La grande offensive médiatique menée par des seconds couteaux de Rewmi pour tenter de faire entrer dans la tête des Sénégalais que Idrissa Seck est toujours du côté du peuple n’a donc pas fonctionné. Et le pire, c’est que même jusqu’au sommet de la hiérarchie du parti, les mécontents se multiplient. À l’origine de cette vague de colère orange, il y a plus le choix des profils et le dispatching des postes que le fait de rejoindre le régime de Macky Sall.
À moins qu’il soit vraiment décidé à dissoudre son parti, le Rewmi, dans l’Alliance pour la République (Apr) du Président Macky Sall et devenir le plus grand looser de l’histoire politique de notre pays, Idrissa Seck devra trouver le moyen de corriger le tir au plus vite, même s’il est certain que cela ne sera pas facile. En tout cas, la vague de colère qui a envahi les Sénégalais, depuis sa décision de rejoindre la majorité présidentielle, a fini de sérieusement toucher sa propre formation politique. Mais au niveau de Rewmi, même si certains très déçus de la décision du chef ont tout simplement décidé de quitter le navire, d’autres, plus courageux, ont décidé de mener le combat à l’interne. Et pour ceux de cette dernière catégorie, ça commence par la contestation. En effet, nous tenons de source interne au Rewmi que la plupart des cadres du parti sont dans tous leurs états. Cette intelligentsia du parti est en effet étonnée des choix des hommes de Idrissa Seck. Les cadres qui apparemment sont beaucoup plus contrariés par le choix des profils que le fait de rejoindre le régime, estiment qu’il y a dans le parti beaucoup mieux que les deux profils qui ont été bombardés ministres.
Yankhoba Diattara épinglé par sa gestion de la mairie
Pour ce qui est de Yankhoba Diattara, promu ministre de l’Économie numérique et des Télécommunications, certains cadres vont jusqu’à rappeler que celui-ci a été accusé dans la vente de terrains à Thiès, alors qu’il avait en charge la gestion quotidienne de la mairie. À l’époque, la presse a parlé d’une immense bamboula foncière, mise à nu par un groupe de conseillers dont des membres du parti «Rewmi». À ce propos, on se rappelle que l’actuel maire de la Thiès n’a pas été tendre avec lui. Le rapport 2010 de l’Armp n’a pas été non plus tellement favorable à Yankhoba Diattara, même s’il s’en défend
«Thiessisation» du parti
L’autre chose soulignée par les cadres est le fait sur les trois postes obtenus, deux sont allés à Thiès : la présidence du Conseil économique, social et environnemental et le Ministère de l’Economie numérique. Un choix particulièrement injuste, si on sait que Thiès est déjà solide comme base du parti et qu’il ne constitue plus un enjeu avec la nouvelle alliance avec la mouvance présidentielle. En clair, ces cadres de Rewmi disent à Idrissa Seck et à qui veut les entendre que le parti n’est pas Thiès et que Thiès n’est pas le parti. «Il devait choisir quelqu’un du sud, de l’est, du nord ou du centre. Cela permettrait d’agrandir la base du parti dans une autre partie du Sénégal que Thiès», souffle un cadre, qui estime qu’avec ce casting, «on ne sent aucun effort d’épauler les responsables des autres parties du pays». Alors qu’un autre trouve que c’est un manque d’élégance politique de remplacer Ndèye Tické Ndiaye à la tête de l’Économie numérique par un responsable Thiessois.
Aly Saleh Diop, plus âgé que Idrissa Seck
Pour ce qui est d’Aly Saleh Diop, qui a été fait ministre de l’Élevage et des Productions animales, c’est son âge qui pose problème. Ces cadres doutent de la capacité de ce ministre qui est plus âgé qu’Idrissa Seck à faire le job. D’ailleurs, nous dit-on, les cadres se demandent encore comment le Président Macky Sall a pu valider les choix du président de Rewmi. «Au moment où prône le rajeunissement de son gouvernement, ce n’est pas sur un vieux de 62 ans qu’il fallait porter le choix. Et au moment où l’on prône la bonne gouvernance, ce ne sont pas des personnes épinglées par des rapports d’audits qu’il nous faut», fustige un autre cadre.
Sidy Djimby NDAO
LES ECHOS