Après Ahmadou Makhtar Mbow, Doudou Ndoye et Moustapha Sourang (CNRF), Isaac Yankhoba Ndiaye (modernisation de la justice)… c’est au tour du président du Comité de pilotage du dialogue national d’être perdu dans les méandres de la politique de Macky Sall
Après Ahmadou Makhtar Mbow et la CNRI, Doudou Ndoye et Moustapha Sourang (CNRF), Isaac Yankhoba Ndiaye (modernisation de la justice)… c’est au tour de Famara Ibrahima Sagna d’être perdu dans les méandres de la politique du président de la République.
L’omerta continue autour du dialogue national. Ni le gouvernement ni le président du Comité de pilotage ne daignent encore faire face aux Sénégalais pour leur dire le sort de ces concertations qui ont été lancées par le président de la République en grande pompe. Un manque de respect notoire que regrettent vivement certains acteurs du dialogue.
Ce qui semble se préciser, c’est que Famara a bel et bien rendu les clés de ses bureaux à l’immeuble Bourgi, comme l’annonçait ‘’EnQuête’’ dans son édition du 11 novembre. Joint par téléphone à l’époque, le responsable de la communication du Dialogue national, Elimane Oumar Ly répondait en ces termes : ‘’Cela n’est que pure affabulation. Les locaux n’étaient pas occupés, juste à cause de la pandémie. Ces informations ne reposent sur rien.’’ Pourquoi vous n’avez pas réagi alors ? Il disait : ‘’Nous n’avons pas jugé utile de répondre à ces affabulations.’’
Hier, nos confrères de ‘’Les Echos’’ sont revenus sur les raisons de cette désertion. D’abord, Famara exigerait un décret portant prolongation du mandat des membres du Comité de pilotage. Ensuite, il est invoqué un défaut de budget pour faire face à certaines obligations. ‘’Son budget est épuisé et il n’a un minimum de moyens qu’il n’a plus. Pour toutes ces raisons, il ne peut pas bouger ; il ne peut pas convoquer’’, informe le journal.
Pendant ce temps, les membres du Comité de pilotage sont snobés et par leur président et par les autorités gouvernementales. Dans notre édition du 11 novembre sur la bouderie du président Famara Ibrahima Sagna et les raisons du blocage du dialogue, le président de la Commission modernisation de l’Etat et lutte contre la corruption Zaccaria Diaw soutenait : ‘’Comme vous le savez, nous avions suspendu les travaux en raison de la pandémie. Nous sommes encore dans l’attente. Nous, nous n’avons pas encore reçu de notification pour la reprise. Si vous avez besoin de plus amples informations, il faut vous renseigner auprès du président Famara.’’
Interpellé sur le blocage ayant provoqué la bouderie de l’ancien président du Conseil économique et social, le 24 novembre, à l’occasion de la conférence de presse bimensuelle du gouvernement, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, avait totalement omis de répondre. Un débat relancé par les nouvelles informations dans ce dossier.
En tout cas, cette situation a fini d’exaspérer bien des participants au Dialogue national. Un de nos interlocuteurs souligne : ‘’Si l’on se fie aux informations, on peut considérer que Famara avait donc un budget. Je pense que si ce budget est épuisé, comme on le prétend, la moindre des choses est de dire aux Sénégalais son montant. Quelle utilisation en a été faite ? Est-ce que les commissions l’ont ressenti ?, etc. Je pense que les Sénégalais ont le droit de savoir.’’
Par ailleurs, il faut signaler que les versions divergent, en ce qui concerne les raisons du blocage du Dialogue national. Si les uns estiment que c’est parce que le président avait pris un seul décret portant prolongation des membres du Comité de pilotage et que Famara exigeait un autre prorogeant son mandat, d’autres soulignent que ce serait plutôt l’inverse. Monsieur Sagna a eu son décret, mais demandait un autre décret pour les membres du Comité de pilotage, pour être conforme aux principes.
Selon certains témoins, il n’y a rien de surprenant dans cette tournure des évènements. Le dialogue est une coquille vide. Famara s’est fait avoir. ‘’Dès que j’ai appris, je me suis dit qu’il s’est fait piéger. Macky va essayer de lui faire avaler des couleuvres, alors que lui n’est pas un homme à avaler des couleuvres. Il est sérieux, compétent et très à cheval sur les principes. C’est le contraire qui m’aurait surpris’’, souligne une source.
Selon certains participants au dialogue, c’est faire un mauvais procès au président Famara Ibrahima Sagna que de lui mettre tout sur le dos. ‘’En vérité, font-ils savoir, le Dialogue national n’a jamais intéressé Macky Sall. C’était juste un prétexte. Il pensait que les gens allaient venir se réunir quelques jours et rendre des conclusions. Finalement, la démarche était devenue gênante. Les choses devenaient sérieuses, avec des études, l’audit de certaines personnalités…’’.
Ainsi, après avoir amusé la galerie pendant des mois, le prétendu Dialogue national semble faire pschitt ! A ce jour, une seule commission sur les huit est parvenue à déposer un rapport sur la table du président de la République. Il s’agit de la Commission politique dirigée par le général Mamadou Niang. Les sept autres sont totalement bloquées et semblent être suspendues aux décisions du chef de l’Etat et de Famara Ibrahima Sagna.