Les hôpitaux de Ziguinchor plus malades que les patients

par pierre Dieme

Les problèmes techniques et financiers, le manque de spécialistes et un environnement qui laisse à désirer polluent l’atmosphère dans ces structures sanitaires qui accueillent des patients de la région naturelle de la Casamance et de la sous-région

Considérés comme les structures de référence dans la région naturelle de la Casamance, le centre hospitalier régional de Ziguinchor et l’hôpital de la Paix sont dans le gouffre. Les problèmes techniques et financiers, le manque de spécialistes et un environnement qui laisse à désirer polluent l’atmosphère dans ces structures sanitaires qui accueillent des patients de la région naturelle de la Casamance et de la sous-région.

Le sit-in observé par le personnel du centre hospitalier régional de Ziguinchor, le mercredi 9 décembre, pour exiger le paiement des salaires du mois de novembre et des primes, n’est que la partie visible de l’iceberg. La structure de santé est devenue indésirable chez les fournisseurs. A cause d’une dette de près de 200 millions de francs CFA qu’elle leur doit, ceux-ci sont de plus en plus réticents à livrer leurs produits à l’hôpital régional. Cette dette s’ajoute à celle que l’hôpital doit au fisc et qui dépasse 400 millions de francs CFA, selon une source hospitalière.

Au centre hospitalier régional de Ziguinchor, la masse salariale est deux fois plus élevée que les recettes. La structure dégage environ 65 millions de francs CFA pour payer ses contractuels alors que les recettes sont évaluées à environ 30 millions de francs CFA. Cette situation est causée par une mauvaise politique de recrutement. “Imaginez, sur les 274 agents que compte la structure hospitalière, seuls 82 sont à la charge de l’Etat. Donc l’hôpital est obligé de supporter 192 salariés, une masse salariale qui dépasse largement ses capacités”, a révélé notre source qui ajoute que l’Etat devrait soulager l’hôpital en prenant en charge 2/3 des salariés de la structure. Si le directeur évoque la dette des IPM et assurances pour justifier les difficultés financières de la structure qu’il dirige, des employés pensent que l’asphyxie financière dans laquelle se trouve l’hôpital régional de Ziguinchor a été accentuée par une dette d’environ 1 milliard de francs CFA que l’Etat et certains privés doivent à la structure. “L’agence nationale de la couverture maladie universelle (CMU) doit à l’hôpital plus de 97 millions de francs CFA, la césarienne environ 208 millions de francs ; le plan sésame, c’est plus de 178 millions, la dialyse 62 millions etc.”, affirme notre interlocuteur. La prise en charge est aussi un problème à l’hôpital régional de Ziguinchor. La structure fait face à un manque criard de spécialistes. “Nous n’avons pas d’anesthésiste-réanimateur ni de cardiologue, encore moins d’urologue. Nous avons le seul centre de dialyse fonctionnel dans toute la région naturelle de la Casamance et nous n’avons pas de néphrologue. L’hôpital est obligé de signer un contrat de prestation avec un universitaire affecté à l’hôpital de la Paix. Les patients qui souffrent du diabète rencontrent d’énormes difficultés depuis le départ à la retraite du médecin spécialiste. Et je vous assure que la liste n’est pas finie”, déplore notre source.

L’HOPITAL DE LA PAIX POLLUE PAR UN ENVIRONNEMENT MALSAIN

C’est connu de tous à Ziguinchor, l’environnement dans lequel se trouve l’hôpital de la Paix de Ziguinchor ne répond pas aux normes requises. Depuis plusieurs années, les populations riveraines se plaignent de la cohabitation avec les eaux usées provenant de la structure hospitalière. “Mais ces eaux infestées et nauséabondes ont fini par affecter les patients et le personnel de l’hôpital de la Paix qui sont en danger”, reconnaît un responsable de la structure. Il indexe le système de drainage des eaux usées qu’il juge défectueux. Le déficit d’équipement est aussi noté à l’hôpital de la Paix de Ziguinchor. “Le bloc opératoire manque de lampes opératoires, de respirateurs, de consommables, de matériel d’endoscopie etc. Actuellement, les interventions chirurgicales programmées sont suspendues. Seules les urgences sont prises en charge. La colonne d’endoscopie de gastroentérologie est en panne. Les fibroscopies ne sont plus faites à l’hôpital depuis des mois”, dénonce l’agent de l’hôpital de la Paix qui a requis l’anonymat. Pour résoudre les problèmes qui minent le centre hospitalier régional de Ziguinchor et l’hôpital de la Paix, un plan d’urgence est souhaité par les travailleurs afin de sortir du gouffre ces hôpitaux qui reçoivent, en plus des patients des régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, les malades des pays de la sous-région comme la Gambie, la Guinée Bissau et la république de Guinée.

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