En lieu et place d’un bilan qui a besoin d’être conforté pour justement rassurer et des contrepropositions émanant des adversaires du pouvoir pour se remettre de la cuisante défaite de l’élection présidentielle de février 2019, les Sénégalais ont droit à un débat politicien, de surcroit, d’une pauvreté affligeante à lasser les plus friands de joutes politiques. La dernière en date est cette querelle au ras des pâquerettes qui oppose le ministre Mansour Faye et le député Ousmane Sonko, sur une soi-disant audience qui n’engage aucune productivité.
Le paysage politique sénégalais est bien dynamique ces temps-ci, mais le débat est d’une pauvreté effarante. Empêtrée dans la reddition des comptes dans la gestion de la Covid-19, la question du troisième mandat du président Macky Sall, ou encore la gestion des inondations, sans oublier le statut de Chef de l’opposition, la classe politique semble n’être plus en mesure de produire un discours politique d’une certaine hauteur que cette polémique au ras des pâquerettes concernant une soi-disant audience avec le chef de l’Etat qu’aurait sollicitée le leader de la coalition Jotna, Ousmane Sonko.
Entre cette polémique fondée sur des accusations, contre-accusations, menaces de publication de documents et publication d’enregistrements, il ressort nettement que ce «débat n’honore ni la République, ni l’État, encore moins les acteurs qui l’ont soulevé», comme l’a si bien souligné l’ancien ministre, Abdoul Aziz Tall, sur les colonnes de Sud quotidien, le 8 octobre dernier.
Des scénarios pareils, embarquant les populations dans des entreprises politiques qui ne sont pas les leurs, ça court les rues. La dernière en date est cette querelle de borne fontaine qui a abouti à l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo, Premier Vice-président de l’Assemblée nationale, du parti présidentiel.
En effet, la commission de discipline du Secrétariat exécutif national de l’Apr avait prononcé l’exclusion définitive de Moustapha Cissé Lo des rangs de l’Apr aux motifs qu’il a tenu des propos indécents qui «récusent la morale et la bienséance sociale». L’on entend, en réalité, l’ancien président du parlement de la Cedeao injurier copieusement certains de ses camarades de parti. Bien avant, l’on se rappelle des échanges de propos très durs entre Yakham Mbaye et Moustapha Cissé Lo au sujet de la campagne arachidière et de la distribution de l’engrais.
Selon certaines indiscrétions, ce serait ce différend qui s’est poursuivi au point d’en arriver à ces injures partagées dans les réseaux sociaux. Quid de cette 13ème législature, dans son exercice 2017- 2018 ? Lors du vote «très controversé» de la loi modifiant la Constitution pour y introduire le système de parrainage citoyen pour tous, il a été noté de fortes et chaudes empoignades, entre parlementaires de l’opposition, aidés par certains non-inscrits, et ceux de la majorité présidentielle.
Mieux, il est arrivé que les débats volent «très bas» avec des propos «aigres-doux» entre députés de camps adverses, sur fond d’invectives et autres injures au menu, lors des sessions. Des débats qui parfois volent au ras des pâquerettes, nécessitant ainsi une réorientation vers les véritables axes prioritaires du pays, mais aussi sur des débats contradictoires à même de hisser la démocratie du pays à des niveaux respectables.
Jean Michel DIATTA