Les transferts des émigrés ont baissé de 9% en 2020

par pierre Dieme

A cause de la pandémie de Covid-19 et la crise économique engendrée, les envois de fonds des travailleurs migrants vers leurs pays d’origine devraient reculer de 14% d’ici 2021 par rapport au niveau d’avant la pandémie en 2019. Selon les dernières estimations de la note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, le repli enregistré en Afrique subsaharienne va s’établir en 2020 et 2021 respectivement à 9 et 6%.

Face à cet ennemi mondial, les migrants courent plus le risque d’attraper le virus que de se retrouver au chômage. Un état de fait qui a induit un repli des envois de fonds vers leurs pays d’origine. En Afrique subsaharienne, notamment au Sénégal, les familles qui dépendent de ces fonds sont rudement éprouvées.

Selon les projections de la Banque Mondiale, les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne devraient reculer d’environ 9% en 2020, à 44 milliards de dollars. Même si, signalent-ils, les flux à destination du Kenya restent pour l’instant positifs, ils devraient finir par plonger en 2021. « Les transferts vers tous les grands pays bénéficiaires devraient baisser. La pandémie de COVID-19 touchant à la fois les pays d’origine et de destination des migrants subsahariens, ce tassement des remises migratoires devrait aggraver l’insécurité alimentaire et la pauvreté », renseigne la note d’information consultée par « L’As ».

Mieux, les coûts des transferts, indique-t-on, notamment le tarif moyen pour l’envoi de 200 dollars vers la région, s’établissent à 8,5% au troisième trimestre 2020, en léger repli par rapport à l’an dernier (9%). Non sans préciser, à cet effet, que l’Afrique subsaharienne reste la région la plus chère du monde comparée aux autres régions du monde. « Le déploiement de technologies numériques, conjugué à la mise en place d’un environnement réglementaire favorisant la concurrence entre opérateurs et à un examen de la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, est indispensable pour faire baisser le coût des transferts de fonds dans la région », recommande le groupe de la Banque Mondiale.

Par ailleurs, la note d’information de l’institution financière internationale signale que les envois de fonds devraient reculer dans toutes les régions en 2020 et 2021, avec un repli particulièrement marqué en Europe et en Asie centrale (de respectivement 16 et 8%), devant l’Asie de l’Est et le Pacifique (11 et 4%), le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (8% pour les deux années), l’Asie du Sud(4et11%) et l’Amérique Latine et les Caraïbes (0,2 et 8%).« Les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient se replier à 508 milliards de dollars en 2020, en recul de 7%, avant de connaître un nouvel effondrement en 2021, à 470 milliards de dollars (-7,5%) », annonce la Banque Mondiale.

Cet effondrement des envois de fonds des travailleurs migrants s’explique en grande partie, d’après ladite institution financière, par l’atonie de la croissance économique, l’insuffisance des niveaux d’emplois dans les pays d’accueil des migrants, la faiblesse des cours du pétrole et la dépréciation des monnaies des pays d’origine des transferts d’argent par rapport au dollar. C’est pour cela qu’elle recommande aux pays de trouver des solutions pour favoriser la réinstallation des migrants de retour en les aidant à trouver un emploi ou à créer une entreprise.

Enfin, le groupe de la Banque Mondiale révèle que pour la première fois dans l’histoire récente, le nombre de migrants internationaux va baisser cette année, à la faveur d’un ralentissement des nouveaux départs et d’une hausse des retours vers les pays d’origine. Ce qui, informe la note, va accentuer la hausse du chômage parmi les migrants et les réfugiés, provoquée par des restrictions plus strictes en matière de visas.

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