Le leader de l’Alliance pour la République (Apr), le Président Macky Sall multiplie, depuis quelques jours, les initiatives en matière de communication.
Après le concept ‘’Gouvernement face à la presse’’, lancé il y a juste quelques jours et dont la seconde rencontre sera tenue le jeudi 10 décembre, un autre vient de voir le jour. C’est la ‘’Task force républicaine’’ (TFR).
Lancée ce week-end, l’initiative vise justement à alerter, à veiller, à riposter, à convaincre, à subjuguer, en servant de bouclier.
Ce type de cellule existait sous Me Abdoulaye Wade. Elle était gérée par Yayah Sakho. C’est un peu quelque chose qui lui ressemble que les apéristes vont mettre en place.
C’est dire qu’en plus de la communication officielle incarnée par l’Apr et le gouvernement qui ont leurs cellules, la TFR sera plus flexible, moins protocolaire et sans doute plus offensive.
En général d’ailleurs, ces genres de cellules ne sont pas rendus publics. Elles existent exactement comme les sous-marins en présence des navires de guerre qui, eux sont visibles.
Mais, du côté des apéristes, on tient à communiquer là-dessus. C’est dire à quel point Macky tient à renforcer sa communication, à la réajuster et surtout à la peaufiner.
A quelle fin ? C’est là toute la question. Car, voilà un Président de la République que tout réussi jusqu’ici. La preuve, il gagne largement ses élections, réussi à affaiblir ses adversaires, les enrôle dans sa majorité y compris les plus populaires et organise avec succès des concertations nationales et un dialogue politique.
Alors, on peut se demander ce qui fait courir Macky ?
Pourquoi ce brusque besoin de communiquer, de convaincre ? Où est le problème ?
Les réponses à ces questions ne seront pas aisées. Car, l’homme déroule une stratégie dont il est seul connaisseur des tenants et des aboutissants. Même ses partisans semblent être dans l’ignorance de ce qui se trame.
Ce qui est sûr, c’est que quelque chose se prépare. Et quelque chose de sérieux. Car, autrement, nous ne pouvons pas comprendre ce brusque besoin de faire face de façon si énergique à ces ‘’forces politiques et sociales qui, sur des bases souvent populistes et nihilistes, font preuve de méthodes anarchistes de nature à vouloir imposer les termes d’un débat public qui vise à annihiler les efforts et la bonne trajectoire du Sénégal“.
Plus qu’une offensive, nous voilà en face d’une vraie déclaration de guerre avec l’aveu de l’échec ou en tout cas de l’insuffisance de ce qui a été fait jusqu’ici.
C’est vrai que l’Apr a sa Cellule de communication en plus de celle du Palais et que d’autres spécialistes comme Alioune Fall viennent en rescousse de temps en temps ; mais Macky ne semble pas être vraiment satisfait.
C’est pourquoi il estime qu’il y a des tâches à combler. Ce qui, à nos yeux, peut aussi inquiéter.
Car, en plus de mettre la main sur pratiquement de tout le landerneau politique à l’exception de quelques leaders qui résistent encore, le Président veut aussi convaincre le peuple et l’amener à se satisfaire de ce qu’il fait.
Dans un contexte de forte supputation sur les velléités de troisième mandat, on peut se demander si la grande offensive politique associée à celle en communication ne cacherait-elle pas, justement, une ambition secrète dont la révélation pourrait faire trembler les fondements de la République.
Sans verser dans un pessimisme béat, nous osons espérer que Macky, arrivé au pouvoir en 2012 contre toute attente, aura la grandeur d’esprit de ‘’rendre’’ ce pays aux sénégalais dans les mêmes conditions de stabilité qu’il l’avait ‘’reçu’’.
Il est important qu’il fasse de cet objectif une sorte de viatique, plus même, un sacerdoce.
Car, Macky n’a pas le droit de faire moins que Senghor, Diouf et Wade. Il a même l’obligation de faire plus étant entendu qu’il sera, dans tous les cas, un jeune président à la retraite.
Et pour réussir à éviter les grandes erreurs de l’histoire, il faudra non pas se méfier de ses adversaires, mais de ses proches.
Assane Samb