Entre la traque aux biens mal acquis, la rocambolesque affaire Karim WADE, le référendum de 2016, le kidnapping d’Etat de Khalifa SALL, les législatives tronquées de 2017 et l’inique système de parrainage ponctué par la désastreuse présidentielle de 2019, sept années sont parties en fumée. Les plus optimistes avaient misé sur un Macky SALL consacrant son second mandat au travail après avoir passé le premier à piétiner la démocratie et à martyriser les opposants. Leur pari est perdu ! Depuis qu’il tient sa réélection, Macky SALL multiplie les manœuvres politiciennes devant ouvrir la voie à un énième reniement.
«C’est un pays de dialogue contrairement à ce que certains disent. Depuis mon accession à la tête du pays, j’ai instauré le dialogue comme un mécanisme ». Qui pourrait croire que c’est Macky SALL qui tient ces propos ? Lui qui a démarré son premier mandat par la traque aux biens mal acquis et l’a terminé par un système de parrainage qui a totalement divisé les acteurs politiques, se veut désormais chantre du dialogue et de l’unité nationale. Les affaires Karim WADE et Khalifa SALL, le référendum annoncé 20 jours avant sa tenue, les législatives qui ne sont presque pas déroulées à Touba…, tout cela est à effacer. Cela aurait été sans doute plus facile s’il ne s’agissait que d’effacer, d’oublier. Pour Macky SALL, il est question de déconstruction. De réparer le mal qu’il a fait, de refaire le temps perdu en employant presque les mêmes moyens avec l’adhésion de ceux qu’il considère comme la majorité.
La capacité d’indignation des Sénégalais n’ayant plus de limite, le leader de l’APR ne se préoccupe même plus des apparences. «Pourquoi nous ne devrions pas être ensemble ? Et les gens parlent de deal. Quel deal ? D’ailleurs le deal, c’est un mot impropre que les francophones utilisent. En anglais, un deal, c’est très positif, c’est un accord ». C’est ainsi que Macky SALL a tenté de justifier le revirement spectaculaire d’Idrissa SECK avec qui il s’est lancé dans la périlleuse opération de destruction morale. Le leader de Rewmi qui peine à justifier ses reniements ne peut rien lui apporter ; si ce n’est, au contraire, conforter l’idée du partage du gâteau. Mais, pour Macky SALL, il s’agit de légaliser, de légitimer le reniement pour reconfigurer le paysage politique. Ainsi, en faisant du silencieux Idrissa SECK son troubadour, il facilite la migration clandestine des autres opposants dont il ne cesse d’annoncer le ralliement à son camp. « Je suis d’ailleurs en discussion avec les autres candidats, tous ensemble nous pouvons réunir 85% de l’électorat». Ainsi, avec ce pourcentage dont il est le seul à croire, le leader de l’APR tient cette majorité formelle à même de légitimer les décisions dont il rechigne à assumer tout seul la responsabilité. Ainsi, les multiples reports des élections locales et le mandat infini des maires, c’est le dialogue. C’est de ce même dialogue qu’émanerait l’idée d’une amnistie qui remettrait Karim WADE et Khalifa SALL dans le jeu politique. Laquelle amnistie assurerait également et forcément ses arrières ainsi que celles d’Aliou SALL et Cie.
Ainsi, il parait clair que le leader de l’APR ne cherche pas des alliés mais plutôt des complices. Et ce n’est pas par hasard, si au lendemain du ralliement d’Idy, il a mis en place ce machin dénommé « Task force républicaine »,. Des ministres et des directeurs missionnés non pas pour le service public mais pour animer des débats sur les plateaux de télévision. Après avoir maintenu dans le gouvernement Abdou Karim SALL, Cheikh Oumar ANNE, Me Malick SALL pour ne citer que ceux qui ont le plus polarisé les critiques, Macky SALL ne donne même plus à ses partisans l’impression de vouloir œuvrer pour la postérité. Et avec près de 52% du budget national entre les mains de son beau-frère, il ne se soucie même plus de ce que les Sénégalais pensent de sa gestion. Fort de ses « 85% de l’électorat », il pense tout se permettre ; même vacciner les Sénégalais contre leur gré, même se présenter pour un 3e mandat.
Mame Birame WATHIE