Dans la distribution des rôles et des postes qui relèvent de ses prérogatives, le patron de la majorité présidentielle, en l’occurrence Macky Sall, semble n’avoir pas oublié cette fois ses alliés de la première heure. Même si ce n’est pas à des stations stratégiques. La coalition «Macky 2012» a ainsi vu Jean Paul Dias et le député Adji Mergane Kanouté respectivement intronisés au poste d’Envoyé spécial du Président de la République et de numéro 2 de la majorité parlementaire. Des «responsabilisations» loin d’être fortuites en temps de Locales, de quinquennat et peut-être même d’indicible mandat présidentiel, version 3.
Longtemps sevrée des principaux postes électifs et nominatifs qui sont distribués au sein de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar qui porte la candidature du patron de l’Apr, Macky Sall, depuis le deuxième tour de la présidentielle de 2012, «Macky 2012» vient de voir son blason redoré. Et pour cause, le camp au pouvoir vient de promouvoir deux des membres de ladite coalition à des postes de responsabilité dans l’architecture institutionnelle et politique du pays. Même si les postes attribués ne sont pas stratégiques !
Jean Paul Dias, le leader du Bloc centriste Gaïndé (Bcg) et membre inconditionnel de la coalition « Macky 2012 » dont Macky Sall était le candidat au premier tour de la présidentielle en 2012, a été ainsi nommé Envoyé spécial du Président de la République. Un poste dont certains analystes ont relevé la vacuité dans l’architecture institutionnelle du Sénégal alors que d’autres l’enrobaient d’une réelle charge politique et décisionnelle auprès du chef de l’Etat.
Dans le même temps, le député Adji Mergane Kanouté, ex-coordonnatrice adjointe de Me Moussa Diop à la tête de la coalition « Macky 2012 » avant sa rébellion contre ce dernier, était élue vice-présidente du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar en remplacement du parlementaire Pape Birame Touré. En vérité, la coalition «Macky 2012» s’est souvent estimée lésée dans la distribution des postes nominatifs et électifs de Bennoo Bokk Yaakaar. Mais depuis quelques jours, le Président Sall semble dans une logique de rectification du tir. Les nouvelles fonctions ont fortement ravi la Conférence des leaders de la coalition « Macky 2012 » qui n’a pas manqué de se féliciter de la « responsabilisation» de deux de ses membres et de réaffirmer son « ancrage dans Bby ainsi que son soutien indéfectible au chef de l’Etat pour un Sénégal émergent et prospère».
Loin de paraitre anodines et fortuites, ces « responsabilisations» de membres de la coalition qui avait projeté le leader de l’Apr au second tour de la Présidentielle en 2012, témoignent de la volonté manifeste du président Macky Sall de redresser la barre vis-à-vis d’alliés qui n’ont pas souvent été primés au sein de la large coalition présidentielle Bby. Depuis 2012, cette coalition dont Jean Paul Dias brocardait les détracteurs en affirmant urbi et orbi que « la vérité historique, c’est que le Groupe qui a mené M. Macky Sall à la victoire et au pouvoir, c’est bien la Coalition Macky 2012», n’a pas pesé lourd dans la distribution des postes régentée par le maître du jeu lui-même. Qui plus est, dernièrement, le limogeage de l’ancien coordonnateur, Me Moussa Diop, de la direction de la société de transport public Dakar Dem Dikk, suite à ses démêlés avec le troisième mandat, ouvrait un vide autour de la relation entre le chef de l’Etat et patron du parti présidentiel avec ses premiers souteneurs. C’est dans le souci de combler cette anomalie que le président et le camp au pouvoir ont senti la nécessité de promouvoir Jean Paul Dias comme Envoyé spécial et Adji Mergane Kanouté comme second d’Aymérou Gningue à la tête du groupe parlementaire de la majorité. Et même si les nouveaux postes n’étaient pas aussi prépondérants que la direction d’une grande institution de la République (Assemblée nationale, Hcct…), ils permettaient au président Macky Sall de calmer le jeu par rapport à des alliés dont le coordonnateur, certes contesté en interne, fait encore de la résistance au sein de la coalition.
REMOBILISATION SUR FOND DE CALCUL
Pour rappel, en janvier dernier, un groupe de sept membres fondateurs de la coalition « Macky 2012 » entraient en rébellion contre leur coordonnateur Me Moussa Diop, successeur de Moustapha Fall «Ché» depuis septembre 2019. Dans la foulée, ils procédaient à la mise sur pied d’une «Initiative pour la Refondation de Macky2012 (IRM2012)» destinée à «donner de nouvelles orientations destinées á impulser á cette coalition une nouvelle dynamique et une meilleure crédibilité».
Conséquence : «Macky 2012» entrait dans une tourmente largement préjudicielle, à la base de deux niveaux de coordination de la coalition, avec Me Moussa Diop et Adji Mergane Kanouté, se regardant en chiens de faïence. La défénestration de l’un de la tête de DDD intronisait l’autre qui se voyait dès lors éligible à toute étrenne de la part du maitre du jeu. Vraisemblablement, c’est fait avec l’appendice greffé à Aymérou Gningue, le chef de la majorité parlementaire. Par un autre côté, il semble que la revitalisation de la coalition « Macky 2012 » participe à un schéma politique bien réfléchi.
En route pour le déroulement de son agenda politique au cours de son quinquennat, le chef de l’Etat et patron de la majorité présidentielle se dévoue à unifier tous ses soutiens autour de sa vision, pour ne pas dire de sa personne. Les élections locales approchant à grands pas, même si elles sont sous la menace d’un énième report, le maître du jeu rabiboche autant que faire se peut avant l’ultime saut vers les communes et départements, paliers importants de la fameuse territorialisation des politiques publiques. Celle-là même qui s’impose comme une pierre angulaire de la réussite du Pse 2 si cher au Président Macky Sall.