Covid-19 : paiement des frais de scolarité indue : entre contrainte et résignation !

par pierre Dieme

Pour limiter la propagation de la covid-19 au Sénégal, le Président de la République, Macky Sall avait pris la décision de fermer les écoles depuis le mois de mars dernier. Du coup, les élèves sont restés trois mois sans aller à l’école. Mais des écoles privées obligent les parents d’élèves à s’acquitter des trois mois de vacances forcées dues à la covid-19.

A quelques jours de la rentrée scolaire prévue le 12 novembre prochain, Sud Quotidien a effectué une immersion dans quelques écoles privées et parti à la rencontre des parents d’élèves pour s’enquérir des modalités d’inscription pour la nouvelle année.

Il est 9h hier, mardi 13 octobre à l’école «Saint-Louis Marie Grignion» de Malika, des va-et-vient des parents d’élèves venus pour inscrire leurs enfants se font remarquer. Parmi eux, Madame Ba venue pour la réinscription de ses enfants. A l’en croire, elle a été contrainte de payer les scolarités des mois où il n’y a eu école. «J’étais obligée de payer la scolarité de ces mois parce que l’établissement a menacé de ne pas donner aux élèves leurs bulletins de notes. Et sans bulletins, même s’ils quittent l’école, ils seront obligés de reprendre la même classe. Donc, mieux vaut payer que de reprendre toute l’année», abdique Madame Ba.

Si cette dernière a été contrainte de s’acquitter des mensualités de ses enfants, c’est tout à fait le contraire pour ce parent d’élève qui préfère garder l’anonymat. Père de trois enfants inscrits dans une école privée à Dakar, il dit être est en phase avec la décision des écoles privées. «Moi, je paie toute l’année pour mes enfants y compris leur transport et la restauration. Je suis d’accord pour que les parents d’élèves paient les mois précédents mais je pense que pour l’année prochaine, l’école peut retenir les frais de scolarité mais pour le transport et la restauration des mes enfants, je ne dois pas payer pour les trois mois parce que mes enfants ne sont pas allés à l’école», a-t-il fait savoir.

A l’école des «PETITS SOLDATS» de Yeumbeul, quartier situé dans la banlieue dakaroise, des élèves scandent à tue-tête «monsieur ; monsieur». Une technique utilisée pour aller au tableau. Ils sont en plein cours de vacances qui sont obligatoires pour qu’ils puissent être acceptés dans l’établissement pour la prochaine rentrée scolaire.

Dans l’enceinte de l’école, nous avons fait la rencontre de Madame Ndiaye, parent d’élève venue pour réinscrire son fils de 9ans. Selon elle, «la direction de l’école ne l’a pas obligée de payer les mois pendant lesquels son fils n’avait pas fait cours» à cause de la fermeture des écoles liées à la pandémie de la covid-19. Au niveau de la direction, nous y avons trouvé Madame Awidy, Pauline Coly, directrice de l’école des «PETITS SOLDATS». Elle confirme les propos de Madame Ndiaye. «Les parents refusent de payer les scolarités des mois où il n’y a pas eu école à cause de Covid-19 et c’est le problème dans toutes les écoles ; et, effectivement ils ont raison. On a tout fait mais rien. Nous aussi, on les a pas obligés de payer parce qu’on est une école privée et si on le fait, les parents amèneront leurs enfants dans d’autres établissements. Donc, pour ne pas perdre nos élèves nous sommes obligés d’accepter leurs conditions», a fait savoir Madame Awidy.

Par ailleurs, elle a confié que l’Etat ne les a pas indemnisés. «L’Etat avait promis d’indemniser les écoles privées mais jusqu’à présent en tant qu’école, on a rien reçu», dit-elle. En effet, SOS Consommateurs avait dénoncé le paiement des scolarités pour les mois d’avril, mai et de juin réclamées par les établissements privés. Dans un communiqué rendu public, SOS Consommateurs a demandé au ministère de l’Education nationale de «sévir contre cette attitude et de prendre une circulaire pour inviter les inspections d’académie et les inspections de l’éducation et de la formation à mettre un terme à ce qu’il considère comme étant un chantage exercé sur les parents d’élèves alors que l’Etat a octroyé une subvention de trois milliards de F Cfa à ces écoles».

Seynabou BA (Stagiaire)

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