Loi d’amnistie : Macky Sall, à quitte ou double !

par pierre Dieme

Selon plusieurs sources, et relayé par la presse ces derniers jours, un projet de loi visant à amnistier les infractions économiques et financières, est dans le circuit. Du coup, Karim Wade et Khalifa Sall condamnés pour délinquance économique et financière, tout comme d’autres responsables politiques soupçonnés de l’être, ne pourront plus faire l’objet de poursuites judiciaires. Un jeu à quitte ou double auquel se livre de le chef de l’Etat qui semble être dans la logique de rassembler la grande famille libérale. Mais, à quel risque?

Le président Macky Sall envisage d’accorder une amnistie générale qui pourrait notamment concerner Khalifa Sall, l’ex-maire de la ville de Dakar, Karim Wade, fils de l’ancien chef de l’Etat, et d’autres responsables politiques soupçonnés de crimes financiers. L’idée fait son petit bonhomme de chemin, installant un débat au sein de la société civile sénégalaise concernant l’inopportunité d’une loi d’amnistie et la nécessité de réparer une injustice faite au candidat à la dernière présidentielle du Parti démocratique sénégalais (Pds) en exil à Doha, depuis sa grâce présidentielle, et au maitre de la coalition Taxawu Senegaal, contraint au «silence». Tous les deux n’étant pas éligibles, selon le Code électoral, car absents qu’ils sont des listes électorales. Toutefois, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le président Sall compte réunir, sous le même toit, toute la grande famille libérale. Il peaufine une stratégie à même de réunir autour de sa personne et du pouvoir tous les fils et filles originels du Pds.

Ainsi donc, il a réussi à enrôler Idrissa Seck, Oumar Sarr, Babacar Gaye, El Hadj Amadou Sall, Modou Diagne Fada, Souleymane Ndéné Ndiaye, Farba Senghor, Khafor Touré, etc. Même avec ce parterre de responsables libéraux, le chef de l’Etat n’est toujours pas parvenu à ses fins, à savoir celles de réunir la grande famille libérale. Il n’a pas encore à ses côtés les libéraux restés au Pds, considérés par certains analystes comme les «authentiques». D’autant que ceux coptés pour le moment n’étaient pas en de bons termes avec le “Pape du Sopi“ et avaient quitté le navire du Pds, il y a belle lurette.

L’AMNISTIE POUR LES RETROUVAILLES DE LA GRANDE FAMILLE LIBERALE

Reste alors la carte de l’amnistie à jouer pour espérer atteindre son objectif. En effet, l’absolution totale de Karim Wade sonnerait le glas du climat délétère qui règne entre Macky Sall et sa formation d’origine. Cela, dans la mesure où l’un des souhaits du père de Karim Wade, ancien président de la République et leader naturel du Pds, et de certains chefs religieux, reste sans conteste le retour d’exil du leader du Pds et son éligibilité. Après ce travail, le président Sall pourra se targuer d’avoir réussi un coup de maitre, dépassant ainsi son ancien mentor, Me Wade, qui a vu ses «fils» le quitter à cause de brouilles politiques.

LA MARE VA GROUILLER DE CROCODILES

Cependant, Macky Sall semble jouer à un jeu qui pourrait se retourner contre lui. Non seulement, il est en train de réunir autour de lui des personnes qui avaient transformé sa vie en enfer au sein du Pds, mais surtout des leaders aux ambitions démesurées. Le patron du parti Rewmi n’a toujours pas renoncé à ses ambitions de conquérir la magistrature suprême poussant ainsi certains analystes à considérer son entrisme dans le gouvernement comme un deal pour devenir le dauphin du président Sall, en 2024. Il en est de même pour Karim Wade, ancien ministre de «la terre et du ciel», à qui le paternel avait taillé le costume de président avant l’heure. Par ces retrouvailles, le président Sall est en train de mettre autour du même bœuf des «loups» aux dents longs, prêts à s’entredéchirer pour se retrouver sur son fauteuil.

KHALIFA SALL DE TAXAWU SENEGAAL EN EMBUSCADE

Quid de l’ex-maire de la ville de Dakar ? Cette loi d’amnistie concernerait aussi le patron de Taxawu Senegaal contraint à avancer à pas feutrés, pour ne pas réveiller «le lion qui dort». Une éligibilité de Khalifa Sall le remettrait à coup sûr dans la course pour le contrôle de la capitale. En réalité, après la mise à l’écart d’Amadou Ba, seul responsable de la mouvance présidentielle à faire l’unanimité autour de sa personne pour la conquête du département de Dakar, lors des législatives et de la présidentielle dernière, Khalifa Sall a toutes les chances de reprendre son fief, jalousement gardé de 2009 à son emprisonnement, en 2017. Le moins que l’on puisse dire, même s’il reste évident qu’il évite autant qu’il le peut les médias, Khalifa Sall et Taxawu Senegaal multiplient les rencontres et les tournées au niveau de la base. Ce qui voudrait dire qu’il faudrait compter sur lui, à l’élection présidentielle de 2024. Cela, quand on sait que ses partisans soutiennent toujours que c’est son refus de compromission pour la présidentielle de 2019 qui lui aurait conduit en prison. Le futur très proche nous réserve bien des choses.

JEAN MICHEL DIATTA

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