Emploi des jeunes : l’Etat n’a pas encore trouvé la bonne formule

par pierre Dieme

Un casse-tête chinois, l’emploi des jeunes. Certains parleraient même, et à juste titre, d’employabilité des jeunes. Toujours est-il que le chiffre de 200 mille jeunes par an sur le maigre marché du Sénégal fait frémir. Car, aucune solution structurelle efficace n’a été jusqu’ici mise en place malgré les nombreuses initiatives et tentatives alors que l’offre réelle est estimée à environ 30 mille emplois.

La dernière trouvaille du Chef de l’Etat, c’est ce fameux Conseil  National pour l’Insertion et l’Emploi des Jeunes (CNIEJ) qui sera fonctionnel dans peu de jours, c’est-à-dire en décembre.

En 2017, le taux de chômage était estimé à 15,4%  surtout chez les femmes qui ont moins de chance à ce propos. Aujourd’hui, avec la Covid-19, on peut penser que ces chiffres sont largement en deçà de la réalité.

Le constat, aujourd’hui, c’est qu’il existe une multitude de structures qui s’occupent directement ou indirectement de l’emploi des jeunes : Der, Fongip, Anpej, Prodac, Adpme, etc.

Et la liste est loin d’être exhaustive. Or, selon toute vraisemblance, le caractère disparate de ses structures n’est pas pour faciliter les choses. Logées dans différents ministères et en l’absence d’un coordonnateur de l’action gouvernementale, chacun travaille dans son petit coin avec des résultats très mitigés.

C’est pourquoi, la recrudescence actuelle de l’immigration clandestine et les chiffres alarmants du chômage publiés par l’Oit qui classe le Sénégal parmi les trois pays au monde où sévit le plus le phénomène, a poussé les autorités à réagir par la mise en place de ce conseil dont le rôle sera justement consultatif.

Mais, notre crainte justement est que, comme l’a souligné Seydi Gassama de Amnesty International, qu’il s’agisse d’une structure de plus avec le résultat contraire, c’est-à-dire l’alourdissement des dépenses de l’Etat.

Car, au-delà même de son souci de faire des résultats à ce propos, en respectant ses promesses de campagne de créer 500 mille emplois, Macky se préoccupe aussi de caser sa clientèle politique élargie depuis quelques temps par l’entrée d’une bonne partie de l’opposition.

Or, le problème des jeunes, relève de l’urgence. Il nous faut des solutions immédiates ce qui est loin d’être facile dans un contexte pareil de morosité économique au plan interne et international.

Car, il faudra des solutions structurelles à long terme en agissant sur des leviers différents comme l’enseignement, l’inadaptation de la formation par rapport aux besoins, la dualité de l’éducation au Sénégal avec l’enseignement arabe et coranique suivis par des milliers de gens, le faible niveau d’industrialisation, la faiblesse du marché national, la part belle faite aux entreprises étrangères, le faible taux de bancarisation et la faiblesse de l’épargne des ménages, l’inaccessibilité au crédit, etc.

Si la réflexion est bien amorcée, il faudra du temps pour mettre tout cela sur orbite.

Mais, on peut y travailler d’ores déjà et trouver, parallèlement, des solutions intermédiaires pour éviter justement que les jeunes ne continuent à se suicider en emprunter des pirogues de fortunes pour aller en Europe.

L’essentiel est d’agir vite et bien et d’éviter toute politisation d’une situation qui nous préoccupe tous parce que concernant la jeunesse, c’est-à-dire l’avenir du pays.

Malheureusement, nous sommes dans un pays où le virus le plus dangereux qui soit est la politique. Même face à des tragédies, on ne peut pas s’empêcher de penser à faire de la politique, ce qui, d’emblée, nous disqualifie souvent dans notre propre capacité à y faire face.

Le réflexe de survie (politique) et de conservation des grands met souvent les petits dans des situations intenables parce que l’espoir est peu permis.

Alors, si au moins, pour une fois, on se mettait au travail…

Assane Samb

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