En conseil des ministres mercredi dernier, 7 octobre, le président de la République, Macky Sall a fait part de sa volonté d’orienter 30% des élèves issus du cycle fondamental vers le système professionnel
En conseil des ministres mercredi dernier, 7 octobre, le Président de la République, Macky Sall a fait part de sa volonté d’orienter 30% des élèves issus du cycle fondamental vers le système professionnel. Interpellés sur cette question, les syndicalistes apprécient différemment. Si le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique, Abdou Faty salue l’idée et pense que le gouvernement doit mettre les moyens pour y arriver parce que, dit-il, c’est «fondamental» ; le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire/Authentique, Dame Mbodj est d’avis que l’Etat ne pourra pas le réaliser parce que le «Sénégal ne s’est pas préparé à cela».
ABDOU FATY, SECRETAIRE GENERAL DU SELS/AUTHENTIQUE : «Nous ne pouvons que l’encourager mais demander à tout ce que le dispositif soit mis en place»
«Nous pensons que le système professionnel est fondamental dans nos pays émergents. Le système professionnel a toujours été négligé parce qu’il n’y a pas eu de bonnes passerelles entre ce qui faisait le général vers le professionnel. Donc, s’il y’a une volonté, nous ne pouvons que l’encourager mais demander à tout ce que le dispositif soit mis en place et que les 30% qui seront orientés vers le cycle professionnel, puissent être orientés vers des métiers du 21e siècle. Des métiers qui cadrent avec des aspirations de développement du pays mais ne pas le faire comme on a l’habitude de le faire, d’orienter tout simplement vers la formation professionnelle pour orienter vers la formation professionnelle. C’est fondamental. L’Etat du Sénégal doit même changer de paradigme dans l’enseignement.
L’enseignement général n’a presque jamais rien produit. Pour la plupart, nous sommes des littéraires. Les littéraires, c’est une armée de chômeurs. Il est important aujourd’hui qu’on change les paradigmes dans les pays en conception comme le nôtre, qu’on puisse accès vers le professionnel. Il y’a beaucoup de métiers dans le bâtiment, dans l’électricité, dans l’informatique, dans beaucoup de choses. Donc, c’est vraiment une bonne chose toutefois, faudrait-il mettre tous les dispositifs et orienter les gens vers des filières qui débouchent naturellement sur les demandes en développement dans le pays. C’est possible de le faire avec une volonté et mettre des moyens et on est obligé de nous orienter vers ça. Même les pays développés durant très longtemps, ils ont privilégié la formation professionnelle et jusqu’à présent même au 21e siècle, ils privilégient cela. Comme vous le savez, dans les classes, les enfants n’ont pas une intelligence homogène. Il y’a beaucoup d’enfants qui ont une orientation vers des choses manuelles, vers le professionnel, vers certains métiers que de les laisser continuer dans le général, aller à l’université continuer dans le général et rejoindre le bataillon des chômeurs».
DAME MBODJ, SECRETAIRE GENERAL DU CUSEMS/AUTHENTIQUE : «Les 30%, ce n’est rien d’autre qu’un effet d’annonce»
«Les 30%, ce n’est rien d’autre qu’un effet d’annonce. C’est de la politique politicienne. Ça ne sert absolument à rien du tout. Il ne pourra pas le réaliser parce que le Sénégal ne s’est pas préparé à cela : le budget du ministère de la Formation Professionnelle est très dérisoire, les structures de formation ne suffisent pas. Donc, il y’a des capacités d’accueil très faibles et les filières qui existent là-bas sont des filières qui sont aujourd’hui en phase de saturation. La rentrée scolaire, c’est dans deux mois. Il faut donc que le Président Macky Sall nous dise quelles sont les structures qu’il a créées qui pourront absorber les 30% des bacheliers.
Actuellement, le secteur tertiaire est en train de vivre une situation de saturation au même moment, il y’a des filières qui manquent dans notre pays. Il y’a des entreprises, arrivées au Sénégal, elles ont des problèmes de main d’œuvre parce qu’il y’a des filières qui ne sont pas pourvues correctement car il y’a un problème d’adéquation entre la formation et l’emploi au Sénégal. Il y’a des créneaux porteurs. Le Sénégal ne les développe pas et au lieu de créer de nouvelles filières de formation professionnelle avec des créneaux porteurs pour permettre aux étudiants qui sortent de ces filières-là d’avoir une facilité d’accès à l’emploi, ils (Président Macky Sall et son gouvernement) ne font absolument rien. Aujourd’hui, ils font les mêmes formations pour les étudiants et les étudiants qui sortent de ces structures de formation professionnelle ne peuvent pas trouver de métier.
Donc, il y’a un problème d’adéquation entre la formation et l’emploi au Sénégal et c’est cette question que le Président Macky Sall et son gouvernement doivent mettre sur la table, la régler définitivement. Il faut aller aux assises de la formation professionnelle en impliquant les structures de formation professionnelle et les entreprises qui s’installent au Sénégal et pour qu’elles disent quels sont les profils qu’elles veulent avoir pour qu’ensemble, qu’elles puissent définir une nouvelle stratégie de formation professionnelle.