Le bras de fer entre l’ancienne Présidente et le nouveau du Conseil économique, social et environnemental (Cese) rythme, aujourd’hui, le train-train de cette institution.
Entre Aminata Touré et Idrissa Seck, rien ne va plus. Ou plus précisément, c’est le prolongement de la guéguerre malgré le fait que le second a rejoint la majorité à laquelle appartient, encore, la première.
Un bras de fer qui fait des victimes notamment parmi le personnel technique, administratif et financier de l’institution. Les derniers à en faire les frais sont le Directeur des ressources humaines (DRH) et le Directeur administratif et financier (Daf). Et ceci après que pas moins de 16 éléments du Cese aient été remerciés, ad nutum (sur un coup de tête).
Manifestement, le nouveau Président use ainsi de ses prérogatives pour ‘’faire le ménage’’, c’est-à-dire éliminer ceux qui peuvent être considérés comme des pions de l’ancienne présidente pour qu’un jour, ils ne deviennent ses espions.
Une situation regrettable à quelques heures de l’installation du nouveau Président qui sera faite ce jeudi. Les conseillers dans leur ensemble n’en seront que désolés, étant entendu que cela ne milite pas en faveur d’un climat de sérénité propice au travail.
C’est pourquoi, cette question devient un impératif : le bras de fer Mimi/Idy était-t-il inévitable ?
La réponse ne coule pas de source. Si nous analysons la nature de leurs ‘’relations’’, nous répondrons non ! Car, à chaque fois qu’Idy, dans l’opposition, a voulu s’en prendre au régime de Macky, il avait trouvé Mimi sur son chemin. Cette dernière avait joué un rôle de voltigeur de la majorité et même de Macky contre les diatribes d’un opposant expérimenté.
Si ce dernier vient ainsi le remplacer à son poste, le caractère insolite de la situation et le fait que Mimi semble être vraiment frustrée, ne milite pas en faveur d’une passation de service paisible.
Pis, le fait qu’Aminata Touré n’a, par la suite bénéficié d’aucun poste connu et qu’elle semble même avoir été snobée par son propre mentor, peut également expliquer la méfiance d’Idy à son égard et à l’égard de ses anciens collaborateurs. Même si, par ailleurs, l’ancien Présidente ne semble n’avoir posé aucun acte qui milite en faveur d’un tel état de fait.
Mais, la méfiance réciproque de l’un envers l’autre et l’ignorance de la nature réelle des négociations entre Macky et Idy font que, justement, le Cese est devenu le nouveau théâtre des contradictions politiques engendrées par l’entrée du patron de Rewmi dans la majorité.
Et comme on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, le choix du Président de la République est aujourd’hui beaucoup plus tourné vers ses anciens frères de partis que ses compagnons de toujours.
En fin stratège, Macky a toujours su compter sur certains anciens frères du Pds pour assoir les bases d’une grande mobilisation autour de sa personne sans trop s’embarrasser de formalités.
Macky 2012, l’Apr, Benno bokk yakaar, etc. n’ont été que des outils ayant servi à cette lutte.
Aujourd’hui, il regarde du côté de Rewmi, du Pds, du Grand Parti, de l’Uncs, etc. Et il est en train de réussir son pari. Et dans cette dynamique, les fortes personnalités qui gravitent autour de lui comme Mimi Touré pourraient constituer des obstacles à ses desseins.
C’est pour cela que la dame a été sacrifiée. Et avec elle beaucoup d’autres dont certains ne quitteront certainement pas Macky, malgré leur disgrâce.
Néanmoins, il est toujours bon et même souhaitable de savoir dissocier la politique politicienne et le fonctionnement des institutions de la République.
Un minimum d’élégance républicaine aurait recommandé que les Conseillers et le personnel technique d’appoint du Cese ne soient pas directement mêlés à ces querelles de politiciens.
Il fallait se faire violence et maintenir les apparences afin que Mimi parte dans les règles de l’art et le remplacement du personnel ne soit pas aussi brutal et instantané.
Malheureusement, sous prétexte de travailler pour lui, on a cru devoir sacrifier des proches et même des hommes et des femmes qui ont eu la malchance d’avoir été choisis par une femme entrée subitement en disgrâce. Peut-être qu’ils vont prendre les pirogues…
Assane Samb