Réunion des jeunes socialistes : c’était chaud

par pierre Dieme

«Les Echos» a alerté à plusieurs reprises sur les risques de tension qui pouvaient découler de la rencontre entre Aminata Mbengue Ndiaye, secrétaire générale du Parti socialiste, et les jeunesses socialistes. Et comme nous l’annoncions, c’était tout sauf une rencontre tranquille. Les jeunesses du Parti socialiste se sont dit des vérités lors de la rencontre. 

Comme avait alerté «Les Echos», la rencontre entre les jeunesses socialistes et Aminata Mbengue Ndiaye n’a pas été des plus tendres. Amadou Sow de l’union régionale de Dakar, premier à prendre la parole, s’est montré très virulent. «Puisque nous sommes seuls, on doit se dire la vérité, camarade secrétaire générale. Se dire la vérité, c’est mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Personne ne conteste Mame Bounama Sall comme patron du Mouvement national des jeunesses socialistes. Mais nous voulons que la structure marche. Le mouvement doit tenir des réunions. Depuis 2015, le mouvement n’a pas tenu de réunion et je prends à témoin mes camarades qui sont ici». 

Amadou Sow : «le Mnjs ne marche pas. Il n’a pas tenu de réunion depuis 2015» 

A propos du différend entre Yéya et Mame Bounama Sall qui est très préjudiciable à la bonne marche du Mouvement, Amadou Sow de révéler qu’il a même été reçu par le défunt secrétaire général à cet effet. «Ousmane Tanor Dieng m’a appelé chez lui, pour me dire qu’il ne comprenait plus Bounama et Yéya, il m’a demandé de leur parler. J’ai appelé Dibcor Faye et Mame Bounama en lui disant : ‘’si tu es mon ami, aujourd’hui, tu vas m’accompagner chez Yéya, sinon, je te refuserai aussi tout service demandé’’. Ce qu’il avait accepté de faire et nous nous sommes rendus chez Yéya. Ce jour-là, tout ce qui les opposait, ils l’ont dit. Bounama avait accepté ce jour-là que c’est lui qui avait tort et qu’il allait changer. Mais…». 

Malick Ndao : «Dire ici que les choses marchent, c’est raconter notre vie» 

Pour Malick Ndao, de l’Union régionale de Kaffrine, les gens parlent trop pour ne rien dire. Selon lui, si le parti veut voir ses jeunesses réunies, seule la vérité doit guider l’action des uns et des autres. «Je n’ai peur de personne. Si Mame Bounama Sall et Yéya Diallo font juste semblant de s’unir pour reprendre de plus belle les hostilités après, je ne suis pas partant. Toutes les formations politiques du pays ont leurs problèmes. Nous sommes en politique ; pas dans un dahira. Le Mnjs doit organiser des réunions périodiques, il doit produire des rapports d’activités et des rapports d’animation pour le parti ! Si c’est seulement pour travailler, ces deux points peuvent nous servir. Dire ici que les choses marchent, c’est raconter notre vie. Depuis 2015 à maintenant, le Parti socialiste, le Mnjs, n’a pas marché et on ne peut continuer à confier son destin à une Ong qui remplit des rapports d’activités pour nous utiliser à des fins que nous ignorons». 

Aguibo Djibo : «Que Bounama change de démarche, sa façon de manager…» 

Mbaye Sène de la Coordination départementale de Pikine, va plus loin dans les attaques, pour demander à Aminata Mbengue Ndiaye de recevoir l’union départementale de Dakar, parce qu’ils ont des choses à dire et beaucoup de ces choses ne peuvent pas être dites en réunion, dans cette salle. 
Aguibo Djibo de Kolda et Vélingara, lui, pense que c’est Mame Bounama Sall qui doit changer pour permettre à la structure de jouer son rôle. «Tant qu’il n’y a pas cette union, nous ne pourrons pas faire l’animation qu’il faut dans les régions, encore moins la massification dont on parle. C’est Yéya et Bounama qui doivent être devant pour que le reste puisse suivre. Mais dans la vérité. On est bien organisé, le Ps est représenté partout. Mais s’il n’y a pas cette entente, on ne pourra jamais le faire. Que Bounama change de démarche, sa façon de manager, pour nous permettre d’aller avec lui. S’il ne change pas de démarche, les choses resteront telles quelles et vous n’allez jamais sentir votre jeunesse». 

Cheikh Seck déplore la léthargie dans la jeunesse du parti et rappelle «leur temps» 

Cheikh Seck également a pris la parole à cette rencontre. Et c’est pour abonder dans le même sens que la jeunesse, en reconnaissant à ces derniers leurs complaintes mais aussi déplorer l’absence de vitalité du mouvement. Cheikh Seck dit en effet que du temps où ils étaient à la tête des jeunesses socialistes, avec les Barthélémy Dias et d’autres jeunesses, la maison du parti était toujours animée. Les jeunes étaient tout le temps à la maison du parti. On ne pouvait pas faire les couloirs des bureaux sans les rencontrer. Maintenant, on peut passer tout une journée à la maison du parti sans voir les jeunesses socialistes. Cette situation, selon lui, ne milite pas en la faveur de la bonne marche du parti. Il faut que les jeunes reprennent la place qui est la leur dans le parti, d’autant qu’ils ont un bureau en haut qu’ils doivent occuper en permanence. Prenant la parole, Mame Bounama Sall, qui était au centre de toutes les polémiques, a invité les uns et les autres à l’union pour le triomphe du Parti socialiste. 

Yéya Diallo à Aminata Mbengue Ndiaye : ««Le Mnjs est à vos côtés, à votre écoute, à votre disposition» 

Yéya Diallo a, quant à elle, salué l’esprit qui a permis de tenir cette rencontre. Ainsi, elle a vivement remercié Aminata Mbengue Ndiaye et lui a assuré son soutien. «Le Mouvement national des jeunesses socialistes est à vos côtés, à votre écoute, à votre disposition. Mme la secrétaire générale, nous sommes aujourd’hui plus qu’hier avec vous. Nous restons et demeurons les dignes héritiers de feu Léopold Sédar Senghor. Nous sommes conscientes des enjeux politiques, mais rassurez-vous». A propos de son différend avec Mame Bounama Sall, elle dit fonder un espoir qu’au sortir de la rencontre, les choses iront mieux. Elle a aussi appelé à l’unité, à la solidarité et à la cohésion. 

Aminata Mbenque Ndiaye : «Li ñepp Wax mooy dëgg» 

Aminata Mbenque Ndiaye, prenant la parole, a pointé un doigt accusateur sur Mame Bounama Sall. «Li ñepp Wax mooy dëgg» (c’est ce que tout le monde dit qui est vrai), dit-elle. «Le mouvement doit changer de démarche. Aussi, le bureau national doit être complété. Il doit avoir un programme d’activités et produire des rapports périodiques. Le mouvement doit aussi collaborer avec Vision socialiste et le directeur de l’école du parti, Alioune Ndoye, pour des sessions de formation, comme avant, pour former les jeunes. 

Baye Modou SARRLES ECHOS

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