Dans le désespoir qui les étreints, dénués d’arguments, il ne leur reste qu’à jouer aux hyènes rodant autour d’un impérial lion qu’ils n’osent pas affronter de front ; corsaires de la dernière heure, sentant la partie finie, ils s’imposent indignement, en vautours, charognards, affamés de bouffer les restes fétides, pour espérer rassurer des maîtres paumés, perdus, paniqués, poursuivis par leurs frasques. De temps à autre, on aperçoit, comme ces jours-ci, leurs museaux, trainant leurs corps faméliques. De sortie, sans courage, ce sont les ultimes défenseurs d’un régime branlant, qui croule sous le poids de la compromission et des crimes. Ces damnés de la terre pensent pouvoir tromper leur monde. Pendant que l’avion présidentiel est perdu, cloué au sol, dans un hangar à Perpignan, la grande gueule qui en avait naguère fait ses choux gras, se tait, frappé d’une honte intenable. Son demi-frère de journaliste, attaché de presse à ses heures perdues de…Cissé Lô, tente une banderille, en choisissant un terrain autre. Il se fait le défenseur d’une autre calamité nationale : Aliou Sall, qui se sait promis à une géhenne imminente et dont la stratégie consiste à pleurnicher, comme si les prébendes destructrices de notre nation qu’il a enfilées ne lui suffisaient pas, pour revendiquer encore et, comme dirait François de Closets, toujours plus.
Son défenseur surgi de sa horde de mercenaires, des hyènes qui puent l’indécence, s’imagine intéressant en m’interpellant sur mon exil qu’il interprète comme une fuite : non, animal de compagnie, non, ce n’est pas une fuite ; c’est le refus stratégique, qui a dérouté tes maîtres, de me mettre à la portée de leurs iniques, illégales, illégitimes actions en se servant, en les détournant, des moyens de la puissance publique.
Mbeuleh, vous croyiez que je serai resté dans un pays où l’Etat de droit n’est plus qu’une farce, une charade, où la population, passive, laisse faire, courbe l’échine quand quelque petit autocrate, un minable Macky Sall, s’appuyant sur ses veules relais, joue avec les libertés individuelles et les droits constitutionnellement protégés ? Vous pensiez que je me comporterai en agneau du sacrifice, attendant doucereusement que les salauds que vous êtes viennent me finir.
Vous, vos maitres en tête, réalisez maintenant ce que je voulais dire quand j’affirmais, d’une part, que ceux qui vivent sous le tamarinier, là-bas, quand on les pique, ils se vengent, et, d’autre part, que je n’étais pas une lettre qu’on jette, en colis, dans une prison en pensant le faire taire. Je vous ai prouvé que j’étais plus futé que vous tous réunis. Vous voici réduits à miauler. Le monde entier rit de vous et lit avec gourmandise comment je démolis vos prétentions de gouvernance sobre et vertueuse pour en livrer la nature mafieuse.
«Pay-back Time has arrived!», le moment de rendre gorge est venu. Vous vous plaignez du venin que je déverse sur vos «champions» quand, par millions, nos compatriotes s’en délectent, qui se plaisent à voir quelqu’un mettre le couteau là où ça fait mal. Je débusque quotidiennement tout ce qui se trame, en gardant les dossiers les plus lourds de la criminalité d’un Etat pris au dépourvu, pour les livrer le moment venu.
Les animateurs de l’Etat bandit en tremblent d’effroi, en commençant par le Khalife Général Koulou Todjeman (KGKT), le guide suprême des voleurs, qui est coincé sur sa chaise anglaise, où il joue au penseur dont les neurones sont gelés…
Il est perdu, dis-je. Il sait que l’impitoyable reddition des comptes aura lieu. Déjà, les dossiers compromettants sont revisités. Le jour J, au coin de la rue, s’approche, à grands pas.
La fin est imminente. Ce qui lui reste, dès lors, c’est ce ramassis de médiocres, dépassés par la situation, comme il l’est de la gestion d’un Etat qu’il ne contrôle plus, pris qu’il est dans la tourmente d’une banqueroute générale qui n’en est qu’à ses débuts. Pitoyable baroud de déshonneur que de jeter dans la bataille ces locataires de fosses septiques pour sa défense.
Manque de pot. Ses manœuvres, toutes ses manœuvres, en plus de ses magouilles, ont foiré, exposées qu’elles sont au grand jour.
La dernière en date, qui a consisté à donner un fromage (cheese) à l’habitué des protocoles foireux, en l’enrobant d’un discours prétendument patriotique, a déjà fait pschiiit, s’est dégonflée comme un ballon troué, le gouvernement de majorité «présidentielle» élargie n’est plus perçue que comme le dernier effort, l’effort vain, pour sortir le camion gouvernemental des sables mouvants qui l’engloutissent inexorablement.
Alors, pour croire s’offrir un répit, on sort les derniers fusils, des meukhdomes, qui ne feraient pas peur au plus petit moineau, et on demande aux mercenaires en quête de buzz de monter au front. Echec total : quand ils essaient de me salir, le peuple Sénégalais (s majuscules, pan sur la gueule de qui se sait !), lui, pense autrement : il a besoin d’une voix pour dire au monde comment ses hydrocarbures ont été détournés par une famille de va-nu-pieds dont il a eu la malchance d’élire l’un d’eux ; comment sa jeunesse, désespérée, n’a plus d’autre solution que de se donner en repas aux requins du fin d’un océan en tentant de rejoindre quelque Eldorado, à l’autre bout du monde ; comment sa religion est pénétrée par les forces ténébreuses de la franc-maçonnerie ; comment la pandémie du Covid19, transformée en vache à lait par un pouvoir inapte à reculer devant l’escroquerie, a vidé les caisses publiques et rempli celle d’une camarilla ; comment les valeurs sociales se sont effondrées, prises sous le lourd genou d’un pirate installé malencontreusement à la tête d’une nation qui se meurt….
Les Sénégalais retiennent leur souffle. Chaque jour, ils savent qu’il leur faut garder un peu d’oxygène pour éviter l’apoplexie, leurs cœurs ne tiennent plus à force d’être soumis aux mauvaises surprises, les coups tordus, qu’aligne un pouvoir devenu spécialiste dans la criminalité. Ils ont peur. Jamais, ils n’auraient cru que leur pays deviendrait un exemple achevé d’un totalitarisme abject dont ils se gaussaient naguère en croyant qu’il était destiné à d’autres peuples.
Pris de court, trahis par les forces de défense et de sécurité, vénales, lâchées par une justice injuste et aux ordres, laminés par la faim et l’incertitude du présent autant que des lendemains, voyant comment la communauté internationale se tait, y compris quand un Assane Diouf se fait tuer à petit feu dans un Guantanamo Sahélien, à la prison de Reubeuss, ils ont maintenant la tête tournée vers le ciel.
Quelque chose leur dit pourtant que çà ne peut perdurer. Bientôt la libération adviendra. Ils le savent en voyant les agissements loufoques, désespérés de leurs preneurs d’otage. Voyez comment, alors que tous s’attendaient à ce qu’enfin ce pouvoir s’arrête pour affronter la pandémie du Covid, son principal projet fut de mêler mon numéro de téléphone à un faux vaccin.
Qu’on ne s’y trompe pas : c’est à ce signe, et à celui des mercenaires, les puants, qu’on peut deviner que le régime est aux abois, acculé, et qu’il suffit d’un rien pour le jeter au fond d’une fosse de vautours et charognards.
Mener ce combat jusqu’à son terme est l’honneur de ma vie : c’est à cela, et rien d’autre, que je mesurerai la réussite de ce qui me reste de souffle sur cette terre.
Je vous attends donc, vautours, amenez le vautour en Chef, Macky, qui n’ose pas sortir sa tronche….Que tous les Sénégalais sèchent leurs larmes. Cette dernière ronde des vautours sera une partie de plaisir, de grande vengeance et un nouveau départ, une renaissance pour notre grand peuple.
Nous sommes en passe de vaincre. L’aube, on le sait, est toujours précédée par le moment le plus sombre de la nuit. Il se fait jour. Les premiers rayons de soleil percent déjà sous les nuages qu’ils bousculent.
Adama GAYE* est un exilé politique au Caire, opposant au régime de Macky Sall.