Le chemin qui mène à la présidentielle de 2024 est loin mais ne semble pas l’être pour l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall. Et pour cause, l’ex-responsable du Parti socialiste (Ps) se bat pour franchir deux paliers, régler la question de son éligibilité et revenir avec succès au-devant de l’actualité politique après son incarcération, en mars 2017, dans le cadre de l’affaire de la Caisse d’avance de Dakar. Pour le premier obstacle, la justice tranchera. Mais, pour le second, le défi est immense et sa prise en charge dépend sans doute du destin que l’intéressé s’est lui-même tracé. Khalifa Sall peut-il le relever ? « Khalifa Sall est en train de rattraper le temps perdu. Il est arrivé à un moment où ses soucis judiciaires sont derrière lui. Il veut rebondir et revenir dans le jeu politique pour revivifier les ambitions présidentielles qu’il revendiquait. C’est un challenge pour lui », analyse Momar Dieng, journaliste et ancien chroniqueur au journal le Quotidien.
Le directeur du site impact.sn ajoute : « Nous sommes en période de recomposition et de décomposition. Macky Sall est déterminé à faire le ménage dans le camp de l’opposition en enrôlant des membres ». Le journaliste pense que l’avenir dira si l’ancien maire de Dakar relèvera le défi. L’ancien socialiste fera prévaloir son expérience politique. En effet, depuis la prison de Rebeuss, où il a été incarcéré, il avait tenté de conquérir le titre de faiseur de roi lors de la présidentielle de 2019. Le 8 février 2019, il a appelé à voter Idrissa Seck de la coalition « Idy 2019 ». Mais, ce soutien n’avait pas permis à l’ex maire de Thiès d’être le cinquième Président du Sénégal. Dakar, principal fief de l’ancien maire, a voté pour le Président sortant, Macky Sall.
Va-t-il enfin arborer le titre de faiseur de roi en cas d’inéligibilité ? Après avoir bénéficié d’une grâce présidentielle en septembre 2019, Khalifa Sall a annoncé, en août 2020, la reprise de ses activités politiques. Depuis lors, il multiplie les déplacements à Dakar et à l’intérieur du pays. À Dakar, il ne sera pas en terrain inconnu. À l’intérieur du pays, l’ancien socialiste n’est pas crédité d’un ancrage. Depuis la prison, il avait conduit la liste de « Manko Taxawu Sénégal » lors des élections locales du 30 juillet 2017. Sa coalition était arrivée troisième derrière Benno Bokk Yaakaar (Bby) et « Manko Wattu Sénégal » composée du Parti démocratique sénégalais (Pds) et ses alliés. Avec ses 388 188 voix, Khalifa Sall et ses alliés d’alors empochent sept députés.
Cependant, entre les législatives de 2017 et aujourd’hui, la scène politique a connu beaucoup de rebondissements. « Rewmi », une des grandes composantes de « Manko Taxawu Sénégal », a rejoint le camp présidentiel. Le Grand parti de Malick Gackou n’a pas encore suivi les traces de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, mais semble prendre ses distances avec l’ancien ministre chargé des Relations avec les Institutions sous le régime socialiste. Du moins si on se fie à l’absence du Gp lors de ses déplacements. Mais, Khalifa Sall sait qu’il a un immense défi à relever. « Les cartes ont été redistribuées. De nouveaux acteurs sont arrivés sur le terrain politique. Il sera question de faire des alliances pour prendre sa revanche », souligne Momar Dieng.