Le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, est convoqué par le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature. Son audition, initialement prévue à Ziguinchor ce lundi 19 octobre, a été reportée au 28 du même mois. Mais il sera entendu par le Procureur général près la Cour d’appel de Ziguinchor, Assane Ndiaye, désigné comme rapporteur du Csm, à Dakar cette fois-ci.
L e président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, fera face au Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature (Csm). L’on nous informe que la convocation annoncée initialement pour ce lundi 19 octobre, aura lieu finalement le 28 octobre prochain. D’ores et déjà, le Comité de ressort de Dakar, sonne l’alerte. «Le mercredi 14 octobre 2020, le Procureur général près la Cour d’appel de Ziguinchor, Assane Ndiaye, qui a été désigné comme rapporteur du Conseil supérieur de la magistrature, a appelé au téléphone le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), pour lui notifier sa convocation fixée au 19 octobre à 11 heures à Ziguinchor pour être auditionné», souligne-t-il, dans un communiqué publié hier, vendredi 16 octobre. Le Comité de ressort des magistrats de Dakar voit aussi à travers cette convocation «un empressement dans le cadre de la procédure disciplinaire enclenchée contre le président de l’Ums». Mieux, sa «convocation à Ziguinchor, distant de plusieurs kilomètres (plus de 450 km, ndlr) de Dakar, révèle à suffisance la volonté de déstabiliser l’Ums», indique-t-il.
Cette convocation de Souleymane Téliko, initialement prévue le lundi 19 octobre et intervenant une semaine après le communiqué du Premier président de la Cour suprême appelant à la responsabilité tous les acteurs du système judiciaire, «n’est pas de nature à instaurer un climat de sérénité indispensable à la bonne marche de la justice», lit-on dans la note. Le Comité de ressort de Dakar, tout en réaffirmant son soutien au président Souleymane Téliko, a invité tous les magistrats, particulièrement ceux établis dans le ressort de la Cour d’appel de Ziguinchor, à se mobiliser pour faire face à ceux qui s’emploient à remettre en cause l’indépendance et la dignité des magistrats. A signaler que le Bureau exécutif de l’Ums et les avocats commis pour défendre Souleymane Téliko, avaient fait face à la presse pour mettre en garde contre toute convocation du président de l’Ums devant au Conseil de discipline. Mieux, le Premier président de la Cour Suprême, Cheikh Tidiane Coulibaly, avait sorti un communiqué pour remettre de l’ordre dans les rangs notamment en appelant les acteurs de la justice à la retenue.
… Ceux de Saint – Louis s’érigent en bouclier et demandent la tenue d’une Ag
Les magistrats du Comité de ressort de Saint-Louis dénoncent la convocation de Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS) par le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). «Malgré la très forte désapprobation par la quasi-totalité des magistrats, exprimée à travers les déclarations des Comités de ressort et le soutien conséquent et indéfectible témoigné au président Souleymane Teliko, tant par les organisations de la société civile que par le peuple souverain au nom de qui la justice est rendue, la procédure visant à le sanctionner afin de museler davantage l’UMS continue d’être déroulée, notamment par sa convocation pour être entendu par le Procureur général Assane Ndiaye, rapporteur désigné par l’autorité, qui, après avoir initialement fixé la date et le lieu de l’audition au 19 octobre 2020 à Ziguinchor, a retenu une nouvelle date, en l’occurrence le 28 octobre 2020, et un autre lieu, la Cour suprême à Dakar», dit-il, dans la note parvenue à la rédaction.
Le Comité de ressort de Saint-Louis réaffirme, en conséquence, son soutien total à Souleymane Téliko. Mieux, il estime que «les propos qu’il a tenus selon lesquels la Cour de Justice de la CEDEAO a eu raison de considérer que dans l’affaire Khalifa Sall il y a eu violation de la présomption d’innocence et des droits de la défense ne sauraient être constitutifs d’une violation ni de l’obligation de réserve ni du serment du magistrat et encore moins d’un acte de discrédit de l’institution judiciaire ou des personnes qui l’incarnent».
En conséquence, souligne, le document, «le Comité de ressort, outre le fait qu’il maintient toutes ses déclarations antérieures, tient à assumer toute option légale envisagée par notre précieuse association. Il demande au bureau exécutif national de réserver une suite favorable et diligente à la demande générale de tenue d’une assemblée générale extraordinaire exprimée par tous les comités de ressort». Enfin il renouvelle son appel pour une «constitution massive des collègues pour défendre notre président et notre institution de défense de nos intérêts matériels et moraux», et demande «particulièrement à ceux de Dakar d’aller accompagner le président de l’UMS au lieu de l’audition».
Les magistrats africains montent au créneau …
«Le Groupe Africain de l’Union Internationale des Magistrats condamne fermement les entraves et les abus dont fait l’objet le Président de l’UMS dans l’exercice des missions qui lui sont confiées par les statuts de l’Union en matière de défense des Magistrats et de respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire.» C’est l’Union Internationale des Magistrats (UIM), notamment le Groupe Africain qui s’insurge ainsi contre les «entraves et abus» auxquels fait face Souleymane Téliko, à travers un communiqué de l’UIM parvenu à la rédaction hier, vendredi 16 octobre.
Dans le document, le Groupe Africain de l’Union Internationale des Magistrats dit aussi interpeller le ministre de la Justice, Me Malick Sall, sur la situation du président de l’UMS afin qu’une solution allant dans le sens du respect des garanties statutaires des magistrats et de l’indépendance du pouvoir judiciaire soit trouvée.
Pour le groupe africain, Souleymane Téliko, Président élu de l’Union des Magistrats Sénégalais, dite UMS, et membre du Conseil Supérieur de la Magistrature, «est une personnalité engagée pour la défense de l’indépendance de la justice sénégalaise, consacrée notamment par le principe d’inamovibilité». Il précise aussi dans le communiqué que Souleymane Téliko, «n’a appris l’existence de la saisine dudit conseil en tant qu’organe disciplinaire que par voie de presse à travers un communiqué paru le 28 septembre 2020».
Face à cette situation qu’il qualifie d’«aberrante», le Groupe Africain de l’Union Internationale des magistrats «affirme témoigner tout son soutien à l’UMS et à son Président dans la lutte pour l’instauration d’une véritable indépendance du pouvoir judiciaire en République du Sénégal».