Aminata Touré dit Mimi, ancienne Présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a osé réveiller le lion qui dort.
Elle a évoqué le troisième mandat, en disant clairement les mots qui fâchent : C’est-à-dire que Macky n’en a pas droit, que c’est contre le référendum de 2016 et que le Président lui-même l’avait dit.
Des phrases qui ont valu à Sory Kaba, Moustapha Diakhaté et Me Moussa Diop d’être exclus des stations qu’ils occupaient.
Donc, la glaive risque de tomber sur elle. Car, le Grand Manitou a actionné l’Inspection générale d’Etat contre elle. Exactement comme pour l’ancien Maire de Dakar Khalifa Sall. On fouille dans sa gestion et sur la base du rapport ainsi produit, la personne peut être traduite en Justice, condamnée et même emprisonnée.
C’est dire que le syndrome Khalifa Sall guette Mimi. Et curieux du sort, en ce moment-là, c’était elle qui était la maitresse des poursuites, celle qui menait la traque des biens mal acquis.
Et comme Macky est prompt à sanctionner ceux qui disent qu’il ne peut pas qu’il fasse un troisième mandat et qui lui sont proches, l’ancien Premier Ministre et ancien Ministre de la Justice pourrait se retrouver dans le collimateur de la loi.
Pis, l’argument de l’audit du Cese depuis sa création agitée par la dame ne va pas prospérer. Car, pour Khalifa, le fait que la Caisse d’avance avait été créée et gérée par d’autres maires de Dakar avant lui ne lui a pas servi à grand-chose.
Et tout le monde sait que dans ces genres d’affaires, ce qui importe, c’est la neutralisation de l’adversaire politique.
En clair, Macky vient ainsi de mettre une épée de Damoclès sur la tête de Mimi. C’est un avertissement fort dont l’objectif est justement de la pousser à revenir à de bons sentiments.
Car, depuis qu’elle a été démise de ses fonctions au profit d’Idrissa Seck, elle ne cesse de poser des actes de casus belli ou interprétés comme tels.
Elle est, dans le camp des démis dont Aly Ngouye Ndiaye, Amadou Bâ et consorts, la seule qui ‘’ose’’. Celle-ci qui semble n’avoir aucun complexe à l’égard de son mentor et qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Et cette attitude ne plait sans doute pas en haut lieu.
Qui plus est, si elle a rencontré Abdoul Mbaye, c’est qu’elle a manifestement tourné la page de l’Alliance pour la république (Apr) en flirtant désormais avec l’opposition radicale.
Et comme elle est dans les secrets des dieux et peut faire très mal, il n’est pas étonnant que du côté de la Présidence, l’envie de la faire taire soit pressante.
Une situation qui rend compte de l’absence criarde de démocratie interne dans les partis au Sénégal et surtout de la fragilité de l’unité entre militants.
Amis hier et adversaires aujourd’hui ou vice versa, voilà les scenarii qui meublent l’activité politique chez nous. On ne sait jamais qui est qui. Et les déclarations d’hier peuvent contredire celles d’aujourd’hui.
A ce stade de la vie politique, personne n’est à l’abri.
Malheureusement, aussi bien les institutions de contrôle que la Justice peuvent être instrumentalisés par un homme, celui qui est à la tête de l’exécutif pour assouvir ses besoins de vengeance politique contre des gens qui ont peu de moyens de riposte.
On dit souvent que le Procureur est trop fort sous nos cieux. Mais, en réalité, c’est le Président de la République qui concentre trop de pouvoirs entre ses mains. Mais comme le premier travaille sous la responsabilité du second, même si ce n’est pas directement, on comprend aisément pourquoi notre système judiciaire est souvent critiqué.
Or, il se trouve que le Président de la République est également chef de parti donc de clan politique pour ne pas dire de ‘’gang’’. D’où les dégâts.
Espérons en tout cas que cette dame qui tout fait pour son parti et son mentor, qui lui a servi souvent d’exécutoire, ne tombe pas broyée par une machine judiciaire qu’elle dirigeait.
Il faut que nos autorités évitent autant que faire se peut d’impliquer les institutions à leurs querelles personnelles qui sont souvent passagères.
Assane SambPartager