Le nouvel accord signé ce week-end entre la ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya et son homologue sénégalais, Aïssata Tall Sall pour le rapatriement de Sénégalais illégalement entrés en Espagne, n’est pas une démarche nouvelle entre le Sénégal et un pays de l’Union européenne. Dans le passé, des accords similaires avaient été signés avec des pays comme la France ou encore l’Espagne et l’Union européenne de manière générale. Le constat est qu’ils n’ont jamais permis de mettre un terme à la migration irrégulière. Au contraire !
«Quiconque emprunte les routes illégales devra retourner dans son pays. Les migrants clandestins de nationalité sénégalaise qui arrivent en Espagne seront renvoyés dans leur pays ». Ces mots sont de la ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya qui était en visite, ce week-end à Dakar, occasion à laquelle, elle a rencontré la nouvelle ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Aïssata Tall Sall.
En plus des mesures sécuritaires décidées lors de cette entrevue (un navire et un avion qui viennent s’ajouter au dispositif de patrouille existant depuis 2006), les deux parties se sont aussi engagées à s’investir dans d’autres domaines comme l’a signalé le Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur, Moïse Sarr, sur sa page Facebook. Il s’agit notamment de mesures liées à la protection sociale de Sénégalais régulièrement établis en Espagne. Cependant, il est à signaler qu’en dépit des nombreux accords signés entre le Sénégal et les pays de l’Union européenne (Ue) pour lutter contre l’émigration irrégulière, le problème reste entier et n’a jamais été résolu. La preuve, les nombreux départs de ces dernières semaines en dépit de l’existence de plusieurs contrôles en mer.
Pour rappel, en septembre 2006, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur français, avait fait le déplacement à Dakar pour des accords avec le Sénégal sur les clauses de l’émigration. Il s’était félicité d’un accord “historique et sans précédent”, après avoir entériné avec le ministre de l’intérieur de l’époque, Ousmane Ngom un texte de gestion concertée des flux migratoires. C’était le résultat d’un long processus avec comme socle, une controverse sur le concept de l’émigration choisie. «Ni l’Europe, ni la France ne peuvent recevoir tous ceux qui rêvent d’un Eldorado. Une ouverture générale des frontières entraînerait en peu de temps une déstabilisation des sociétés européennes et l’arrivée au pouvoir de partis xénophobes. Cela personne ne le souhaite», avait déclaré Nicolas Sarkozy. Pour Ousmane Ngom, alors ministre de l’intérieur, l’accord mettait en place des “moyens inédits plus performants et mieux adaptés aux nouvelles circonstances“.
En décembre de la même année, le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, avait signé des accords avec le président de la République Abdoulaye Wade. Ils permettaient l’émigration dans un cadre légal sous la conduite du ministère espagnol du travail et selon l’état du marché du travail en Espagne. Les deux pays se s’étaient également mis d’accord pour étendre jusqu’à juin 2007 des opérations conjointes de patrouille en mer afin de décourager de potentiels candidats à l’émigration clandestine alors que les opérations devaient s’arrêter en fin 2006. L’Espagne s’était aussi engagée à donner 13 milliards au Sénégal (20 millions d’euros) pour financer la formation et l’emploi et créer des opportunités économiques pour les jeunes. Le Sénégal et l’Ue ont à plusieurs occasions, réaffirmé leur volonté commune à travailler ensemble pour lutter contre l’émigration irrégulière. Sauf que toutes ces politiques n’ont pas pu freiner l’- hémorragie. Au contraire !
FATOU NDIAYE