Après la trêve du coronavirus, les rivalités politiques ont repris de plus belle et c’est tant mieux. Sauf qu’ici, la bataille est devenue bipolaire, concentrée qu’elle est entre deux camps, celui de la majorité présidentielle pour ne pas dire de l’Apr et celui du leader de Pastef Ousmane Sonko.
Depuis quelques temps, l’opinion publique est prise en haleine par des querelles politiques autour du leader Sonko parce que ce dernier a compris que, pendant longtemps, Macky a manqué d’un opposant digne de ce nom face au silence de Wade et d’Idrissa Seck.
Il a cherché à combler ce trou béat qui faisait que beaucoup d’observateurs se demandaient ce qui arrivait à l’opposition, d’habitude d’attaque.
Les inondations ont offert une belle occasion qui s’est multipliée comme cette déclaration du Ministre Mansour Faye qu’il ne va pas déférer à une convocation de l’Ofnac, la gestion de la Covid-19, etc.
Sonko a sauté sur l’occasion, trop belle pour être ignorée dans un contexte où l’on parle de Chef de l’opposition et de statut de cette dernière.
Il a commencé à attaquer sur deux fronts en visant l’opposition et le pouvoir. Mais, il s’est rendu compte que c’est contre-productif. Depuis lors, il concentre ses diatribes sur Macky, sa gestion, son bilan. Et ses proches comme Mansour n’ont pas été épargnés.
Du coup, réponse du berger à la bergère, il y a la fameuse audience et l’audio qui a suivi…
Mais, depuis, Sonko n’arrête pas ses attaques. Il les intensifie même à la manière d’un combattant acculé. Il sort toutes ses griffes…
Face à cette situation, le camp d’en face a été obligé de faire de même. Si Macky reste muet comme une carpe lui qui avait pourtant lancé un appel à un dialogue sur les inondations, ses proches ont organisé la résistance. Mansour a même tenu une conférence de presse juste pour mettre en garde Sonko. En réalité, c’était pour l’enfoncer. Yakham a fait le reste…
Cheikh Issa Sall et bien d’autres s’épanchent dans les médias avec une frénésie à la hauteur de l’affront quotidien que le leader de Pastef veut apporter à leur mentor.
Les répliques sont bien organisées, les déclarations étudiées, ce qui, en clair, trahi la main invisible, derrière. Mais, parce qu’il y a un mais…
Il ne faudrait pas que les uns et les autres oublient, que par une forme de maladresse, Macky a contribué largement à fabriquer ‘’le phénomène Sonko’’.
Par son obstination à vouloir le punir par une sanction suprême, il a poussé le Ministre de tutelle à se débarrasser de ce haut fonctionnaire des impôts devenu encombrant. Partant, il a oublié son propre parcours et le fait qu’il a engrangé beaucoup de sympathie de la part des sénégalais, c’est que l’ancien Président l’avait poussé à se dépouiller de toutes ses fonctions.
C’est que Wade avait ‘’fait’’ Macky comme ce dernier est en train de ‘’faire’’ Sonko. Car, en exerçant sur une personne une forme grave d’injustice, l’on crée toutes les conditions d’une empathie générale à son égard. Macky en a bénéficié et Sonko également. D’où la troisième place que son tout nouveau parti a eu lors de la dernière présidentielle de 2019.
Et ses partisans sont en train de commettre la même erreur. En l’attaquant à tout bout de champ et en ignorant complétement tous les autres leaders politiques de l’opposition, ils contribuent à faire de Sonko, de facto, le chef de l’opposition. Ce dernier profite largement, politiquement, de cette dualité et prie pour que ça dure.
Car, si c’est le cas, il va faire oublier tous les autres notamment Wade, Idy, Gackou, Khalifa Sall, Abdoul Mbaye, etc. si ce n’est pas déjà le cas. C’est cela le jeu de Sonko et les autres l’y aident énormément.
Car, les autres leaders, hormis certains d’entre eux, préfèrent observer le jeu politique dans une forme de silence qui ressemble à la démission. Résultat des courses, le leader de Pastef sera rétribué de son engagement par une jeunesse vigilante et des électeurs de plus en plus avertis.
Mais, lui aussi, doit éviter les erreurs. Elles sont certes inévitables, mais à force de les répéter, cela peut annuler tous les résultats déjà acquis.
Assane Samb