Depuis plusieurs semaines, le pouvoir exécutif s’attaque aux magistrats en s’en prenant ouvertement au Président de l’Union des Magistrats du Sénégal. Malgré les dénégations malaisées du Ministre de la Justice, l’évidence d’une tentative de musellement de l’Union des Magistrats du Sénégal apparaît dans la traduction de son Président devant la formation disciplinaire du Conseil Supérieur de la Magistrature sur saisine du même ministre.
En vérité, cette affaire montée au moyen de ficelles grossières et exécutée dans une fuite en avant écervelée par le pouvoir en place procède d’une violation inadmissible de la liberté d’expression combinée à une tentative d’intimidation dans le but de déstabiliser l’Union des Magistrats du Sénégal et de baillonner ses membres. En effet, il est reproché au Président de l’Union des Magistrats du Sénégal d’avoir rappelé la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO sur les violations de la présomption d’innocence et des droits de la défense de Khalifa Ababacar SALL par la justice sénégalaise comme si par l’effet de cet acharnement sans précédent, l’exécutif pouvait effacer cette vérité qui restera une tache indélébile dans l’histoire peu glorieuse des juridictions qui ont connu de l’affaire de la caisse d’avance de la Ville de Dakar.
Cette attaque contre le Président de l’Union des Magistrats du Sénégal dans le funeste dessein de neutraliser les magistrats qui refusent d’être les pantins d’une justice employée au service de l’exécutif masque mal la volonté du gouvernement d’affaiblir un peu plus le pouvoir judiciaire. Contre cette volonté de l’exécutif, l’Union des Magistrats du Sénégal et son Président, soucieux de leur serment et déterminés à rendre la justice en toute impartialité, ont engagé, en dehors de tout corporatisme, un combat admirable et responsable pour permettre à la justice de s’assumer comme un pouvoir indépendant.
Au lieu de s’acharner sur le Président de l’Union des Magistrats du Sénégal pour tenter de masquer les véritables problèmes de notre justice fragilisée par sa collusion avec le pouvoir exécutif et discréditée dans ses rapports avec les citoyens, Taxawu Senegaal exhorte le Gouvernement à engager, après des concertations avec tous les professionnels de la justice et les organisations des droits humains, des réformes hardies pour un Etat de droit qui concilie une bonne administration du service public de la justice et l’indispensable garantie des droits humains.
Taxawu Senegaal réaffirme son soutien sans réserve à l’Union des Magistrats du Sénégal, à son Président et aux magistrats qui refusent l’affaiblissement de la justice. Taxawu Senegaal appelle les Sénégalais à s’ériger en boucliers pour défendre notre système judiciaire et pour assurer l’ancrage irréversible de notre pays dans un Etat de droit et de libertés que seule une justice indépendante peut garantir.