La mission d’information de l’Assemblée nationale sur la gestion des inondations depuis 2012 a livré ses conclusions. Le rapport des activités qui sera présenté au Président de la République et dont Sud Quotidien a reçu copie hier, lundi 16 novembre, révèle entre autres qu’un milliard huit cent millions ont été prévus pour lutter contre les inondations. La somme est déterminée par la Matrice d’actions prioritaires (Map). Il en est ressorti aussi que la région de Dakar s’est taillée la part du lion en s’adjugeant le plus gros financement du plan d’organisation de la réponse à la sécurité civile (Orsec).
Les députés de la mission d’information sur les inondations ont parcouru les directions pour recevoir des informations sur la gestion des inondations. Les réponses obtenues sont consignées dans rapport de 332 pages dont Sud Quotidien a obtenu une copie.
Ainsi, il ressort de la rencontre des parlementaires avec les responsables de la direction et de la prévention des inondations qu’en ce qui concerne l’exercice 2020, de la Matrice d’actions prioritaires (Map) le montant prévu se chiffre à 1 milliard 800 millions FCFA. A signaler que le Map est un outil important de gestion des contingences et des urgences liées aux inondations durant l’hivernage, a été présentée aux 26 membres de la délégation. Elle est gérée par la Direction de prévention et de gestion des inondations. Elle est dotée d’un montant annuel qui varie entre 1 et 2 milliards, la MAP est élaborée chaque mois de juin, après les prévisions saisonnières.
Les députés sont aussi arrivés à la conclusion que depuis 2012, 20.638.000.000 FCFA ont été dépensés dans le cadre du Map. Selon le rapport des députés, en termes de perspectives, l’Etat du Sénégal va mettre en œuvre le Projet de Gestion Intégrée des Inondations au Sénégal (PGIIS) sur une durée de 5 ans (2019-2023) qui sera placé sous la responsabilité du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement qui assure la coordination. Il a pour objectifs d’accompagner le Gouvernement du Sénégal dans la mise en place d’une politique nationale de gestion intégrée des inondations urbaines dans une perspective de réduction du risque de catastrophe et de résilience urbaine. Les parlementaires se sont aussi rendus au ministère de l’hydraulique et l’assainissement.
La réponse de Serigne Mbaye Thiam sur l’interrogation des députés sur le montant dépensé dans le cadre du plan décennal de lutte contre les inondations est qu’à travers l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), 77.451.000.000 FCFA ont été dépensés. Le montant est réparti comme suit : la phase d’urgence 2012-2013 : 37 200 000 000 FCFA ; la phase court terme : 2014-2016 : 7 600 000 000 FCFA. En ce qui concerne la phase (moyen et long terme) 2017 jusqu’en 2020, l’estimation est de 32 600 000 000 FCFA
FINANCEMENT DU PLAN ORSEC : Avec 762 millions, Dakar se taille la part du lion
Dakar a reçu 762 000 000F CFA dans le cadre du plan Orsec 2020. Elle est suivie de la région de Diourbel 455 000 000F CFA puis vient celle de Louga avec une dotation 175 000 000FCFA. Thiès a reçu 359 000 000FCFA. La région de Fatick a une enveloppe de Fatick 485 000 000FCFA. Matam quant à elle, a eu 200 000 000F CFA. Pour la région de Saint-Louis 300 000 000FCFA ont été mobilisés. Kaffrine un financement de 105 000 000FCFA. Ziguinchor pour sa part a 347 000 000 FCFA. La réponse de l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye aux députés est que ces fonds sont destinés aux autorités déconcentrées pour la gestion des inondations, c’est la partie territoriale. Pour le reste, une partie importante est allouée à la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers. Pour cette année 2020, a dit le ministre, les Sapeurs-pompiers devaient recevoir préalablement au lancement du plan Orsec un montant de 157 800 000FCFA pour l’achat de motopompes, des pompes, des électropompes et des tuyaux.
Pour la direction de la protection civile, elle devait acquérir des sacs à terre et des remblais nécessaires en cas d’inondations. Un budget de 10 milliards a été dégagé et réparti entre le ministère de l’Eau et de l’Assainissement, celui des Forces armées, celui de la Santé et de l’action sociale et celui de l’Intérieur. Dans le cadre de la gestion de ce fonds, une innovation importante a été apportée avec une territorialisation des dépenses destinées du plan Orsec. En effet, il s’agit pour les autorités déconcentrées et décentralisées d’apprécier et de décider des dépenses pour amoindrir le péril. C’est ainsi que sur les 10 milliards dégagés, les 3 745 456 000FCFA ont été alloués aux autorités territoriales sur l’enveloppe globale. Pour ce qui est de l’acquisition des pompes et autres grands matériels, elle est dévolue à la Brigade nationale de Sapeurs-pompiers. Le reste qui s’élève à 6.300.000.000FCFA est alloué aux autorités centrales.
Toujours dans le rapport, Aly Ngouille Ndiaye a dit aux parlementaires que s’agissant des plans Orsec depuis 2012, trois plans ont été déclenchés dont un en 2012 (environ 5 milliards), un autre en 2019 (le plan ne concernait que la région de Dakar avec un budget de 508.000.000FCFA) et un plan en 2020 qui s’élève à 10 milliards. La plupart des mesures prises concernent l’évacuation des eaux par pompage ou hydrocureur et la difficulté que les pompiers rencontrent souvent, c’est la distance entre les zones inondées et les exutoires. Pour le matériel, le ministre précisera qu’il est soit loué, soit acheté, il s’agit des tentes, des motopompes, des produits phytosanitaires, des toilettes mobiles, etc…
767 MILLIARDS COÛT DU PLAN DÉCENNAL DE LUTTE CONTRE LES INONDATIONS : La mobilisation du financement «retardée» par Kms 3
Lors d’une visite au Bureau d’information gouvernemental (Big), il est indiqué aux députés que le montant officiel de financement du PDLI tourne autour de 767 milliards de FCFA. Cette enveloppe a été retenue lors de la table ronde des bailleurs de fonds pour le financement de la phase d’urgence du PDLI, du Plan d’action de gestion intégrée des ressources en eau et du Programme d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, organisée en septembre 2012 avec les partenaires techniques et financiers. Par ailleurs, la période 2015-2017 a été marquée par une difficulté de mobilisation de ressources, destinées au financement du programme.
De l’avis du Directeur général, cette situation pourrait être due à la priorité qui a été accordée par le Gouvernement au financement du projet KMS 3, en vue de résoudre les problématiques liées à l’alimentation en eau de Dakar. Selon le directeur général du Big, les raisons qui ont concouru à entretenir la confusion sur le montant officiel sont multiples. En effet, dit-il, «elles pourraient subvenir de l’évaluation qui a été faite par l’ONAS au mois de juillet 2019 portant sur ses différentes interventions. Une telle évaluation chiffrée pourrait être de nature à induire les profanes, sur le montant global et le taux d’exécution du programme», lit-on dans le rapport.
Mieux, dans le document qui nous est parvenu, il estime que la pluralité des acteurs intervenant dans le cadre de la mise en œuvre du programme (ONAS, ADM, FERA, les communes, AGEROUTE, GNSP, APIX, les privés, DESCOS…) peut être considérée comme un facteur susceptible de favoriser la confusion. En effet, il est apparu, à l’analyse, que ces acteurs n’ont pas pu communiquer sur le niveau d’exécution globale du programme, mais ont axé leurs efforts sur les composantes qui leur sont dévolues. Alors qu’un travail de coordination aurait pu permettre de faire une évaluation exhaustive de la mise en œuvre de l’ensemble des composantes du programme.
PAR FATOU NDIAYE