L’interdiction des rassemblements par le ministre de l’intérieur est illégal

par pierre Dieme

Barthélémy Dias dresse un tableau sombre de la gestion du pays. Invité de l’émission «Grand Jury» de la RFM, le maire de Mermoz Sacré-Cœur n’a pas épargné le régime en place

Barthélémy Dias dresse un tableau sombre de la gestion du pays. Invité de l’émission «Grand Jury» de la RFM, le maire de Mermoz Sacré-Cœur n’a pas épargné le régime en place. Le proche de khalifa Sall a dénoncé l’arrêté du ministre de l’Intérieur qu’il trouve « illégal », de la gestion du coronavirus, mais aussi du « refus » du chef de l’Etat d’organiser les élections locales. Barthélémy Dias a également annoncé la mise en place d’une coalition autour de Khalifa Sall et du leader de Pastef Ousmane Sonko.

L’ARRETE DU MINISTRE DE L’INTERIEUR

« Avant tout, j’encourage et j’invite les sénégalais à respecter les mesures barrières. Mais surtout à continuer à porter le masque, c’est très important. Mais je pense que cette décision du ministre de l’Intérieur est illégale. Elle est illégale, car je ne pense pas que c’est à travers un arrêté, pour ne pas dire un communiqué, qu’on peut interdire des rassemblements. Je rappelle qu’on n’est pas en état d’urgence, ni en période de couvre-feu. Donc, aujourd’hui, cette décision du ministre de l’Intérieur n’a aucune valeur juridique, ni administrative. Mais vous savez, quand on refuse d’assumer une responsabilité d’autorité et on préfère en assumer une autre, celle d’un autorisé, ça donne ce que ça donne. C’est une décision émanant d’un autorisé. Si c’était une décision émanant d’une autorité, elle serait adossée sur une loi. Ça veut dire que l’Assemblée nationale aurait dû assumer ses responsabilités et donner le quitus au gouvernement pour rendre cet acte. Donc, si des sénégalais refusent de s’exécuter, il y a un problème juridique qui se pose. Le ministre de l’Intérieur n’a pas le pouvoir, de par la Constitution du Sénégal. Nous ne sommes pas en état d’urgence, nous ne sommes pas en couvre-feu. Il faut reconnaître que la situation est alarmante, pour ne pas dire catastrophique. Mais je rappelle qu’il y avait plus de 300 cas par jour et on a laissé des rassemblements de millions de personnes se tenir. Et il faut tout de même que les gens n’oublient pas que nous sommes à la veille des fêtes de Noël et de fin d’année. Il faudrait que le gouvernement prenne son courage à deux mains. Mais la vérité est que le gouvernement n’ose pas aller vers un couvre-feu ou un état d’urgence. Les sénégalais l’ont mal vécu la première fois. Car, l’Etat n’avait pas respecté ses engagements.»

PAS DE FETES DE NOËL ET DE FIN D’ANNEE !

«En France, ils ont posé des actes d’autorité et non autorisés. En France, les autorités étatiques n’ont pas peur d’aller vers un couvre-feu ou un état d’urgence. Elles comprennent qu’il faudrait d’abord communiquer avec la population, ensuite l’accompagner. Ici, vous demandez aux sénégalais de rester chez eux et qu’est-ce qu’on leur offre en contrepartie ? Ce n’est pas grand-chose. Ou même si ça arrive, cela vient avec un grand retard. La vérité est que le gouvernement actuel a la peur d’aller vers un couvre-feu, vers un état d’urgence, en s’adossant sur la loi qui pourrait permettre au ministre de l’Intérieur de poser l’acte qu’il a posé il y a quelques jours. L’acte du ministre de l’Intérieur est totalement illégal. Je me rappelle que nous avions plus de 300 cas par jour. Et pourtant, on avait laissé des rassemblements de millions de personnes dans ce pays. Alors, qu’on ne vienne pas nous dire qu’à la veille des fêtes de Noël et de fin d’année, on va nous interdire de nous retrouver ici ou là, sans s’adosser à une loi. Je répète que l’acte du ministre de l’Intérieur est illégal.»

LA POSITION DE L’EGLISE !

«La position de l’Eglise est responsable. Mais moi je vous dis que la confirmation de mon fils a eu lieu hier. Je considère que l’autorité n’a pas assumé ses responsabilités. Et je n’ai pas à me soumettre à une décision d’un autorisé. Je fais les choses chez moi car on ne peut pas me l’interdire. La loi est claire. Pour me l’interdire, il faut s’adosser sur une loi, alors que tel n’est pas le cas. Cet arrêté n’a aucune valeur juridique ou administrative. L’Eglise, c’est par rapport à l’église. Je ne suis pas une grande personne qui fréquente l’église. Je pense que je ne suis pas trop concerné par ça. C’est pris peut-être pour les mamans et les tatas. Vous savez, moi je vais à l’église occasionnellement. Mais je ne pense pas que l’archevêché de Dakar ait eu à parler de rassemblements dans nos domiciles. Je suis d’accord pour le respect des mesures barrières. Si le ministre de l’Intérieur avait invité au respect des mesures barrières, s’il avait pris des mesures pour que le port du masque soit obligatoire dans les transports publics et les lieux publics, je suis d’accord. Mais quand le ministère de l’Intérieur outrepasse ses prérogatives, car je rappelle que le ministère de l’Intérieur n’est pas l’Assemblée nationale, il faut savoir raison garder. Le ministre de l’Intérieur n’a pas le pouvoir constitutionnel de prendre des décisions de cette nature.»

LA GESTION DU CORONAVIRUS

 «Je rends d’abord grâce à Dieu car je considère que dans le cas du Sénégal, ça relève du divin. C’est incompréhensible car nous n’avons pas des infrastructures sanitaires dignes de ce nom, nous n’avons pas de matériels en quantité et en qualité. Mais nous avons des médecins de qualité. Et je pense qu’il faut rendre grâce à Dieu. Le gouvernement aussi doit être félicité par rapport aux efforts qu’il a eu à fournir, surtout à travers le ministère de la Santé. Mais il faudra aussi saluer les sénégalais et leur esprit de responsabilité. Tout de même, vu la précarité dans laquelle se trouve ce peuple, les difficultés qu’il affronte au quotidien, ce peuple a fait des efforts pour être en phase avec le combat. Je donne un exemple : un masque a un coût. Et malgré ce coût, vous voyez pratiquement tous les Sénégalais avec leurs masques. En tant qu’être humain, on n’est pas supposé vivre avec un masque. Mais les sénégalais ont fait beaucoup d’efforts. Il faut saluer le peuple entier et surtout inviter le gouvernement à revoir sa posture, notamment en termes de communication. Dans des cas comme ça, il faut assumer ses responsabilités. On ne peut pas avoir des décisions pour un groupe de sénégalais et en avoir d’autres pour un autre groupe de sénégalais. C’est totalement inadmissible.»

SORTIE DE SOULEYMANE JULES DIOP

«Je vais citer Souleymane Jules Diop par amitié car nous avons porté des combats ensemble. Je connais l’homme, je connais son style. Et honnêtement, je considère que ses propos ne sont pas méchants. Mais Souleymane Jules Diop lui-même ne croit pas à ce qu’il a dit. Mais c’est un homme assez particulier dans le combat. C’est tout ce que je peux dire et je lui souhaite bon vent. Au passage, j’aimerais lui dire que la diaspora considère tout de même qu’il a trahi. On a été ensemble, dans un même combat. Ce n’était pas un combat de mutisme total, mais un combat de valeurs, de principes, de convictions et d’ambitions pour un pays qui nous a vus naître et grandir.

MACKY ET LE 3EME MANDAT !

«Le dialogue politique, ce n’est rien d’autre qu’un vulgaire deal sur le dos du peuple sénégalais pour se projeter vers l’horizon 2035. C’est ce slogan qu’ils sont en train de chanter. Ceux qui pensent que le président Macky Sall ne fera pas un troisième mandat, j’espère qu’ils vont se réveiller d’ici là. Car c’est déjà acté et ce n’est point un débat. Macky Sall ne se présentera pas à un troisième mandat, si le peuple se mobilise. Si le peuple sénégalais considère que d’autres vont se mobiliser à sa place, le président Macky Sall va se présenter et il gagnera. Macky Sall n’est pas battable sur le terrain électoral. Aujourd’hui, le terrain électoral est biaisé à travers le parrainage ; il va choisir ses candidats. A travers sa pseudo justice, il élimine d’autres candidats. Et à travers son système électoral, il permet à certains sénégalais de voter et à d’autres d’être exclus du fichier électoral. Vous ne pouvez pas battre un homme comme ça. Ce n’est pas quelqu’un qui va vers une compétition électorale. Regardez ce qui s’est passé en Guinée et en Côte-d’Ivoire. Vous pensez qu’il y a eu des élections là-bas ? Et ce n’est pas la peine de penser à la communauté internationale.»

SILENCE COUPABLE DE LA France

 « La France a montré aujourd’hui qu’elle n’est pas un allié en matière de démocratie. La France a montré qu’à ses yeux, l’Afrique reste ce petit trou perdu sur la planète, qui peut être mal considéré, où il faut seulement exploiter les richesses de ce continent. La bonne gouvernance, les acquis démocratiques, les droits humains, cela ne les intéresse pas. A ce titre, le président Emmanuel Macron constitue une honte. La France parraine le pétrole, le gaz, l’autoroute à péage, ses intérêts…Et il faut qu’elle comprenne qu’il y a une nouvelle génération qui viendra. Et cette génération sonnera la fin de la récréation. On est tout de même au 21ème siècle. Il faut que la France se réveille. L’esclavage, c’est fini. La colonisation, c’est fini. La posture de la France est honteuse en Guinée, honteuse en Côte-d’Ivoire. Mais honte à la France, honte au président Macron. Nous méritons mieux que ça de la France. Sans nous, il n’y aurait eu ni drapeau français, ni Marseillaise. N’insultez pas notre intelligence. Il n’y a pas eu d’élections ni en Guinée, ni en Côte-d’Ivoire. Et vous ne comptez pas non plus dire au président Macky Sall d’organiser des élections au Sénégal.»

«DEAL » ENTRE IDRISSA SECK ET MACKY SALL

«En 2019, j’avais dit qu’ils étaient en train de dealer. Je ne suis pas un dealer et je préfère m’éloigner des dealers. Entre Idy et Macky, on ne peut pas parler d’alliance. C’est un deal. Mais aujourd’hui, les Sénégalais savent qu’il n’a pas 85% de l’électorat, comme il le pense. Donc pourquoi refuser d’organiser des élections, alors qu’on a 85%de l’électorat ? Pourquoi il cherche à nommer par décret le maire de Dakar ? Et ce qui est le plus scandaleux, il a pour ambition de faire disparaître la ville de Dakar en tant que collectivité locale pour maintenir les 19 communes. Il sait qu’il n’a aucune chance, même avec la fraude, de gagner la ville de Dakar.»

ALLIANCE KHALIFA / OUSMANE SONKO

«Nous ne sommes pas des dealers. Nous sommes des politiques et nous posons nos actes. Cette rencontre entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko avait été prévue depuis. C’est moi-même qui avait sollicité cette entrevue, car je considère que Ousmane Sonko et moi, nous sommes de la même génération. Par exemple, je ne vais pas solliciter une rencontre entre Khalifa Sall et Abdoul Mbaye, car ils se connaissent déjà. Dans cette coalition, il n’y aura pas qu’Ousmane Sonko et Khalifa Sall. Mais ce n’est pas tout, car il y aura d’autres forces. Il y aura des forces de la société civile, des forces syndicales. Khalifa Sall est en train de discuter avec beaucoup de monde. Nous sommes en démocratie. Et nul n’a le droit de descendre dans la rue et d’obtenir du pouvoir ce qu’il veut par la force. Mais le pouvoir n’a pas non plus le droit, dans une démocratie, de refuser d’organiser des élections. Entre autres, il faut le respect du calendrier républicain. Tout le monde sait qu’entre deux élections, il y a une révision des listes électorales. Aujourd’hui, ils cherchent à gratter deux ou trois ans sur les élections locales. L’audit du fichier ne peut pas être une excuse pour ne pas organiser les élections. Macky Sall a la responsabilité historique de respecter le calendrier et d’organiser les élections. Au cas contraire, le peuple sénégalais doit l’obtenir par la force. Et ça, nous y travaillons.

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