Président de la République et chef de parti : « Macky Sall est le premier cumulard du pays » (Ngouda Mboup)

par pierre Dieme

Les raisons avancées par le président Macky Sall pour justifier sa position sur le cumul des fonctions de chef de l’Etat et chef de parti, ne tiennent pas la route selon l’enseignant-chercheur en Droit, Ngouda Mboup.

Invité de l’émission Objection de ce dimanche sur Sud Fm, le constitutionnaliste bas en brèches l’argumentaire de Macky Sall selon lequel ses prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont tous refusé de souscrire à cette exigence républicaine.

« Sur ce point du cumul des fonctions et des mandats, je ne peux pas être d’accord avec le président de la République. Pour la simple raison que le président Abdou Diouf avait cédé sur cette question.

Il avait lâché du lest pour accepter de ne plus être premier secrétaire du PS (congrès sans débat de 1996, NdlR).

C’est comme le président Abdoulaye Wade qui avait accepté de créer un ministère chargé des élections (avec un ministre politiquement neutre, NdlR) », souligne Ngouda Mboup qui estime que Macky ne doit pas faire moins que ses prédécesseurs.

Au-delà de cela, ce cumul pose des problèmes institutionnels. Ngouda Mboup s’explique : « le président de la République est le premier cumulard de ce pays. Il est toujours à la tête de son parti et il risque d’y avoir une confusion. Déjà nous sommes dans un système de confusion des pouvoirs depuis la suppression du poste de premier ministre ».

En effet, ajoute-t-il, « l’assemblée nationale qui a perdu ses pouvoirs essentiels, se retrouve dépouillée de ses prérogatives qui sont héritées par le président de la République qui devient un président hyper puissant qui contrôle tout ».

« Il n’y a plus de responsabilité collégiale du gouvernement. Les ministres ne sont responsables que devant le président de la République. Du coup la recevabilité pose problème parce que c’est l’assemblée nationale qui devait être la caisse de résonance de la volonté générale », déplore le constitutionnaliste.

En définitive, signale Ngouda Mboup, « le président de la République tient son parti, tient l’Etat et tient le système politique, institutionnel et étatique. Alors qu’il devait être un juge au-dessus des partis. Il ne doit pas être partisan ». Il s’agit, à l’en croire, d’une « bizarrerie constitutionnelle qui doit sauter » parce que cela « fausse l’esprit de la constitution ».

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