Par Adama Gaye*
L’affaire ne fait pas grand bruit mais est le dernier signe, parmi d’autres, d’une imminente attaque vasculaire cardiaque dont l’Etat du Sénégal ne se remettra pas : la levée de fonds par bons de trésor de 103 milliards de francs cfa, à maturation d’un mois, sur le marché régional Ouest-africain.
Qui, sur cet indice, va encore douter des tensions de trésorerie qu’il tentait de cacher ? Le marché ne lui fait pas confiance. Comment un pays peut-il encore convaincre de sa solvabilité voire de sa viabilité s’il en est réduit à faire des levées de fonds sur le mode «soul-bouki», c’est-à-dire pour colmater les brèches béantes, arrêter les fuites, payer ses échéances ? Que ce soit une levée de fonds auprès de la BCEAO pour des activités liées à la gestion de la pandémie Covid19 est encore plus alarmante. Puisque cela signifie que face à son défi sanitaire le plus pressant, le Sénégal est obligé d’aller, calebasse en mains, mendier auprès des épargnants de quoi y répondre.
Manifestement, la situation est catastrophique. «Tous les signaux sont au rouge, tout est à l’arrêt», alerte un jeune compatriote. Les nerfs sont tendus, la peur généralisée, l’espoir enterré. Ni gouvernement capable de comprendre encore moins d’agir, ni Président à la hauteur mais cerné par la camarilla d’escrocs qu’il a choisis comme compagnons pour perpétrer les crimes financiers qu’il affectionnait tant.
Dans cette ambiance de fin de règne, dans ce qui ressemble aux derniers instants des pays Est-Européens, quand ils furent brusquement contraints, en fin 1989, de fermer boutique pour faillite, encerclés par leurs limites politiques et économiques, l’Etat du Sénégal n’a plus comme ressource que de se tourner vers des solutions précaires, des emprunts contractés le couteau sous la gorge, sans être sûr de pouvoir passer le mois.
Ses jours sont comptés. Il ne lui reste alors qu’à ajouter à sa panoplie les autres éléments de la boite à outils des régimes autocratiques faillis. Ecoutez son ministre des finances, le fantasque spahi Abdoulaye Daouda Diallo, qui tente de faire accroire que la récession n’est plus l’horizon national. «Nous aurons un taux de croissance de 2 pour cent», éructe-t-il, ridicule, incapable de masquer le taux beaucoup plus proche de zéro ou en deçà. Déjà, les Sénégalais savent ce que ça leur coûte. Eux qui paient une électricité plus chère, ne peuvent plus payer leurs loyers et même manger à leur faim pendant qu’une insécurité totale grippe leurs habitats. Ils en ont perdu la tête. Ils n’en sont plus à se demander ce qui leur arrive ni comment s’extraire de leur statut de zombies. Tous sont résignés. Attendant le pire si Dieu n’intervient pas…
La faillite s’amplifie sous leurs yeux. Après une litanie de magouilles éventées, documentées, ils en voient d’autres surgir, des contrats léonins après celui liant la Sénelec à Akilee. Cas de l’arnaque WAE de Samuel Sarr avec sa bande d’un montant de 230 milliards, des micmacs à la SAR, du détournement des fonds COVID par Mansour Faye, des autos à 900 milliards d’un Omar Youm devenu soudain aussi timide qu’une poule mouillée par crainte de voir ses frasques exposées, et de tous les autres crimes organisés par Macky et son frère Aliou, sans oublier le reste, touchant toute la chaine d’anti-valeurs qu’est désormais l’ensemble de l’Etat-ripoux du Sénégal.
C’est dire que l’emprunt obligataire qu’il a souscrit ces jours-ci n’est donc pas la seule preuve de sa marche vers son ultime soupir.
Le pouvoir de Macky Sall arrivé au bout de course, essoufflé, désargenté, ses projets à l’arrêt, ses dettes insoutenables avoisinant la dizaine de milliers de milliards, toutes perdus dans des initiatives improductives, avec une grosse partie détournée par corruption.
L’autre indicateur, qui renvoie à la fin des régimes des pays communistes Est-européens, ses références idéologiques de jeunesse, c’est la similitude avec laquelle les migrants sénégalais préfèrent mourir dans l’aventure de la migration maritime que de s’éteindre à petit feu dans leur pays. Autant les jeunes de l’Europe de l’Est bravaient par les pieds, forçant notamment la chute du Mur de Berlin, en Novembre 1989, autant ceux du Sénégal ont compris qu’ils n’ont plus d’autres choix que de s’engouffrer dans les fragiles esquifs des radeaux de la mort pour rêver d’en échapper dans leur fuite éperdue vers les rivages de l’Europe.
Chaque jour, ils sont nombreux à se retrouver au fond de l’Atlantique parce que leur navire a chaviré, et, transformés en boudins pour les requins, sans digne sépulture, ils paient le prix de la faillite d’une gouvernance ayant conduit le Sénégal dans un gouffre sans limite.
Dépassé par son impéritie, le pouvoir chancelant de Macky Sall pense pouvoir s’en sortir par la violence et la terreur, l’abus de droit, le règne d’une terreur au moyen d’un détournement de la force publique à des fins privées, criminelles.
C’est qu’il a de quoi être fébrile. Il sent en effet à quel point les populations lui en veulent, n’attendant que le moment propice de lui faire la fête, en le voyant de plus en plus frappé d’insécurité, hanté par l’ampleur de ses crimes économiques et celle de ses fraudes politiques.
La fin est proche. Une économie qui survit sur des emprunts de bout de chandelles, difficilement consentis par de rétifs bailleurs, n’est plus, l’Etat qu’elle supporte avec, qu’une cliente d’une morgue déjà prête pour l’accueillir
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Adama Gaye, Le Caire, 28 Octobre 2020, est un exilé politique sénégalais au Caire…
Lisez ce post-scriptum SVP.
PS : L’un de faux profils sur l’internet a pensé faire l’intéressant en tentant de tourner en dérision mon statut d’exilé politique en Egypte. Qu’il se ressaisisse. Ce grand pays africain à la civilisation majestueuse et multimillénaire, ne m’aurait jamais protégé, couvert et permis d’exprimer mon art, ma réflexion critique, s’il ne croyait pas que je méritais un tel statut.
Est-ce par jalousie que cet interlocuteur, passé par un de mes contacts pour me faire sa réflexion, a agi ? Sans doute. J’ai demandé à ce contact et à tous les autres de ne plus me passer les gamineries des personnes en mission, si elles ne traduisent les frustrations des Souleymane Jules Diop, Omar Youm, Ibrahima Ndiaye Ageroute, Malick Sall et autres sujets de mes tirs tendus qu’ils n’osent affronter à ciel ouvert, car sachant ce qui les attends.
Quant à ma décision de quitter mon pays, j’en ai suffisamment expliqué les raisons, notamment l’in-équité des forces de sécurité et de la justice, pour y revenir.
Est-ce parce qu’après la grève de la faim, piège, mon refus de toute compromission, mes interviews-révélations qui ont explosé les Macky-Malick de ce régime, la stratégie de l’exil qu’ils n’avaient pas vu venir, associée à la publication d’un livre-dit-tout, les a achevés.
Si, par surcroit, par irresponsabilité et cynisme, légèreté, il se trouve encore quelque sénégalais pour ne pas voir la gravité des accusations sur le détournement des hydrocarbures et mes relations dans ce secteur par Macky Sall ou la trahison d’un Malick Sall, démasqué, c’est que le mal est encore plus profond que je ne le pensais.
Enfin, concernant la gestion de mon compte facebook, en particulier celles et ceux qui veulent que je les débloque, tout en sachant qu’ils avaient eu des actes justifiant mon attitude, je vous rassure, mon espace vous est ouvert, à la condition qu’y règne une relation décente et que personne n’y vienne pour prêcher en faveur de chapelles politiques ou religieuses quelles qu’elles soient.
Je remercie enfin l’Egypte pour sa généreuse hospitalité. Je n’oublierai jamais…
Macky-ADD-Malick:
Voici le tiercé iconographique de la faillite politique, économique et morale du Sénégal.