Depuis maintenant un an, le monde se bat contre le coronavirus. Un ennemi qui n’a pas dit son dernier mot. À ce jour, 50 550 062 cas ont été recensés sur toute la planète pour 1 258 321 de décès.
Cependant, certains continents sont plus touchés que d’autres. L’Europe et l’Amérique sont submergées au moment où le continent africain est touché à un moindre degré. Mais depuis juillet, le vieux continent a fermé ses portes à la quasi-totalité des pays africains sous prétexte qu’ils n’auraient pas bien géré la pandémie.
Ainsi, à partir de cette période, 48 pays africains ont vu leurs ressortissants être interdits de séjour dans l’espace Schengen. Seuls les citoyens rwandais, marocains, tunisiens et marocains avaient le « privilège » de fouler le sol européen à la faveur de l’ouverture graduelle des frontières aériennes.
Pour faire partie des « bénis », il fallait avoir un taux d’incidence ne dépassant pas la moyenne européenne qui était à l’époque de 16 cas pour 100 000 habitants sur les 14 derniers jours.
Les européens avaient privilégié les visiteurs des pays dont la situation épidémiologique était semblable à celle de l’UE, voire meilleure si la pandémie recule.
Cette liste a provoqué l’ire de certains pays qui n’ont pas hésité à rendre la pareille. Sans attendre, le Sénégal qui a ouvert son espace aérien le 15 juillet après cinq mois d’âpres luttes contre la COVID-19, a mis les pays de l’UE sur liste rouge.
Les citoyens sénégalais, les étrangers titulaires d’une carte de séjour ou détenteurs d’autorisations spéciales avaient droit de cité sur le territoire national. Des discussions avaient été entamées avec l’Union européenne pour lever les incompréhensions. Il n’empêche, le Sénégal n’a pas depuis réintégré la liste des pays dont les citoyens peuvent entrer dans l’espace Schengen avec un visa touriste.
Pourtant, la pandémie a nettement reculé aussi bien au Sénégal que dans beaucoup de pays africains. Les chiffrent parlent d’eux-mêmes. Alors que le monde ploie sous le poids des contaminations qui ne s’arrêtent plus, l’Afrique résiste et n’a enregistré à la date du 9 novembre 2020 que 1 882 950 cas positifs, selon les données de la plateforme de suivi CoViD19-ΛFЯICΛ tenue par Cedric Moro. Le taux de létalité est moindre par rapport au reste du monde. D’après la même source, 45 362 sont morts du coronavirus sur le continent noir.
Alors que l’Afrique est en train de dompter la pandémie à covid-19 au moyen de mesures préventives, l’Europe se reconfine en raison d’une deuxième vague qui fait de la France, le quatrième pays le plus touché avec 1 835 187 contaminations dont 40 490 décès, soit 4/5 des décès déplorés en Afrique.
Contre toute attente, cette évolution n’a pas décidé les Européens à revoir leur copie. Loin de là. Ils se sont recroquevillés davantage sur eux. Le continent africain est ainsi passé de quatre places sur la liste à…une seule.
Après avoir retiré le Canada, la Géorgie, et la Tunisie fin octobre, la commission de l’Union européenne a arrêté sa liste à neuf avec l’entrée de Singapour. Ainsi, l’Australie, le Japon, la Nouvelle Zélande, le Rwanda, la Corée du Sud, la Thaïlande, l’Uruguay et Singapour peuvent envoyer leurs citoyens en Europe pour des raisons touristiques même s’ils doivent se soumettre à des règles sanitaires.
La question qu’il faut poser est dès lors de savoir si ces pays luttent-ils mieux contre le coronavirus que ceux qui ont été exclus ? Si nous prenons le cas du Rwanda, il a certes recensé moins que le Sénégal en termes de nouvelles contaminations (5222 contre 15708) mais il compte plus de cas actifs à la date du 9 novembre (226 contre 45).
Face à cet entêtement de l’Union européenne à bannir des pays sur la base de critères qu’elle n’applique pas en son sein en dépit de la flambée de cas de coronavirus dans certains des pays membres, quelle doit être la réaction de l’Afrique dont 11 pays sont les seuls à avoir fermé leurs portes aux touristes français ?
Dakaractu