Mort subite : Révélation sur un tueur silencieux

par Dakar Matin

La  mort subite reste un véritable problème de santé. Ces dernières années, leur fréquence a fini d’ameuter  plus d’un. Le cardiologue Pr Abdoul Kane a révélé les causes de ces morts subites dont la prévention reste couteuse.

Il est devenu fréquent, de nos jours, d’assister à des morts subites sur des personnes alors que rien ne prévoyait leur décès.  Ces morts subites inquiètent de plus en plus et alertent sur notre mode de vie. Des exemples se succèdent et ne ressemblent pas. Récemment, le corps sans vie du sous-préfet de Koulor, Papa Ibrahima Ndiaye, a été découvert dans sa chambre en début de ce mois de décembre. L’autopsie a révélé un arrêt cardiaque. Au début du mois de mai, un homme est tombé sur la voie publique avant de rendre l’âme à Guédiawaye dans la commune de Wakhinane Nimzatt. Un cas similaire a constaté au mois d’Aout au marché de Mbacké. Âgé d’une quarantaine d’années, mareyeurs de profession officiant au marché de Mbacké, l’homme était connu sous le nom de « Thialang ». Il est tombé raide mort dans une rue du marché. De l’avis des témoins, il s’est affalé de tout son poids dans un bruit assourdissant, qui a eu l’effet d’ameuter les passants. Ces morts interviennent également dans le monde sportif où ces décès sont souvent notés. C’est le cas d’un vieux Moussa Diop, habitant Rebeuss, à Dakar et qui aimait beaucoup le sport. Ce dernier est tombé raide mort. Alors qu’il faisait du jogging sur la corniche ouest.

Interrogé par nos soins, le cardiologue Pr Abdoul Kane a révélé les causes des morts subites constatées très souvent. Selon le président de la société de cardiologie sénégalaise, il urge de revoir nos mode de vie avec une alimentation saine.

La fréquence des morts subites au Sénégal

La principale cause de la mort subite notamment chez l’adulte reste les syndromes coronariens, c’est-à-dire la crise cardiaque, a-t-il fait savoir. C’est une véritable épidémie galopante. On sait que c’est la première cause de décès au monde, surtout  chez l’adulte africain d’ici cinq à dix ans. Donc au Sénégal, c’est déjà installé puisse que dans nos statistique de l’année dernière, c’est l’une des première cause d’hospitalisation. »

Le cardiologue poursuit : la mort subite est un évènement dramaturge que vous l’imaginez puisque c’est le décès inopiné qui survient dans l’heure. C’est quelqu’un qui  était supposé être saint. Elle est plus en plus vécue que ça soit chez les jeunes et chez les sportifs et également chez les personnes âgées. Il a été noté la crise cardiaque, les malformations du cœur et certains types d’infections grippales. 

 Il y a également, ajoute-t-il, des maladies infectieuses qui se révèlent mais parfois sont tout à fait cachées chez la personne. Et donc, il faut aller les chercher et notamment des formes héréditaires. Il y a des familles qui ont une hérédité de malformation cardiaque qui les exposent souvent à des formes de morts subites. Certains membres de ces familles là peuvent s’engager dans un sport de compétition, des physiques violentes et donc décédés sur le terrain. Si on adapte le temps au traitement, il sera toujours possible d’avoir une activité physique voire même sportive mais encadré et en  toute connaissance de cause. Il y a aussi de nouveaux développements dans la prise en charge des morts subites. Pour donner un exemple : la principale cause de la mort subite, est ce qu’on appelle le rythme cardiaque. C’est une désorganisation complète du rythme du cœur au lieu de se battre à 80, il se met à battre à 300. Ce qui est incompatible avec la vie. Pour soigner ces personnes, il faut un déphygulateur  qui peut être disponible sur un terrain où  dans un aéroport ou un milieu public. Mais aujourd’hui au Sénégal, on peut implanter un déphulagulateur à la personne s’il risque de faire une mort subite. Lorsque le rythme devient instable c’est cet appareil intelligent qui détecte le rythme et fait la décharge qui permet de positionner le rythme et évidement permet de prévenir la mort subite, donc c’est pour de tout cela, l’ampleur, la prévention, la prise en charge par les technologies de pointe.

Quid du plateau technique adéquat pour la pris en charge ?

En termes de qualité et d’opportunité, le Pr Kane renseigne que le Sénégal en dispose. C’est plus les moins dans la cherté et l’inaccessibilité qu’il y a encore des efforts. Nous avons  quelques salles, il nous en faut beaucoup plus pour une population comme le Sénégal.  Mais, il faut bien commencer par quelque chose. Aujourd’hui prendre en charge le syndrome coronarien, c’est-à-dire une crise cardiaque et même la prendre en charge dans les mêmes conditions et même modalité à Paris ou à New York, c’est impossible. Quelqu’un qui ferait une mort subite et à qui on doit mettre un défibrillateur,c’est techniquement possible et l’expertise aussi. Certains de ces soins vont monter à 1 à 1 million 5, pour d’autres on dépasse même les 5 ou 6 millions F Cfa et donc c’est plus la question d’accessibilité. Beaucoup de sénégalais qui ont besoin de cette technologie-là malheureusement ne pourront pas payer. Et bien sûr, cela  limite l’activité puisque si vous devez implanter un sénégalais et vous considérez que 9 sur 10 ne peuvent sortir 1 million F Cfa à fortiori 5 million F Cfa, on ne  pourra pas   comparer un collègue du Maghreb et surtout européen ou américain. Nous avons besoin certes plus de consommables, de dispositifs médicaux et que les prix baissent. Nous avons  besoin que tout cela soit subventionné par l’Etat parce que  c’est une technologie qui nécessite des intrants mais toute cette réserve là on devrait pouvoir avancer  très vite. Parce qu’encore une fois l’expertise existe. Nous avons de plus en plus des collègues qui sont formés à cela. Nous avons quelques hôpitaux qui sont équipés de même que les structures privées. Maintenant, il faut simplement renforcer l’activité et former encore plus de cardiologues  et bien sûr avoir d’autres outils plus performants pour suivre la technologie qui avance.

Il oriente vers la prévention qui est d’ailleurs le maître mot. Et certes pour la crise cardiaque, il y a une hérédité mais c’est surtout liée à l’environnement et de notre façon de manger gras, sucré, salé, les addictions et notamment le tabac qui touche le foie. Il s’agit de l’hypertension, le diabète, le manque d’activité physique et  la pollution qui favorisent cet encagement des artères qui bouchent progressivement et qui mènent à la crise cardiaque. Il faut promouvoir les gestes vertueux rompre avec la sédentarité pour la promotion de l’activité physique par une alimentation équilibrée et saine. Il faut sensibiliser les populations et à s’écouter. Il faut se faire consulter très vite.

NGOYA NDIAYE

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