Les contours des négociations entre l’Etat et le Mfdc audités

par pierre Dieme

Des négociations en lieu et place d’une escalade militaire ; c’est désormais l’aspiration des populations de certaines localités du Sud du pays, à l’image de Mongone qui examine les contours des négociations. Robert Sagna et Nouha Cissé, tous deux membres du GRPC, ont profité d’un panel organisé sur place pour asséner leurs vérités aux populations et aux combattants du MFDC.

Mongone, un village du département de Bignona qui a la triste réputation d’être à côté des bases rebelles, tente de baliser les pistes d’une paix définitive en Casamance. Une grande aspiration des populations qui passe par des négociations, aujourd’hui option principale de la plupart des combattants du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC).

Un panel de trois jours tenu dans cette localité de la commune de Djignaky a permis de mesurer le degré d’investissement des populations et de combattants du MFDC dans la recherche de la paix. «Ce sont les ailes combattantes elles-mêmes qui nous ont demandé de travailler avec le Groupe de Réflexion pour la Paix en Casamance (GRPC)», lance Sidy Badji, le coordonnateur des populations. Il poursuit : «le mieux, c’est de partager le concept de négociations avec l’ensemble des membres du MFDC parce que notre objectif est d’avoir le même niveau d’information par rapport à ce concept de négociations et de travailler sur les contours du négociateur. Car, si nous devons négocier et qu’on opte pour la violence, je crois que c’est contraire à ces négociations. Voilà pourquoi nous avons développé le thème suivant : ‘’La négociation en lieu et place de l’escalade militaire, une option pacifique, sage mais responsable’’», lâche M. Badji.

«LA GUERRE QUI EST FINIE EST CELLE AVEC LES FUSILS, MAIS…»

Une tribune de réflexion, un cadre d’échange qui a bien cristallisé les attentions des artisans de la paix, à l’image du GRPC dont le coordonnateur, Robert Sagna, estime que l’- heure est désormais à la guerre pour le développement économique, social… «Désormais, nous sommes en train de conduire la guerre pour le développement économique et social. La guerre qui est finie est celle avec les fusils, celle avec la violence. Et je l’ai rappelé, c’est le MFDC qui nous a convoqué en 2019 en Guinée-Bissau pour nous dire que la guerre est terminée, nous déposons les armes. On voulait vous informer pour que vous puissiez nous aider à aller vers des négociations vers la paix en Casamance…», martèle «Monsieur Casamance». Mongone, à l’image de plusieurs localités de la Casamance, est désormais embarquée dans le navire de la paix. Il reste maintenant à consolider cette paix qui devrait passer par des solutions concrètes, souligne Nouha Cissé, membre du GRPC qui est d’avis qu’il faut un dépassement. «Il faut qu’on aille au dépassement… C’est vrai qu’il y a des rancœurs, qu’il y a de gros problèmes, il y a de petits conflits qui risquent d’alimenter le grand conflit… mais cela on ne peut pas simplement le dire en incantation. Il faut aller vers des solutions concrètes. Or ces dernières qui passent aujourd’hui ou demain ou après-demain par des négociations. Ça peut tarder et on ne le souhaite pas…», conseille l’observateur du processus de paix, Nouha Cissé, qui a profité de ce panel pour asséner ces vérités aux populations de cette zone de Mongone.

«LA PAIX EST IMPOSEE PAR L’ANALYSE DU CONTEXTE NATIONAL ET INTERNATIONAL ET VOUS N’AVEZ PAS LE CHOIX»

Pour l’ancien Proviseur du lycée Djignabo de Ziguinchor, «le MFDC n’a plus rien à prouver, rien à prouver aux Casamançais, rien à prouver aux Sénégalais, ni au reste du monde. Puisque que les armes n’ont pas réglé le problème, l’Armée ne vous a vaincu, vous n’avait pas aussi battu l’Armée. Qu’estce qu’il faut faire maintenant ? Il faut, à mon avis, observer un arrêt qui est imposé par l’analyse du contexte national et international. Ce n’est pas votre simple volonté, vous n’avez pas le choix», assène Nouha Cisse. «L’heure de la vérité a sonné», clame haut le patron du GRPC, Robert Sagna, qui exhorte les populations et les combattants à être cohérents. «Il est temps qu’on arrête la violence. J’ai dit aux populations qu’il faut qu’elles soient cohérentes. Les entreprises ne peuvent pas venir ici pour construire des pistes et voir leurs matériels arrachés, leurs voitures pris ; ça ne peut pas continuer. Si elles veulent ce développement, il faudrait qu’elles soient conséquentes. Je ne viens pas pour caresser les gens dans le sens des poils. Je viens pour qu’on échange dans la vérité, même si elle n’est pas toujours facile à avaler mais elle est nécessaire», déclare l’ancien ministre d’Etat Robert Sagna qui est rentré de Mongone, avec son équipe du GRPC, plein d’espoir quant à une paix définitive en Casamance.

Ignace NDEYE

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