Wade, Diouf…annoncés morts : L’informatique va-t-elle tuer les médias ?

par pierre Dieme

Après le télégraphe avec les agences de presse, l’informatique a révolutionné le monde des médias d’une façon spectaculaire et inattendue.

Aujourd’hui, la presse connait une mutation profonde grâce aux nouvelles technologies.

Bien sûr, le travail du journaliste en devient subitement facilité. Il y a en effet moins de ratage. Car, tout le monde est au courant dès que la nouvelle tombe. Et les agences de presse ont perdu, depuis alors, le monopole des informations rapides appelées ‘’dépêches’’.

Aujourd’hui, n’importe quel journaliste peut ‘’faire semblant’’ d’avoir été à une conférence de presse. Avec le direct, on peut y assister à partir de son bureau même s’il est toujours utile d’être sur place, ce qui, dans la presse allemande, on appelle, ‘’le chien de Madame Calderon’’.

Toujours est-il que l’informatique avec internet, a ainsi crée une forme de bureaucratisation du travail journalistique, une paresse est née avec bien sûr, le réalisme qui fait dire à certains que cela ne sert à rien de se déplacer, d’engager des frais pour des informations que l’on peut avoir à partir de son bureau.

Malheureusement, au lieu d’avoir des journalistes, on a, parfois et le plus souvent maintenant, des webmasters car spécialisés dans la reprise d’informations avec un maquillage interne et quelques modifications pour entretenir un semblant d’originalité.

Ainsi, le plagiat, pourtant juridiquement assimilable à la diffamation, est devenue une gymnastique intellectuelle en vogue dans de nombreuses rédactions. Car, grâce à internet, tout le monde peut se targuer d’avoir ‘’couvert’’ l’information. Ce qui est archi faux.

Ce qui est arrivé à Rfi qui a déclaré involontairement la mort de personnalités comme Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, arrive plus souvent qu’on ne le pense. Mais, sans doute pas de la même manière.

Car, ici, chez nous, on ‘’tue’’ souvent des personnalités alors qu’elles sont vivantes. Il suffit en effet, avec le scénario que nous avions décrit supra qu’un de nos confrères se trompe pour que tout le monde suive.

Tout récemment par exemple, on a déclaré la mort du Khalife de Léona Niassène qui a maintenant tiré sa révérence. Il en était de même de l’Imam Moustapha Guèye, de Mbaye Jacques Diop avant qu’il ne quitte ce monde, etc. Les exemples sont légion.

A Rfi, si l’on se fie  aux excuses avancées, c’est la machine qui a été défaillante encore que cela soit loin d’être un prétexte valable. Mais, ici, chez nous, c’est souvent l’homme parce qu’il use et abuse de la machine, de ce qu’il peut voir dans la machine.

En clair, les journalistes sont en train de perdre de plus en plus ce que l’on appelle ‘’la critique interne’’, c’est-à-dire cet esprit critique qui consiste à remettre en cause, d’emblée, toute information obtenue aussi bien sur la forme que dans le fond.

On ne peut pas avoir une confiance aveugle ni à un site d’information, ni à une radio, ni à une télévision, encore moins à une agence de presse malgré le sérieux qu’on leur connait.

Il est important de vérifier la source et d’autres éléments de ce genre, de recouper soi-même l’information sinon, elle est, à priori, ‘’suspecte’’.

Imaginons un instant si un organe de presse très respecté de chez nous venait à reprendre sans vérifier l’information sur la mort de ses deux anciens Présidents du Sénégal et sur la première femme Président d’Afrique, Sirfil. Les dégâts seraient énormes.

Le même esprit critique doit guider aussi les lecteurs, les téléspectateurs, les auditeurs et les internautes. Non pas que les journalistes ne sont pas crédibles. Mais, parce que ce sont des humains qui ne sont pas infaillibles et travaillent parfois dans des conditions ‘’suspectes’’, du moins pour certains. Car, comment imaginer un site d’information tenu par un seul individu ? Comment quelqu’un peut-il sérieusement se targuer d’avoir fait trois à quatre papiers par jour ou plus ?

Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Un organe de presse fonctionne avec une rédaction dont certains éléments sont opérationnels sur le terrain. On les appelle des ‘’reporters’’.

Si vous êtes seul à faire votre organe de presse, c’est que vous trichez.

Donc, toute information doit subir le minimum de ‘’critique interne’’ qui, en clair, signifie seulement l’esprit critique, la capacité à déceler les contradictions et les non-sens.

Aujourd’hui, avec internet, le journalisme a amorcé une mutation qui est loin d’être achevée. Mais, le journaliste ne doit pas être réduit à un simple webmaster. Son travail est tout autre.

Assane Samb

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