Emmanuel Macron, enlève ton genou de nos cous ! Par Adama Gaye*

par pierre Dieme

Emmanuel Macron, tu deviens notre pire ennemi. Tu l’es par ton paternalisme et tes accointances injustifiables, inqualifiables, avec ceux qui, laquais serviles à ton service et servant de relais à tes politiques d’exploitation néocoloniale dans nos pays, ont transformé nos vies en enfer terrestre.

Dans un contexte d’extrême précarité des sociétés et Etats francophones, où les droits de l’homme, la démocratie, la bonne gouvernance sont piétinés comme jamais auparavant, pendant que par milliers leurs jeunes s’en vont finir leurs jours au fond de l’Océan Atlantique ou sur les routes meurtrières du Maghreb, en quête d’un horizon plus clément, tout ce que tu trouves à nous offrir encore, c’est ce spectacle indécent hier où les brigands politiques ont pu se pavaner à tes côtés pour pérorer. Le faire, de surcroît, autour d’un thème, la paix, dont ils violent au quotidien le sens et la substance.

«Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions», dit-on à bon droit, et tu en as administré une preuve incontestable en imaginant pouvoir nous être utiles avec ce que tu as dénommé ton «Forum de la Paix» en y invitant les images de ces personnes et institutions dont la seule évocation suffit à faire dégueuler les africains ces temps-ci.

Ce faisant, en t’asseyant, notamment avec un Macky Sall, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation des nations-unies, tu ne réalises pas que tu nous dis, dans un langage subliminal, que, Covid ou pas, tout bouge pour rester identique.

Alors que l’ordre libéral post-deuxième guerre mondiale qui, sous le leadership des Etats-Unis d’Amérique (USA), a conditionné l’évolution des relations inter-Etats, n’a jamais été aussi contesté, justifiant la recherche d’une nouvelle orientation, avec davantage de voix pour les peuples et pays longtemps déshérités, tout ce que tu trouves à faire c’est d’offrir par ce plateau conceptuel un bol d’oxygène aux forces du statut quo, aux principaux obstacles des changements que le monde se doit de produire pour donner une chance aux damnés de la terre.

En réalité, malgré tes airs doucereux, tu incarnes la plus détestable tradition de la politique africaine de ton pays. Tu es un Foccart en gants de velours, dans une langue mielleuse, qui valide tous les coups fourrés contre nos pays en plus de conforter les plus condamnables actes et acteurs en leur sein. Tu es presque le parrain des criminels qui nous gouvernent.

Tous les francophones Ouest-africains ont, à cet égard, noté comment tu as tourné la tête ailleurs quand du Sénégal, l’an dernier, à la Guinée-Conakry, à la Côte d’Ivoire, récemment, et ailleurs, depuis ton arrivée à la tête de la France, les règles démocratiques et constitutionnelles étaient violentées. Pas un mot de condamnation, pas une mise en garde, pas un acte pour accompagner ta parole que l’on croyait, au départ, porteuse d’un réalignement de la relation franco-africaine.

Que dire de ton silence face au mépris envers les droits de l’homme que certains de tes interlocuteurs du forum d’hier pratiquent à ciel ouvert, en arrêtant, détenant, torturant leurs adversaires politiques et intellectuels? Nada.

Tu fais honte. Ne comptons donc pas sur un revirement de ta part relativement à ton alignement de soutien aux manœuvres de corruption et de captation, par les entreprises françaises, comme Alsthom et son fameux TER au Sénégal. Tu les couves.

Il faut être toi, Emmanuel Macron, pour laisser Macky Sall déblatérer sur des sujets certes grandiloquents, comme l’inclusion, les droits de l’homme, l’équité sociale, la lutte contre l’émigration des jeunes, et l’écouter sans ciller pendant qu’il ment audacieusement sous ton sourire bizarre qui a pu donner à penser que tu avais un…béguin pour lui.

Ne nous dis pas que tes services de renseignements de la DGSE ne t’ont pas informé. Ils savent ce qui se passe. Tu sais bien que, rien que le mois dernier, cinq cents jeunes sénégalais, parce que privés de leur gagne-pain, les produits de la pêche bradés par ton hôte à des prédateurs Européens et Asiatiques, se sont ajoutés à une longue liste, macabre, de victimes de l’émigration. En l’absence d’un État qui s’en fiche des morts qui flottent sur les côtes nationales, conséquence de son échec, c’est le peuple sénégalais qui a décidé d’honorer par un deuil, ce jour, la mémoire des victimes de l’émigration.

Sais-tu par ailleurs que la loi du Talion, faute d’une politique de protection des citoyens, a transformé notre pays en «no-man ’s-land ?», une vraie jungle, où des jeunes désœuvrés, ne parvenant pas à joindre les deux bouts, recourent à la criminalité violente, s’ils ne tentent, à bord de scooters, de chiper les affaires de leurs cibles. Deux parmi eux ont été lynchés à mort il y a trois jours sans un mot du gouvernement illégitime du Sénégal. La violence, criminelle ou sociétale, est légitimée. L’Etat est aux abonnés absents.
Les populations paupérisées ont les nerfs à fleur de peau. La recette est complète pour le déferlement de violences dont on ne sait pas jusqu’où il ira…

Monsieur Macron, tes pétitions de principes, ce que les anglophones appellent le lip-service, les gesticulations verbales, n’impressionnent personne ici sous nos tropiques. A l’œuvre, tu poses les actes qui ont achevé de te dépeindre en adversaire à combattre, ici et maintenant.

Déjà, dans un continent où vivent des centaines de millions de musulmans, ta récente insulte de notre prophète, Mahomet (PSL), et tes fréquentations exorbitantes de mauvais gouvernants africains te placent dans ce rôle peu enviable.

On a même vu, voici plus d’un an, que tu avais fait un voyage à Abidjan pour tenter de détourner le projet de coopération monétaire Ouest africaine, sous l’égide de la Communauté économique ouest africaine (CEDEAO) que, bon an, mal an, nous essayons de déployer, jusqu’à lui trouver un symbole, sa dénomination monétaire, l’ECO. L’image que je poste ce matin de mes années CEDEAO, au début des années 1990, est un rappel : c’est alors que furent lancées les négociations pour réaliser ce pan de l’intégration régionale Ouest africaine.

Monsieur Macron, tu as beau affirmer que tu souhaites voir et entendre d’autres faces et voix dans la coopération que tu veux tisser avec l’Afrique, ce n’est que du pipeau, du vent, du verbiage. Le Forum de la paix a prouvé au-delà de tout doute que tu œuvres pour la crétinisation de notre continent.

Tes principaux interlocuteurs, en dehors de deux chefs d’Etat africains ayant conduit leurs pays en faillite, le Sud-africain Ramaphosa et le Sénégalais illégitime Sall, furent, sans surprise, d’habituels coupables. Notamment un Antonio Guterres de l’ONU, qui nous prédisait l’apocalypse, un FMI, une Kristalina Georgieva; Directrice générale du FMI, qui veut faire un virage social par le verbe tout en maintenant les conditionnalités économiques par lesquelles son institution tient nos pays dans un esclavage, ou encore les responsables de l’Union européenne, chantres vocaux d’un rideau de fer contre l’immigration africaine sans oser exiger les comptes de la part de leurs partenaires officiels qui ont détourné l’aide des contribuables du Vieux continent.

Emmanuel Macron, saches-le : l’Afrique dynamique, qui veut un autre sort, plus digne, intelligente et intellectuelle, engagée, et souhaite peser sur le monde post-covid en gestation, a toutes les raisons de se méfier de tes louches initiatives.

Ses membres ne sont pas loin de penser que tu pourrais être in fine le porteur d’un projet destructeur de valeurs pour nos sociétés, tes liens avec la franc-maçonnerie et les milieux homosexuels ont fini de te rendre encore plus suspect.

Change de disque ou de méthode, nous ne sommes pas couchés, Manu, et commence par enlever ton genou hypocrite que tu nous mets sous les cous.

De l’air, please, malgré ta jeunesse, tu incarnes le passéïsme d’une politique de coopération paternaliste et colonialiste -ennemie de l’Afrique.

Nous ne sommes pas dupes !

Adama Gaye*, auteur de Otage d’un Etat, illégalement arrêté par l’Etat voyou du Sénégal en 2019, vit en exil au Caire. Il est un opposant au régime illégitime de Macky Sall.

P: Photo souvenir des années CEDEAO avec Dr. Abass Bundu, alors Sécrétaire Exécutif de l’Organisation, Kadré Ouédraogo, ex-PM du Faso, candidat à la présidentielle, et Gilles Baillet, ex-Ministre des Finances du Niger.

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