En ouvrant le gouvernement au leader du parti Rewmi, Idrissa Seck, le chef de l’Etat Macky Sall a rendu un grand service à la Nation, en clarifiant le jeu politique. C’est la conviction de l’ancien ministre, Mamadou Ndoye qui croit fermement que cela a permis de reconnaitre ceux qui n’avaient pas leur place dans l’opposition, mais surtout de voir d’un côté les «prédateurs» et de l’autre ceux qui croient aux idées de défense de la Nation sénégalaise. L’ancien Secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld) était l’invité hier, dimanche 8 novembre, de l’émission politique Objection, de la radio Sud Fm.
L’ouverture du gouvernement à d’autres forces politiques. On en parle encore. En effet, l’entrée dans la mouvance présidentielle du candidat classé deuxième à la présidentielle de février 2019, continue de susciter des réactions et moult interrogations sur les vrais motivations du président de la République, Macky Sall, mais aussi de celles d’Idrissa Seck. Mais, cela semble être clair aux yeux de l’ancien ministre, Mamadou Ndoye. Invité à l’émission politique de Sud Fm hier, dimanche 8 novembre, il a estimé que la formation de ce nouveau gouvernement d’ouverture a permis une certaine lisibilité du jeu politique, avec un vrai positionnement des acteurs.
De son point de vue, «il (Macky Sall) nous a rendu un très grand service. Il a clarifié le jeu politique au Sénégal. Parce qu’il y a des gens positionnés dans l’opposition qui n’ont rien à faire dans l’opposition. Idrissa Seck est dans l’opposition à titre d’opposition personnelle à Macky Sall. Il n’était pas dans l’opposition du point de vue de l’opposition de projet politique. Pas du tout».
L’ancien Secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld), démissionnaire pour avoir été mis en minorité concernant le compagnonnage du parti dans la mouvance présidentielle, reste catégorique qu’Idrissa Seck et Macky Sall «ont le même projet politique». Il ira même jusqu’à les qualifier de «prédateurs», estimant qu’ils ne sont mus que par la conquête du pouvoir et sa conservation, reléguant au second plan le développement du pays ou encore le renforcement de la démocratie.
Dans ce lot, il y rangera l’ancien chef de l’Etat. Pour lui «Abdoulaye Wade peut être embarqué dans l’opposition d’un point de vu tactique. D’un point de vue stratégique, il n’est pas dans l’opposition. D’un point de vue tactique, évidemment il peut peser et affaiblir l’autre camp. Mais, en vérité, il est dans le même camp que Macky Sall et Idrissa Seck».
Tout compte fait, il dira que ce nouveau gouvernement repositionne les acteurs. Ce qui permet, à son avis, «à tous ceux qui croient à la Nation, à la patrie, qui croient aux conclusions des Assises nationales, qui croient à la démocratie, aux idées de justice et simplement aux idées de défense de la Nation sénégalaise, de pouvoir se retrouver et de clarifier le jeu politique et d’être en face des prédateurs».
«A L’HEURE ACTUELLE, IDRISSA SECK N’A PLUS D’ARGENT»
Quid des réelles motivations d’Idrissa Seck et de Macky Sall ? Sur ce point, Mamadou Ndoye n’a pas été tendre avec le patron du parti Rewmi. Il a ainsi botté en touche tous les arguments servis par Idrissa Seck, à savoir la crise mondiale et son devoir de participer au redressement économique et de préserver un ilot de paix dans la sous-région, sous le couvert du devoir. Ce partisan de la «Gauche» dira sans ambages : «Je ne crois pas au devoir dans la bouche d’Idrissa Seck. Parce qu’Idrissa Seck, en politique, n’a jamais eu de devoir. Idrissa Seck fait partie de ceux qu’on appelle les cyniques en politique, tout est calcul pour lui. Il n’y a pas de devoir, il n’y a pas d’éthique en politique chez Idrissa Seck».
Enfonçant le clou, Mamadou Ndoye a fait un rappel historique du parcours politique de l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). «Quand le politicien considéré comme le plus tortueux du Sénégal, vous arrivez à le détourner pratiquement, à être plus rusé que lui, à lui prendre son argent, vous pensez que celui-là, en politique, croit à la morale et à l’éthique ? Je parle d’Idrissa Seck par rapport à Abdoulaye Wade. Idrissa Seck a dit ici, devant tout le monde, qu’il avait pris l’argent de Wade, qu’il a trompé Abdoulaye Wade. Comment peut-on considérer qu’Idrissa Seck a le souci de l’éthique et de la morale en politique ?», a-t-il rappelé.
Ainsi donc, il reste convaincu que les vraies motivations d’Idy sont ailleurs. «Ce que je crois, moi profondément, c’est qu’à l’heure actuelle, il n’a plus d’argent. Et n’ayant plus d’argent, il n’a plus de base politique, parce qu’il ne peut bâtir sa base politique que sur la base du clientélisme, c’est-à-dire sur la base de l’achat de consciences», a-t-il confié.
MACKY A REUSSI A SORTIR DE SON MALAISE
Revenant sur les finalités du chef de l’Etat, avec son gouvernement d’ouverture, Mamadou Ndoye trouve que le président avait un but bien déterminé, au sortir de la présidentielle. Il trouve qu’il était habité par un «malaise» pour avoir «manipulé» l’élection présidentielle dernière. La manipulation consiste, à ses yeux, à l’élimination des adversaires politiques bien connus, à la confection d’un fichier électoral à sa guise, à l’affaiblissement des coins qu’il ne maitrisait pas. A cela s’ajoute, à son avis, le discrédit sur les institutions, à cause du refus des candidats de l’opposition de recourir aux institutions d’arbitrage. Ainsi donc, pour juguler ce malaise, «Macky Sall a lancé son fameux dialogue national pour sortir de ce malaise. Ce fameux dialogue national avait comme but de sortir de tout ce malaise et de recomposer un peu le paysage politique. C’est ce qu’il vient de réussir».
MAMADOU NDOYE SUR LA MISE A L’ECART DES TENORS DU GOUVERNEMENT : «Plus on est médiocre et insignifiant, plus on a des chances de rester»
Le chef de l’Etat, Macky Sall at-il un problème avec les ministres brillants, reconnus au plan national comme international ? La question ne semble pas se poser pour l’ancien ministre, Mamadou Ndoye. En effet, l’ancien Secrétaire général de la Ld, faisant une lecture de la mise à l’écart de certaines pontes du régime comme Aminata Touré, Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye ou encore Makhtar Cissé, fait constater que «dès que quelqu’un sort du lot, je ne sais pas pourquoi pour Macky Sall, celui-là devient un problème».
De l’avis de M. Ndoye «dans le gouvernement de Macky Sall, la longévité dépend de la discrétion, pour ne pas dire quelque chose qui peut le mécontenter. Elle dépend de la médiocrité et de l’insignifiance des ministres. C’est-à-dire, plus on est médiocre et insignifiant, plus on a des chances de rester».
Pour étayer son propos, il a cité entre autres exemples, Awa Marie Coll Seck, ancienne ministre de la Santé qui, selon lui, était brillante et appréciée de tous, ou encore Mary Teuw Niane, ancien ministre de l’Enseignement supérieur. Donc, il reste persuadé qu’on parle de ce remaniement ministériel parce qu’on le met en rapport avec ses ambitions personnelles, à savoir de briguer un troisième mandat, mais en réalité, il a un sérieux problème avec ceux qui émergent dans son parti.
PAR JEAN MICHEL DIATTA