Directement concernés par le phénomène de milices privées, les hommes politiques semblent pourtant accorder peu de crédit au débat en cours remis au goût du jour par l’opération de la Gendarmerie nationale au niveau des « Centres de redressement » du marabout politicien, Serigne Modou Kara Mbacké En effet, si plusieurs voix se sont levées pour condamner la floraison des milices privées, les acteurs politiques qui disposent tous des brigades parallèles de sécurité privée s’illustrent par leur silence sur cette question.
La découverte de personnes âgées entre 17 et 42 ans, soumises à des actes de torture et souffraient de malnutrition annoncée par la gendarmerie nationale lors de son opération coup de poing au niveau des « Centres de redressement » du marabout politicien, Serigne Modou Kara Mbacké à Ouakam, à Guédiawaye, à Malika, à la Zone B, le dimanche 29 novembre remet au goût du jourle débat sur la question des milices privées au Sénégal.
En effet, si la loi 78- 40 du 6 juillet 1978 interdit formellement en son article premier aux agences de sécurité privée l’exercice de la profession de détective privé, des activités de police privée autres que celles de « surveillance, gardiennage ou escorte de biens privés » sur l’ensemble du territoire national, il semble se poser un réel problème de respect de ce texte. Pour preuve, la floraison des milices privées intervenant dans la protection de certaines personnalités publiques. Dans le milieu politique, le phénomène semble prendre plus de proportion.
En effet, difficile de trouver aujourd’hui un parti ou un mouvement qui ne dispose pas de sa sécurité rapprochée en violation flagrante des textes réglementaires encadrant le métier de la sécurité privée. Les milices politiques les plus populaires restent sans doute entre autres la fameuse brigade des Calots bleus, chargée en son temps de la protection de l’opposant Me Abdoulaye Wade et de certains responsables du Parti démocratique sénégalais, les Marrons du feu de l’actuel parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) et la Milice des Moustachidines pour ne citer que ceux-là.
Habillés très souvent comme des forces spéciales, ces gros bras recrutés dans des écuries de lutte sont très souvent pointés dans des violences électorales. Il en a été ainsi lors de la période préélectorale de 2012 avec l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré cœur en décembre 2011 qui s’était soldée par la mort de Ndiaga Diouf, membre de la milice des Calots bleus du Pds, tué par balle.
Lors de la dernière élection présidentielle de 2019, c’est la milice des Mouchtachidines chargée de la protection rapprochée du candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), El Hadj Issa Sall, qui a marqué les esprits lors des affrontements avec des partisans du parti au pouvoir à Tamba qui se sont soldés par mort d’homme. Cette implication des politiques au cœur de la promotion de cette pratique pourtant bannie par les lois républicaines semble d’ailleurs justifier leur silence sur cette question.
En effet, alors que des réactions de condamnation des milices privées fusent de partout après la publication du communiqué de presse de la gendarmerie nationale portant surle compte rendu (dimanche 29 novembre) de sa descente sur les « Centres de redressement » en question, aucune réaction politique n’a presque pas été notée.
NANDO CABRAL GOMIS