Le Chef de l’Etat a rencontré, hier, en Conseil des ministres, les membres du nouveau gouvernement. La majorité était déjà là dans l’ancienne équipe, mais, il y a des nouveaux dont c’était le baptême de feu.
Le Conseil s’est voulu pédagogique avec un Président qui a beaucoup insisté sur ses objectifs. Il a qualifié le gouvernement d’ ’’Equipe d’attaque’’ qui doit incarner la vision du Chef de l’Etat et sa doctrine à savoir le ’’Fast Track’’.
Il est clair alors que la ‘’Fast-Track’’ a été érigé en doctrine de gouvernement même s’il faut rappeler qu’il est loin d’être nouveau.
En effet, dès sa réélection en 2019, il avait notamment insisté sur ce concept qui traduit une diligence ou rapidité dans le traitement des dossiers. C’était d’ailleurs la raison fondamentale invoquée pour supprimer le poste ô combien important de Premier Ministre.
Et même si l’on s’attendait à sa restauration, Macky qui tient à son ‘’Fast-Track’’ n’a pas du tout jugé nécessaire de le faire, restant fidèle à sa logique.
Ainsi, il s’est voulu pédagogue en explicitant les tenants et les aboutissants de sa démarche. Celle-ci qui se décline en au moins 6 objectifs clairs à atteindre pour soulager les souffrances des populations, pêche cependant sur les méthodes et moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.
Et c’est là où nous avons quelques réserves par rapport à la doctrine du ‘’Fast-Track’’.
En effet, depuis la mise en place du premier gouvernement de Macky II en avril 2020, il n’a pas été démontré qu’une diligence supérieure a été apportée au traitement des dossiers par rapport à ce qui se faisait avant. La preuve, nous avons été confrontés à une situation d’extrême urgence de mise en œuvre d’un plan de résilience Covid-19. Les opérations ont traîné et ont pris trois fois plus de temps que prévu.
Pis, un réel problème coordination de l’action gouvernementale s’est posé. Pour faire face à la Covid-19, le seul Ministère de la Santé et de l’Action sociale n’a pas suffi. Des décisions importantes relevaient de ses homologues du Transport, de l’Intérieur, de la solidarité, etc.
Et comme Abdoulaye Diouf Sarr n’a aucune prise sur eux, les choses sont allées dans tous les sens avec, le plus souvent, un problème réel de cohérence.
Par exemple, pour affaire appliquer un arrêté sur l’entrée des passagers venant de l’AIBD, il a fallu que le Msas prenne lui-même l’initiative de s’en référer à son homologue de l’Intérieur.
Malgré tous ses constats et bien d’autres, Macky tient au ‘’Fast-Track’’. Bien sûr, la diligence doit toujours être de vigueur. Mais, elle doit s’accompagner d’autres facteurs importants comme la compétence, les moyens et surtout une bonne coordination.
On ne le dira jamais assez, le Président ne peut pas tout faire. S’il tente d’être aussi le Premier Ministre, les blocages viendront du fait que certains Ministères auront du mal à fonctionner convenablement du fait justement de la réticence de Ministres à prendre des initiatives.
Car, c’est un secret de polichinelle, le Président n’est pas du tout accessible. Et il ne peut en être autrement. Alors, un coordinateur était nécessaire.
Pis, avec le saucissonnage des Ministères dans le souci de satisfaire sa clientèle politique, il sera très difficile de faire installer un climat serein de travail.
Macky a été largement imbu par des préoccupations politiques, mais cela, on ne le met pas dans le communiqué du Conseil des Ministres.
Le discours tenu hier aux Ministres est beau dans son emphase lyrique. Il trahi cependant une volonté de convaincre par les mots à un moment où les Sénégalais se posent des questions sur les motivations des hommes qui les gouvernent parce qu’ils sont trop enclins à mettre en avant leurs préoccupations électoralistes.
Le risque est qu’une fois dehors, le Ministre soit incapable de retenir un seul mot de ce qui a été dit.
Un Etat se gère avec une méthode et non avec des mots.
Assane Samb