En recevant les députés de la mouvance présidentielle le mois dernier, le Chef de l’État semblait annoncer les couleurs d’un remaniement imminent. Après les changements intervenus dans le bureau de l’Assemblée Nationale, il avait indiqué qu’il « n’aimait pas les remaniements, ni changements puisqu’il perdait des amis à chaque fois ». Dans le nouvel attelage gouvernemental dévoilé aujourd’hui, c’est des ministres jusque-là indéboulonnables qui ont sauté.
Amadou Ba, Ministre des Affaires étrangères, Aly Ngouille Ndiaye, Ministre de l’Intérieur, Oumar Youm Ministre des Infrastructures, Amadou Makhtar Cissé Ministre du Pétrole et des énergies ont quitté le Gouvernement. À ajouter dans cette liste la présidente du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) Aminata Touré qui quitte des fonctions qu’elle avait commencé à occuper le 14 Mai 2019.
Certaines de ces personnalités ont quelque chose en commun. On leur prête une ambition Présidentielle. Serait-ce la raison de leur départ ? Dakaractu ne s’avancera pas dans cet imbroglio. Le Chef de l’État Macky Sall risque t’il lui de perdre des alliés ou amis, au regard des choix opérés? On serait tenté de répondre par l’affirmative.
Les cas Amadou Ba ou Mouhamadou Makhtar Cissé sont parlants. Le 1er, nommé en 2013 tout puissant argentier de l’État, est choisi pour diriger la liste de la coalition BBY à Dakar en 2017, au détriment de Diouf Sarr alors seul leader à gagner sa commune, et était donc vu comme le successeur de Macky Sall. Assez pour que les faucons le désignent comme l’homme à abattre et l’accusent d’avoir « financé » la campagne de Ousmane Sonko lors de la Présidentielle.
Ses ambitions pour succéder à Macky Sall « révélées », la presse distillait insidieusement un soi disant « malentendu » entre lui et le Chef de l’APR. Amadou Ba s’en était défendu, estimant être « entièrement au service du chef de l’État dans le gouvernement ».
Son départ du ministère des Finances pour celui des Affaires Etrangères avait été mal vu par ses proches. Son départ définitif du Gouvernement sonnera t’il le glas de sa séparation avec Macky Sall ?
Pour Mouhamadou Makhtar Cissé, tour à tour ministre délégué chargé du Budget en 2013, Directeur de Cabinet du Président de la République, Dg de la SENELEC puis, ministre du Pétrole, son passage dans cette station ministérielle n’a pas été de tout repos. La faute à des manœuvres et des départs à la tête d’institutions importantes comme Petrosen, de personnalités proches du Chef de l’État et dont Makhtar Cissé porterait l’empreinte. L’affaire Akilee où il est reproché au désormais ex-ministre d’avoir fait la part belle à cette structure pour l’installation de compteurs intelligents, a fait couler beaucoup d’encre. Il quitte le Gouvernement au moment où un autre homme fort à Dagana fait son entrée. Oumar Sarr, maire de cette commune depuis 1996 y reste une valeur sûre et ce poste ministériel lui redonne un nouveau souffle politique. Au détriment de Mouhamdou Makhtar Cissé… ?
Mais de tous les changements opérés aujourd’hui par le Chef de l’État, celui de Mimi Touré de la tête du conseil économique social et environnemental est le plus surprenant. D’autant plus que cette dernière qui n’a été à la tête de cette institution que durant 1 an et 5 mois, cède sa place à un des plus grands détracteurs du régime Sall, à savoir Idrissa Seck. « Une humiliation » pour Mimi Touré qui est montée au créneau à plusieurs reprises pour porter la réplique à « Ndamal Cajor » qui ne s’est jamais arrêté de torpiller les choix du régime. D’ailleurs en 2019, dans son programme de gouvernance, il prônait la suppression du Conseil Économique Social et Environnemental.
Un coup de massue sur la tête de Aminata Touré qui, au sortir de sa fameuse déclaration où elle indiquait qu’elle allait d’abord « payer ses dettes de sommeil » lors de son éviction de la Primature, peinait plus tard à trouver un poste. Trouver le sommeil, sera-t-il cette fois-ci chose aisée pour Mimi?L’intéressée nous le dira peut-être…
Dakaractu