Alerte rouge ! Les vaccins de routine dont les enfants ont besoin dès la naissance pour être immunisés contre les maladies infectieuses virales dont la diphtérie, la coqueluche et le tétanos, la rougeole, etc sont en menace de rupture de stocks.
Le Sénégal se dirige vers une rupture de stocks des vaccins de routine. Conséquence, les nouveaux nés risquent de rater la vaccination contre la rougeole et les autres maladies infectieuses virales. En effet, le Programme élargi de vaccination (PEV) est confronté à un défi de financement dont la ligne budgétaire est de 3 milliards 117 millions FCFA par an pour l’achat des vaccins.
« Aujourd’hui, la ligne budgétaire n’a pas été approvisionnée pour la campagne 2020 et on risque d’aller vers une rupture de vaccins en début 2021é, a alerté le coordonnateur du PEV, le docteur Ousmane Badiane.
« Depuis 2010, le Sénégal n’a pas connu de rupture significative de vaccins. Les seules ruptures connues de vaccins en 2016 pour le BCG et 2017 pour la fièvre jaune étaient dues à des délais de livraison liés à des problèmes de disponibilité au niveau mondial », a-t-il révélé. Il s’exprimait à l’occasion lors d’un atelier d’orientation destiné à des journalistes organisé par l’Association des journalistes en Santé Population et Développement (AJSPD).
Pour l’achat de vaccins traditionnels, « il n’y a pas eu de problèmes de mobilisation de ce financement jusqu’en 2018, mais le décaissement n’a pas été effectué en 2019 et actuellement des commandes sont en suspens ». Le partenaire, l’ONG GAVI finance à hauteur de 80 %.
Les enfants sont ainsi en sursis, car le stock couvrant jusqu’à la fin du trimestre 2020, au-delà de cette période, le Sénégal risque de plonger dans une pénurie qui pourrait être chèrement payée par les enfants.
Docteur Badiane a insisté sur la nécessité d’œuvrer au renforcement des ressources pour la vaccination et d’éviter que les recherches de fonds soit assujettis à des bonnes volontés ou à l’organisation de téléthon. Pour lui, il s’agit de dépenses de souveraineté.
Un taux de couverture vaccinal qui frise les 100%
Par ailleurs, il a salué le t aux de couverture vaccinal du PEV. Celui-ci a affiché dans l’ensemble de bonnes couvertures vaccinales en 2017, avec 75% des enfants de 12-23 mois qui ont reçu au moment de l’enquête de l’EDS continue, tous les vaccins de base.
Le pourcentage d’enfants n’ayant reçu aucun des vaccins du PEV est de 3 %, alors qu’à ce jour existe une gamme d’antigènes qui protège les enfants contre13 maladies.
En effet, la quasi-totalité des enfants de 12-23 mois ont reçu le BCG (95%). Les taux de vaccination pour pentavalent sont très élevés passant de 97% pour la première dose à 95% pour la deuxième dose et à 92% pour la troisième, a-t-il fait valoir.
Il a relevé que près de 9 enfants de 12-23 mois sur dix (88%) ont reçu le vaccin contre la rougeole et la rubéole.
Cependant, selon les données du PEV, il y a une baisse des performances en 2018, liée au mouvement social et aux fausses informations sur les vaccins particulièrement celui contre le cancer du col de l’utérus (HPV) destiné aux enfants aux jeunes filles de 12 ans.
Par contre, le bilan du premier semestre 2019 montre une reprise et une réelle progression des couvertures avec le BCG à 97%, le Penta 3 à plus de 100%. Il s’est réjoui du fait que la vaccination a contribué aujourd’hui à l’éradication de la poliomyélite, au maintien de l’élimination du tétanos néonatal et à l’élimination de la rougeole et du syndrome de rubéole congénitale.
La poliomyélite est éradiquée au Sénégal qui demeure le premier pays francophone d’Afrique de l’Ouest certifié libre de cette maladie en 2004, en plus d’une diminution significative des cas de rougeole depuis 2003. Depuis 2005, il n’y a eu aucun décès lié à la rougeole alors que la maladie faisait annuellement près de 5000 décès et 20.000 cas avant l’introduction du PEV.