgré la présence de l’autorité de régulation des postes et télécommunications. Il y a des sociétés écrans qui sont en train d’écrémer dans notre cœur de métier et l’Etat laisse faire. C’est à se demander quelle est la responsabilité de l’Etat vis-à-vis des populations», poursuit Ibrahima Sarr. «La coupe du monde du travail est bien pleine, remplie par les violations des droits des travailleurs qui font légion. Elle déborde à cause des pertes d’emploi enregistrées depuis le début de la pandémie, des menaces qui pèsent sur le peu d’emplois qui reste et qui échappe à la pandémie», assène de son côté Cheikh Diop de la Cnts/Fc.
Les deux hommes ont fait face à la presse au deuxième étage du siège postal. Cela, après des échauffourées devant l’immeuble. Il y a eu des jets de lacrymogènes contre des lancers de poubelles, pierres, etc. Les échauffourées ont commencé quand le premier lacrymogène est lancé sous prétexte que les rassemblements sont interdits. Ibrahima Sarr a échappé belle à la cage de la fourgonnette avec le soutien des postiers qui menacent de porter plainte, tout en promettant de poursuivre le combat. «Vous avez assisté, avec nous, à cette agression qui ne dit pas son nom, par le sous-préfet de Dakar-Plateau. Nous allons porter plainte contre cette agression», annonce Ibrahima Sarr. «Ce qui ce passe est l’illustration parfaite des violations des libertés des travailleurs, des droits syndicaux. Cela juste pour une assemblée générale pour dire que plus de 4 000 emplois sont menacés», s’indigne Cheikh Diop. Qui promet d’intensifier le combat pour le respect des droits des travailleurs. «Les organisations syndicales, membres de la coalition prennent, à partir d’aujourd’hui, en charge les préoccupations, désarrois des travailleurs à l’image de ce qui s’est passé à La Poste, aux Grands Moulins, à la Compagnie sucrière, dans les mines de Sabadola, dans l’administration, au niveau de l’hôpital Abass Ndao… Partout, les travailleurs sont agressés, violentés. Dans les jours à venir, nous allons décliner notre plan d’actions pour prendre complétement en charge les difficultés», promet le patron de la Cnts/Fc.
Emile DASYLVA