Alors que tout le monde redoutait une explosion des cas positifs au Covid-19 quinze jours après le Magal, la situation épidémiologique ne s’est pas du tout dégradée. Lors d’une dernière évaluation hier, les autorités religieuses et médicales de Touba n’ont pas caché leur satisfaction après avoir réussi à tenir un Magal sans coronavirus.
Le soulagement est à la hauteur des inquiétudes que l’évènement avait suscitées, car les experts redoutaient une recrudescence des cas positifs au coronavirus à cause des rassemblements du Magal de Touba. Il n’en est rien, au grand soulagement des autorités de la cité religieuse et de l’Unité d’alerte et de prévention épidémiologique (Uape) mise en place par le khalife général des Mourides «pour assurer un bon déroulement de l’événement dans un contexte marqué par la pandémie du Covid-19». Par exemple, sur 16 mille 592 tests réalisés, il y a eu 408 cas positifs 14 jours avant le Magal dont 232 communautaires. Alors qu’il y avait 205 patients en soins intensifs. Deux semaines plus tard, il y a eu 302 personnes contrôlées positives sur un échantillon de tests de 13 mille 368 dont 163 issues de la transmission communautaire. Alors que les cas graves ont chuté à 76. Que dire ? «En substance, le Magal s’est déroulé dans des conditions satisfaisantes de sécurité et de santé, en dépit du contexte de Covid-19. Le Magal n’a été en aucune manière source de propagation de la pandémie du coronavirus. Le Comité d’organisation et l’Unité d’alerte et de prévention exhortent les populations à poursuivre les efforts de protection et de prévention individuelle et collective pour une meilleure santé au Sénégal et dans le monde», souligne Pr L amine Guèye, coordonnateur de l’Unité d’alerte et de prévention épidémiologique.
Il faut savoir que sa mission était d’élaborer et de mettre en œuvre des «stratégies pouvant contribuer à la riposte aux épidémies en général» en mettant l’accent sur la réduction du risque de contamination dans les lieux saints, l’observation des mesures et gestes d’hygiène et/ou de barrières respectés, le port de masques et l’utilisation des gels désinfectants et les dispositifs de lavage des mains posés à tous les points d’entrée des lieux de convergence. En plus de ce dispositif, les responsables de la riposte avaient installé 2 cabines portiques dans la grande mosquée et veillaient à l’identification et l’orientation des personnes Covid-19 et à la disponibilité de kits de Tdr. «Et sans rupture signalée avec un taux de positivité de 0,012% sur l’ensemble des tests effectués», note l’Unité de prévention, qui a aussi révélé que les «médicaments et produits médicaux (étaient) disponibles et sans rupture signalée».
«On le doit à la baraka du fondateur du Mouridisme»
Bien sûr, ce constat réjouit Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, président du Comité d’organisation du grand Magal de Touba. «Ce que les gens redoutaient sur la propagation de la pandémie n’est pas arrivé et cela on le doit à la baraka du fondateur du Mouridisme et aux prières de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké. D’ailleurs lors des préparatifs du Magal, le khalife général des Mourides m’avait envoyé chez le président de la République pour lui demander de se tranquilliser concernant la propagation du Covid-19 parce que rien ne se passera avant et après le Magal. Et cela s’est passé comme il l’avait prédit», révèle le porte-parole du khalife général des Mourides.
Cette hantise avait occulté les sérieux problèmes auxquels a fait face le Magal, surtout la persistance de la pénurie d’eau. Serigne Ousmane Mbacké, coordonnateur général du Comité d’organisation du Magal, se projette déjà sur l’avenir : «Les citernes ne pouvaient pas suppléer la panne des forages même si certaines populations estimaient que d’autres étaient privilégiées dans la distribution du liquide précieux. Il n’y avait pas de favoritisme. En revanche, je suggère que tous les chantiers en cours d’exécution dans la cité religieuse soient arrêtés un mois avant le Magal parce qu’il a été constaté souvent que des pannes de forages étaient liées à ces travaux.» En même temps, il faut rapprocher les positions des différents acteurs de l’hydraulique à l’image de l’Ofor et du mouvement «Touba ça kanam», qui se sont donné en spectacle avant la tenue du pèlerinage. «Je leur demande de taire leurs divergences et de s’entendre parce qu’en définitive ils œuvrent tous pour la satisfaction des fidèles», martèle Serigne Basse Abdou Khadre.
Avec Le Quotidien