Le dernier remaniement ne cesse de faire parler de lui. Comme ‘’écran de fumée’’ ou ‘’contre-feu’’, il aurait bien marché si jamais c’était l’intention sous-jacente. Il a fait oublier tous les autres sujets chauds de l’actualité.
Mais, nous sommes sûr que c’était plus sérieux que cela. Macky avait tellement envie d’exhiber son gros butin de guerre qu’il a fait attendre les sénégalais pendant trois jours sans gouvernement. Retrouver Idrissa Seck, renouer les contacts politiques avec lui, c’était au-dessus de toutes les prévisions. Mais, enfin, c’est la politique…Jamais dire jamais.
Apparemment, dans l’esprit du concepteur, le Chef de l’Etat, l’idée est de rassembler la grande famille libérale. Les choses n’ayant pas encore marché comme tout à fait prévu avec l’ancien Président Abdoulaye Wade, Idy était le second à être dans son collimateur.
L’objectif final est justement de mettre en place une force politique difficilement contournable et qui pourrait gagner toutes les élections à venir, qu’importent les têtes de liste et les têtes d’affiche.
Il s’agit ainsi de rassembler, le maximum possible, des forces naguère dispersées. Et, à ce propos, d’autres entrées sont prévues. C’est un secret de polichinelle.
Mais, le revers de la médaille, c’est qu’au moment où il tente vaille que vaille d’élargir sa coalition en donnant la main à d’autres partis ou mouvements, Macky a créé, en interne, une frustration énorme dans ses rangs.
Qui ose penser qu’Amadou Bâ, Aly Ngouye Ndiaye, Omar Youm, Matar Cissé et Aminata Touré se retrouvent dans ce qui a été décidé il y a de cela juste une semaine ?
Si les autres ont affiché une sérénité de façade, compréhensible par ailleurs en remerciant celui qui les a guillotinés, Mimi, elle, a été plus ‘’vraie’’. Elle n’a remercié personne.
En clair, ne serait-ce que par apport à elle et à l’attitude inhabituelle affichée, on peut penser qu’il y a un sérieux malais dans les rangs.
En effet, on ne peut pas encore parler de rupture, mais, on n’en est pas loin si rien n’est fait pour recoller les morceaux. Et ce ne serait pas la première fois car, Moustapha Diakhaté, exclu du parti, avait déjà mis en place un courant.
Par conséquent, certains, parmi les frustrés de l’Alliance pour la République (Apr) peuvent, en effet, se retrouver dans ce courant ou autour d’une autre forte personnalité pour constituer un front de résistance.
Car, ce qui se passe au niveau du parti s’est déjà produit dans d’autres. Le Ps, le Pds, l’Afp et bien d’autres ont déjà subi ce syndrome.
Il découle en effet de la patrimonialisation des partis politiques. Les leaders ont la fameuse tendance à penser que les partis leur appartiennent. Et delà découlent tous les problèmes.
Or, un parti politique est une association dont le but fondamental est la conquête du pouvoir. Donc, il appartient à tous ceux qui y adhèrent qui ont un droit de regard sur son fonctionnement. C’est cela le principe. Mais, dans les faits, soit on est d’accord avec la ligne tracée par celui qui est à la tête, soit on débarrasse le planché.
Donc, il ne faudrait pas s’étonner que, dans les prochains jours, l’Apr végète sa propre opposition interne.
Car, en travaillant à rassembler la grande famille libérale, ce qui, politiquement n’a rien de répréhensible, Macky ne s’est pas soucié d’éviter une grosse déception dans ses rangs et à braquer certains proches contre lui.
Or, tout le monde sait que l’un n’exclut pas l’autre. On peut massifier et maintenir les siens à ses côtés même si personne n’est indispensable à un poste de responsabilité et que la Constitution donne un pouvoir discrétionnaire au Chef de l’Etat, celui de nommer ou de dégommer qui il veut.
Malheureusement, il a manqué, ce dimanche, un minimum d’élégance républicaine face à des hommes et des femmes qui ont tout donné et à qui on ne saurait reprocher grand-chose du point de vue de leurs engagements politiques.
Assane Samb