Gouvernants : Aidez les populations, parlez des vrais dossiers ou taisez-vous !

par pierre Dieme

La crise sanitaire, la récession, le chômage, la pauvreté, la famine, sont-ils déjà derrière nous ? On dirait bien avec des gouvernants qui, au lieu de se mettre au travail au service de la nation, jouent à un jeu enfantin. Avons-nous un président à la tête de la rue publique ?

Le Sénégal est l’un des pays les pauvres au monde ; près de la moitié de sa population vit avec moins de 1.90 Dollar US par jour. L’insécurité alimentaire y est répandue ; la famine a été enregistrée dans le nord du pays et risquerait de se répandre à travers le pays avec cette crise sanitaire. Le taux de chômage et le sous-emploi des jeunes sont très élevés. Le Sénégal est parmi les cinq nations africaines qui envoient le plus d’immigrés clandestins vers l’Europe à travers la méditerranée dans des voyages périlleux et souvent mortels. Dans ce contexte, une large partie de la population, la société civile et une certaine classe politique sénégalaise considèrent que les priorités réelles du pays – santé, agriculture, éducation, – sont mises de côté par le gouvernement actuel au profit de faux problèmes et de la diversion totale. Mesdames et Messieurs, de grâce, il faut respecter les populations !

Et si on reparlait des vrais dossiers déjà évoqués sans suite ?

SENELEC : Selon le FMI, à la date du 31 août 2018, la dette était de 223 milliards FCFA qui sont couverts comme suit : 70 milliards de FCFA déjà dans le budget 2018, 28 milliards de FCFA sous la forme d’un appui budgétaire de la Banque mondiale et une lettre de garantie permettant à la SENELEC de lever 125 milliards de FCFA sur le marché, qui sera couverts par un plan de remboursement aux banques sur 5 ans à compter de 2019.

Si nous regardons les livres de la SENELEC, on s’aperçoit que la dette s’est accrue de manière démesurée et on peut se permettre de demander s’il y avait un audit interne. C’est ainsi que la dette due à la BOAD a augmenté de 3,5 milliards de FCFA, celle due à la Bank of India de 36,277 milliards de FCFA, celle due à la BIS de 15 milliards de FCFA, une d’elles due à la SGBS de 872 millions de FCFA, celle due à la CBAO de 10 milliards de FCFA et une autre due à la SGBS de 10 milliards de FCFA.

Nous savons tous que la fraude est un problème, mais la SENELEC souffre de problèmes structurels qui obstruent ses performances. J’ai toujours l’habitude de dire qu’on ne s’attaque jamais à la maladie, mais plutôt aux symptômes. Il y a un sous-investissement chronique et il y a une forte dépendance à l’égard du carburant raffiné, qui est très coûteux.

DÉPENSES SOMPTUAIRES

De 2012 à 2018, nous avons donné au président en exercice plus de 20 000 milliards comme budget pour diverses dépenses. Il faut tout d’abord noter qu’avec 7 391 237 personnes vivant dans la pauvreté et un indice de développement humain très faible, nous nous demandons où est allée cette croissance tant politisée. On ne nous parle jamais de l’IDH qui est un indice qui prend en compte la santé et l’espérance de vie (accès à l’eau potable, aux soins médicaux, à un logement décent et à une bonne alimentation), le niveau d’éducation (durée de scolarisation anticipée pour les enfants en âge d’aller à l’école), et le niveau de vie (revenu par personne par rapport au cout de la vie). Malgré la politisation des réalisations du président Macky Sall, il est nécessaire de dire que les ressources ont été très mal allouées pour la plupart. A vous de juger !

Arène nationale : Que dire des 32 milliards de francs CFA dédiés à la construction de l’arène nationale hébergeant les combats de lutte ? Le Sénégal compte actuellement plus de 5 000 salles de classe dites « provisoires ». Le coût approximatif pour les transformer en véritables lieux d’enseignement se monterait à 40 milliards de francs CFA. Pour la même somme, vaut-il mieux construire une arène nationale ?

Centre international de conférence Abdou-Diouf et le complexe sportif Dakar Arena : Plus ou moins 126 milliards de francs CFA ont été dépensés. Sans oublier la promesse de la construction d’un stade olympique de 50 000 places en 2020. Ces dépenses somptuaires étaient-elles des priorités alors que sont négligés les investissements qui forment le socle de l’émergence ? A titre d’exemple, une usine de dessalement de l’eau de mer coûte 135 milliards de francs CFA et aurait réglé le problème de l’eau une bonne fois pour toutes.

TER : Ce fameux TER qui relie Dakar à l’aéroport international Blaise-Diagne (57 km) ! Même la Banque mondiale a averti de la non-rentabilité de ce projet. Le gouvernement s’est entêté pour la mise en œuvre, d’un coût de plus de 1000 milliards de francs CFA dans un pays qui compte 0.07 médecin pour 1 000 habitants, qui affiche un taux de pauvreté de plus de 47 % et dont la dette publique est galopante.

Aliou Sall-Frank Timis

En 2017, BP a versé à Frank Timis 250 millions de dollars pour sa participation dans le domaine offshore, avec des paiements de redevances de 9 à 12 milliards de dollars au cours des 40 prochaines années. Le jeune frère du président était administrateur de Petro Tim Sénégal et facilitateur des affaires. Après sa démission, il est nommé directeur Marketing Afrique de la société mère, Timis group. A vous maintenant de faire le rapport entre les deux !

Quand les blocs ont été trouvés, le Cayar offshore Profond et saint louis offshore Profond sont ainsi divisés : BP détient 60 %, Kosmos 30 % et Petrosen 10 %. BP a acquis 49,99 % de Kosmos BP Sénégal, une société affiliée qui détient 65 % dans les blocs Cayar offshore Profond et saint louis offshore Profond au large des côtes. durant la clôture de leur exercice en décembre 2016, on voit dans les livres comptables qu’il y a eu une augmentation de participation de 60 % à 65 % dans chaque zone en échange de l’achat de la part d’intérêt de Timis Corporation. En contrepartie de ces transactions, Kosmos allait recevoir 162 millions de dollars en espèces, 221 millions de dollars d’exploration et de report d’exploration, jusqu’à 533 millions de dollars par an.

Il faut aussi rappeler la ligne de crédit accordée à Timis. Les termes de cette convention étaient que Timis pouvait prendre jusqu’à 30 millions de dollars sur la ligne de crédit pour les dépenses liées aux contrats pétroliers de Sénégal Blocks. Cette ligne n’a été suspendue qu’en avril 2017 lorsque Timis a conclu avec BP un contrat d’acquisition de la participation de 30 % de Timis dans les blocs Sénégal. à la suite de la résiliation de la ligne de crédit, Timis a remboursé 16 millions de dollars en août 2017, ce remboursement peut être vu dans les livres de Timis. BP estimait ses dépenses pour ces blocs d’être environ 300 millions de dollars entre la Mauritanie et le Sénégal dans ses livres à la date du 31 décembre 2018.110 millions de dollars destinés au développement de forages supplémentaires dans les gisements de Jubilee et Ten, 50 millions de dollars pour les activités d’exploration et d’évaluation, 80 millions de dollars pour l’acquisition et l’exploration, 50 millions de dollars pour les nouvelles entreprises et 10 millions de dollars pour les dépenses d’entreprise et autres dépenses en immobilisations. Tout dépendra cependant du niveau de production de pétrole et l’argent reçu de la vente de pétrole, le nombre de découvertes de pétrole et de gaz naturel, commercialement viables et les quantités de pétrole et de gaz naturel découvertes entre autres.

Enfin

Si nos gouvernants ne peuvent pas aider les populations durant ces moments durs, qu’ils parlent des vrais dossiers au lieu de nous tympaniser avec des faux problèmes. On ne veut honnêtement pas savoir le contenu d’un enregistrement audio ou de quelconque autre faux problème. Monsieur le président, si vous n’arrivez plus à gouverner, vous pouvez démissionner ou passer le relais à quelqu’un de compétent pour sauver notre cher Sénégal de cette crise.

Mohamed Dia

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