L’Alliance pour la République (Apr) a fêté ses 12 années d’existence, le mardi 1 décembre dernier, en l’absence de certains ténors comme Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé, Aminata Touré et autre Oumar Youm, fraîchement recalés au remaniement ministériel ou destituée de la présidence du Cese. A la place, des responsables politiques comme Benoit Sambou, Mor Ngom, Mbaye Ndiaye et Augustin Tine étaient à la fête. Une mise à l’écart de «poids lourds électoraux» décidée par le chef de l’Etat, Macky Sall, qui ne sera pas sans conséquences aux locales prochaines.
Le parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) a fêté, le 1 décembre dernier, l’anniversaire de ses 12 ans d’existence. Mais, le décor était tout aussi inquiétant car aucun «poids lourd» n’était visible sur les lieux. Etaient présents, le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye, le Directeur de cabinet politique du chef de l’Etat, Augustin Tine, le Président de la Commission nationale du dialogue des territoires (Cndt), Benoit Sambou, ou encore le ministre conseiller Mor Ngom, entre autres. Ce qui a attiré l’attention de plus d’un, c’est en fait l’absence de ténors du parti, comme Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Ba, Aminata Touré, Mouhamadou Makhtar Cissé, ou encore Oumar Youm, tous éjectés du gouvernement lors du dernier remaniement. Une mise à l’écart qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
Suffisant d’ailleurs pour que certains esprits se demandent si Macky Sall ne cherche pas à diversifier les possibilités de combinaison en vue de l’échéance électorale cruciale de 2024 ? Le moins que l’on puisse dire cependant, c’est que cette mise à l’écart décidée et assumée par le chef de l’Etat, non moins président de l’Apr, Macky Sall, a suscité moult interrogations sur l’avenir de sa formation politique, surtout pour l’élection locale à venir.
Des questionnements légitimes somme toute au vu du «poids politique» que représentent ces leaders politiques écartés de la gestion des affaires publiques. Aux Parcelles assainies et même au-delà, dans le département de Dakar, Amadou Ba était parvenu à faire le vide, réduisant l’opposition à sa plus simple expression. Le coordonnateur de l’Apr et de Benno Bokk Yaakaar dans la commune des Parcelles assainies et dans le département de Dakar, avait fortement affaibli le maire de la commune, Moussa Sy, et repris des mains de Khalifa Sall, le contrôle de la capitale sénégalaise. Que dire de Mouhamadou Makhtar Cissé ? Certains membres de l’Apr et de Bby à Dagana affirment avoir été sortis des cuisants échecs électoraux, depuis l’engagement politique de Mouhamadou Makhtar Cissé, dans la localité.
En effet, depuis sa venue, le maire de Dagana, Oumar Sarr avait commencé à voir ses forces politiques s’effriter. Mbour était aussi tombé entièrement sous le giron de la mouvance présidentielle grâce à l’engagement politique d’Oumar Youm. Dans le Djolof, Aly Ngouille Ndiaye avait réussi à déboulonner des dinosaures, comme Habib Sy, alors tout-puissant ministre d’Etat, Aliou Dia (Forces paysannes), ou encore feu Djibo Leyti Ka, qui prenaient la ville pour leur chasse gardée. L’ancien ministre de l’Intérieur qui a fini par dissoudre dans l’Apr son mouvement (Mouvement pour la renaissance du Djolof/Mrd), avait une force politique incontestable dans son Linguère natal. Il en est de même pour la «Dame de fer» éternelle «Directrice de campagne», Aminata Touré. Même si sa tentative à Grand Yoff, en 2014, avait été un fiasco, Mimi Touré a su redorer son blason politique à Kaolack, où elle a été parachutée par le président Macky Sall. Elle aurait été à l’origine de la sensible hausse des voix de la mouvance présidentielle, à Kaolack, lors de la présidentielle dernière.
DES COMMUNES OFFERTES AUX OPPOSANTS OU ACTUELS ALLIES
Ainsi donc, compte tenu du pesant électoral de ces ténors de l’Apr mis au frigo, certaines communes ou chefs-lieux de commune risquent de tomber sous l’escarcelle d’opposants ou d’anciens opposants devenus alliés, à la prochaine élection municipale. Pour cause, ce ne sont pas les leaders politiques présents à l’anniversaire des 12 ans de l’Apr qui pourront leur barrer la route.
Les Parcelles assainies pourrait revenir dans ce cas de figure à l’actuel maire, non moins Président de Conseil d’administration (Pca) au Port autonome de Dakar (Pad), Moussa Sy, président du mouvement Appel national pour la citoyenneté (Anc)/Wooté Deug.
A Ziguinchor, la mouvance présidentielle n’a aucune chance devant Ousmane Sonko de Pastef. A moins que ce dernier n’ait les yeux plus gros que Ziguinchor pour laisser la commune à ses poulains, qui ne représentent pas grand-chose dans la localité. Encore qu’il faille que la majorité présidentielle parvienne à s’accorder sur une seule liste à cette élection locale. Ce qui ne sera pas de tout repos pour le camp présidentiel.
A Bambey département, ce n’est pas Mor Ngom qui viendra se frotter à Aïda Mbodj. Il est plus occupé à conforter jalousement son leadership dans sa commune de Ndagalma. L’actuel ministre des Mines, Oumar Sarr, pourra reprendre du poil de la bête à Dagana, en l’absence de son ennemi politique Mouhamadou Makhtar Cissé. Au même moment, Idrissa Seck de Rewmi qui avait confié la mairie de Thiès à Talla Sylla de Jëf Jël, peut bien la reprendre de ses mains, après s’être fait une santé à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
JEAN MICHEL DIATTA