L’institution municipale, au fil des réformes !

par pierre Dieme

La ville de Dakar comme institution dans l’architecture municipale au Sénégal est le fruit d’un long cheminement. Pour cause, au lendemain des indépendances en 1960, la nouvelle configuration intervenue dans l’organisation des communes comme les premières réformes en l’espèce n’avaient pas apporté de changements majeurs dans la gestion communale au Sénégal.

C’est la loi du19 avril 1972 qui a impulsé les premières innovations dans la politique de décentralisation administrative, avec la création de 320 communautés rurales. Cependant, il faudra attendre une vingtaine d’années pour que la ville de Dakar fasse sa mue avec la loi de 1983 sur l’organisation de l’espace communal. On assistera pour la première fois à l’éclatement de la commune avec la création dans la région de Dakar d’autres grandes communes comme celles de Pïkine et de Rufisque-Bargny. Ainsi que la création de la communauté urbaine de Dakar et les deux autres communes rurales de Sangalkam et de Sébikotane.

A cet effet, c’est une nouvelle entité de la Communauté urbaine de Dakar (CUD) qui est instituée avec des compétences et des moyens beaucoup plus larges. Elle sera dirigée par le maire Mamadou Diop de 1983 à 2001, date de sa dissolution. La création des communes d’arrondissement et sa mise en œuvre le 22 mars 1996, va accélérer le processus de décentralisation et de déconcentration. Mais elle va réduire considérablement les domaines d’intervention jusqu’ici dévolus président de la communauté urbaine de Dakar (CUD) et du maire Mamadou Diop, dont la personne se confondait pendant plusieurs années avec l’institution municipale.

Ses compétences sont limitées par celles des 19 communes d’arrondissement pour les actions de proximité, et par celles des communautés. Le processus entamé depuis la réforme de 1972 sera achevé avec l’Acte 3 de la décentralisation qui, elle, comporte des réformes majeures : la communalisation intégrale (suppression de la dénomination communauté rurale), la départementalisation (les départements deviennent des collectivités locales en lieu et place des régions).
Les régions sont organisées en pôles de développement économique. Force est de constater que, depuis sa mise en application suite aux élections locales de juin 2014, cette réforme a engendré de nombreux conflits surtout entre les maires des communes urbaines qui, pour la plupart, ont continué de dénoncer des dysfonctionnements.

DE ME LAMINE GUEYE A SOHAM EL WARDINI : Dakar, sous le magistère de 09 maires

De l’accession du Sénégal à l’indépendance à nos jours, la ville de Dakar a connu neuf maires aux caractéristiques et au poids politique spécifiques. Elu maire de Dakar aux élections municipales de Dakar en 1945, le président Lamine Guèye sera le seule maire de deux différentes villes du Sénégal, notamment Saint-Louis et Dakar. Le premier président de l’Assemblée nationale est resté maire pendant seize ans.

Au lendemain de l’Indépendance, en 1961, Joseph Gomis avait pris le relais pour devenir la première personne élue à la tête de l’hôtel de ville de la capitale sénégalaise suite aux élections municipales de 1961. Il occupera le poste jusqu’en 1964 avant d’être remplacé tour à tour par le docteur Samba Guéye (1964-1978) et ensuite Lamine Diack (1978- 1979). L’institution municipale de Dakar connait son premier changement après la nomination d’Amadou Clédor Sall comme maire de Dakar en avril 1979). C’est en effet sous son mandat que la commune sera dissoute, après la réforme administrative de 1983. Celle-ci avait amorcé un nouveau cycle dans l’histoire de l’institution municipale. Dans la nouvelle configuration, Mamadou Diop hérite de la tête de l’institution. Président de la Communauté urbaine de Dakar (CUD), entité nouvellement créée, le responsable socialiste dirigera la mairie de Dakar de 1984 à 2002.

Après le président Lamine Guèye, il est le maire qui aura le plus duré à la tête de l’institution municipale. Après l’élection du Président Abdoulaye Wade en 2000, Mamadou Diop est battu lors des municipales de 2002. Pape Diop lui succède comme édile de la ville de Dakar. Un poste qu’il cumule avec celui de président de l’Assemblée nationale (2002 à 2007). Après avoir perdu les élections pour la conquête de la mairie en 2002, le Parti socialiste retrouve la ville de Dakar grâce à Khalifa Ababacar Sall en 2009.

Pape Diop et la liste du PDS sont battus lors des élections municipales de cette même année. Avec la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation, le dirigeant socialiste rempile comme Maire de Dakar en 2014 avec sa coalition Taxawu Dakar. Depuis son incarcération, en mars 2017, la municipalité est gérée par sa première adjointe, Soham El Wardini.
A noter que l’Apr est encore le seul parti au pouvoir qui n’est toujours pas parvenu à s’emparer de Dakar, la capitale sénégalaise

Omar DIAW

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