La dernière sortie du Président Niass sur les missions de l’assemblée s’est faite avec lyrisme.
Il a préféré l’expression intellectuelle, poétique, à la place du concret qu’appellent les dossiers de l’heure.
Quand il dit que personne ne peut dire à l’assemblée ce qu’elle doit faire, il s’inscrit dans une dynamique qui, pour lui, serait décalée du peuple qui a élu ses membres.
Nous ne sommes pas sûrs que ce soit exact dès lors que toutes les institutions de la République sont, d’une façon permanente, soumises au contrôle direct du peuple par toutes les voies légales.
Chaque citoyen peut saisir la presse pour dire ce qu’il pense.
Mieux, quand il souligne que l’assemblée sait ce qu’elle doit faire, comment et pourquoi, pour le paraphraser, nous ne sommes pas sûrs que cela se vérifie tous les jours.
Les députés qui arrivent dans l’institution sont, pour certains analphabètes, ce qui est un vrai handicap et pour d’autres, dans l’incapacité de maîtriser les missions pour lesquelles ils ont élus.
L’institution elle-même a des problèmes sérieux pour assumer son rôle de contre-pouvoir avec le contrôle de l’action publique.
Les autres missions comme le vote des lois, des budgets, etc. sont faites avec une complicité réelle pour ne pas dire une complaisance envers le pouvoir exécutif.
En clair, ce que cache réellement le lyrisme de Niass, c’est le malaise lié au fait que si l’assemblée tarde à être de rupture, ses députés comme Aliou Dembourou Sow croient plutôt qu’ils sont exclusivement à la solde de leurs mentors et non du peuple.
Car, ceux qui attendaient une assemblée du peuple sont très déçus. Face aux propos aussi attentatoires à l’unité nationale, aucun mot n’a été prononcé par l’assemblée parce que simplement il est de la majorité.
Car s’il était de l’opposition, il y aurait eu une avalanche de condamnations.
Toute cette situation donne raison à ceux qui pensent fort qu’il n’y a qu’un seul pouvoir au Sénégal.
L’exécutif écrase tous les autres. Notre régime politique, présidentiel ou même présidentialiste, opère la concentration des pouvoirs entre les mains d’une seule personne.
Et dans le danger dans ce système, c’est que tous ceux qui lui sont hostiles peuvent passer de mauvais moments s’il décide de ne pas les laisser en paix.
Assane Samb