16 Sénégalais au total dont 5 femmes et leurs 11 enfants croupissent dans les prisons libyennes depuis 2014. Le gouvernement de Tripoli accuse les dames d’être de connivence avec l’Etat islamique. Certaines d’entre elles l’avouent. Mais leurs familles appellent l’Etat du Sénégal à faire jouer sa diplomatie pour les rapatrier.
Selon le Journal Quotidien, elles avaient rejoint leurs maris combattants de Daesh basé dans ce pays. Avec l’Aide du ministère des Affaires étrangères suit le dossier, leurs familles cherchent à les rapatrier ainsi que leurs 11 enfants.
16 Sénégalais au total dont 5 femmes et leurs 11 enfants croupissent dans les prisons libyennes depuis 2014. Le gouvernement de Tripoli accuse les dames d’être de connivence avec l’Etat islamique. Certaines d’entre elles l’avouent. Mais leurs familles appellent l’Etat du Sénégal à faire jouer sa diplomatie pour les rapatrier.
La mort du Sénégalais Abdoulaye Baldé en Libye a peut-être encouragé d’autres familles à alerter les autorités de la situation de leurs enfants dans ce pays. La famille de ce natif de Kolda a été outrée par la gestion de cette affaire qu’elle a brandi une plainte contre le ministère des Affaires étrangères pour «non-assistance à personne en danger». Il y a pourtant aussi d’autres Sénégalais, encore vivants, qui sollicitent aujourd’hui une assistance du gouvernement. Il s’agit de 5 femmes et de leurs 11 enfants qui sont en détention dans les prisons libyennes depuis 2014. Leur âge varie entre 27 et 34 ans. Elles sont toutes accusées par le gouvernement de Tripoli d’être de «connivence» avec l’Etat islamique. Mais selon des sources en contact avec les prisonnières, ces Sénégalaises ont rejoint leurs époux avec leurs enfants dans le cadre d’une «migration familiale normale». Même si, il est vrai, que certaines reconnaissent avoir découvert à Syrte où elles vivaient avec leurs maris que ces derniers s’étaient engagés aux côtés de Daesh et étaient, en conséquence, recherchés par le gouvernement de Tripoli. Ce qui justifie justement leur arrestation et leur détention dans la prison pour femmes Kuluya Zawdjiya. Des sources diplomatiques et concordantes sont formelles : «Il y en a parmi ces Sénégalaises qui ont fait des aveux circonstanciés sur leur engagement aux côtés de l’Etat islamique et qui, même lors de leur interrogatoire, disent ne rien regretter. Même en contact avec leurs familles, elles le répètent et s’identifient par des noms de guerre.»
Les familles attendent un geste du gouvernement
Ce dossier a pourtant atterri sur la table du gouvernement du Sénégal. Le Quotidien a appris que la Croix-Rouge sénégalaise a, en effet, pu obtenir de son homologue en Libye des contacts de ces 5 femmes et leurs enfants qui arrivent donc à échanger avec leurs familles au Sénégal. Mais le Cicr Sénégal n’a pu avoir de leurs nouvelles depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19. Le Quotidien a tenté, sans succès, de faire parler les familles des Sénégalaises détenues en Libye, mais aucune ne souhaiterait évoquer le sujet. Toutes préfèrent s’en remettre à Dieu et au gouvernement du Sénégal qui doit répondre à «l’appel de détresse de ces citoyens qui sont en danger permanent et vivent dans des conditions horribles». Et au cas où les accusations seraient confirmées, leurs parents sont prêts à accepter qu’elles purgent leur peine dans leur pays. Loin des conditions exécrables de détention en Libye.
Les conditions de détention dénoncées par l’Onu
Le site infomigrants.net informait d’ailleurs qu’un rapport remis au Conseil de sécurité de l’Onu le 3 septembre dernier dénonçait des cas de «torture, disparitions forcées, violences sexuelles» dans les centres de détention libyens. Au point que le secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, avait réclamé leur fermeture. En 2017, le Dr Tankred Stoebe qui coordonnait une mission d’évaluation médicale pour le compte de Médecin sans frontières décrivait certains centres de détention libyens. «Les chambres y sont petites et sales, et les matelas s’y entassent. Dès le hall où règne une odeur putride, on marche dans les flaques d’urine. Dans les toilettes, le sol est jonché d’excréments. Les chasses d’eau sont hors d’usage et les sanitaires ne sont pas équipés de douches. Les femmes sont contraintes de faire leurs besoins dans des seaux. Pour se laver, elles détournent un peu d’eau potable», décrivait-il les prisons de Misrata et Tripoli. Les familles réclament une meilleure diligence du dossier par l’Etat du Sénégal à travers sa diplomatie pour éviter le pire.