Le ralliement du parti Rewmi et de son président, Idrissa Seck au camp du pouvoir pourrait avoir de graves conséquences sur l’avenir du Front de résistance nationale. Depuis la publication le 1er novembre dernier, de la liste du nouveau gouvernement et le décret portant nomination du président du Conseil économique environnemental et social, de plus en plus des partis membres du front font des sorties aux allures des appels en vue de la formation d’un nouveau cadre.
Le Front de résistance national (Frn) va-t-il survivre à la défection du parti Rewmi d’Idrissa Seck ? En effet, depuis la publication la publication des décrets consacrant l’entrée d’Idrissa Seck et son parti, le Rewmi dans le gouvernement, le 1er novembre dernier, des formations politiques membres de cette plateforme politique et citoyenne multiplient des sorties aux allures d’appels à la mise en place d’un nouveau bloc de l’opposition.
En conférence de presse le mercredi 4 novembre dernier, le directoire des Forces démocratiques duSénégal (Fds) /Les Guelwaars après avoir annoncé la fin de son compagnonnage avec Idrissa Seck, «a donné mandat» à son président, Dr Babacar Diop, pour «mener des concertations avec toutes les forces politiques et des mouvements sociaux en vue de formation d’un large front de l’opposition pour les prochaines élections municipales et départementales».
S’inscrivant sur la même ligne de bataille, le Front pour le socialisme et la démocratie/Benno jubel (Fsd-Bj) annonçant lui aussi son départ de la coalition Idy 2019, a indiqué dans un communiqué qu’il «continuera d’œuvrer pour l’avènement d’une alternance crédible qui gommera à jamais les pratiques d’un autre âge qui ont fini de décrédibiliser la classe politique», lit-on dans le document. Pour sa part, la coalition JOTNA qui avait porté lors de la présidentielle du 26 février 2019 dernier, la candidature du leader de Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko, classé troisième à l’issue de ce scrutin, a fustigé la démarche du président de la coalition Idy 2019 qui selon elle, «porte sérieusement atteinte à l’image de la classe politique dans ses valeurs et principes».
Dans un communiqué rendu public sur le remaniement hier, les camarades d’Ousmane Sonko après avoir témoigné leur «solidarité aux alliés au sein de la Coalition Idy2019qui n’ont pas été associés à cette décision», en ont profité pour appeler «les différents segments de l’opposition authentique à une concertation ouverte afin de constituer un front patriotique, populaire et démocratique pour veiller sur les intérêts du peuple et remporter largement les prochaines élections locales».
Toujours au sujet de cette course aux jeux d’alliances en vue de la formation de nouvelles forces politiques en mesure de prendre la place du Frn, la LD Debout et la coalition Taxawou Senegaal ont annoncé également dans un communiqué de presse conjoint hier, jeudi 5 novembre, avoir engagé des échanges «sur la nécessité de mettre en place une plateforme politique ouverte à toutes les forces progressistes et patriotiques pour construire et proposer aux Sénégalais une véritable alternative basée sur les valeurs de justice, de liberté et de démocratie ». Il faut dire que ces différentes sorties aux allures des appels de pieds en vue de la constitution des nouvelles forces politiques témoignent du climat d’incertitude qui prévaut actuellement au sein du Frn.
En effet, membre fondateur de cette plateforme politique et citoyenne mise en place à la veille du passage à l’Assemblée nationale du controversé projet de loi instaurant la généralisation du système de parrainage citoyen à toutes les candidatures aux élections au mois d’avril 2018 dernier, Idrissa Seck incarnait de façon officieuse le leadership du Frn du fait de son parcours et expérience politique : ancien Premier ministre et candidat classé 2ème à deux reprises à l’issue d’une élection présidentielle en l’espace de treize ans. Seulement, en révélant, lors de la conférence de presse qu’il a tenu le soir de la publication de la liste des membres du gouvernement que sa décision fait suite à «plusieurs mois d’échanges dans le cadre du dialogue national comme au cours de plusieurs rencontres en tête à tête avec le président de la République… »
À l’insu de ses camarades du Front engagés, Idrissa Seck a ainsi conforté l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade. En effet, dès le début de cette année (mois de janvier dernier), Me Abdoulaye Wade évoquant «de graves déviations des mécanismes internes de prise de décisions stratégiques» et des «les faits de compromission avérée de responsables au plus haut niveau du Front», a décidé de la suspension de la participation de sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (Pds) aux activités du Frn. Aujourd’hui, dix mois après, l’histoire lui donne raison avec ce revirement d’Idrissa Seck et de son parti au grand dam du Frn qui semble plus que jamais au bord de l’implosion. Comme en témoigne ces multiples appels en vue de la formation d’un large front de l’opposition de ses partis membres suite à ce changement de camp du Rewmi. Et ce, nonobstant les assurances du coordonnateur du Frn, Moctar Sourang et ses collaborateurs précisant qu’ils «ne sont ni concernés, encore moins impliqués dans ces tractations » qui ont abouti au ralliement de celui qui était considéré jusqu’ici comme le chef de l’opposition par une partie de l’opinion qui selon eux, s’est «auto-exclu par la démission de fait du Frn du fait de sa décision».
Nando Cabral GOMIS