Au début de la crise, la peur a gagné les cœurs et les esprits en plus du concept « Restez chez vous » qui était à la mode. De son côté, Serigne Mountakha Mbacké a choisi la résilience, c’est-à-dire maintenir toutes ses activités en présence du virus. Aujourd’hui, la tenue du Magal confirmé par le Khalif général des mourides a été le déclencheur de la relance économique du Sénégal au moment où le gouvernement cherche des schémas de sortie de crise. Le guide de la communauté mouride s’est encore illustré par son leadership en tant que visage de la résilience et acteur de la relance économique surtout pour le secteur informel.
En prenant la décision le 7 septembre dernier d’organiser le grand Magal de Touba avec le respect strict des mesures barrières, le Khalif général des mourides Serigne Mountakha Mbacké a posé le premier acte de la relance de l’économie sénégalaise. Une reprise constatée au moment ou l’État du Sénégal cherche des schémas et orientations économiques. Touba, une ville religieuse où convergent tous les mourides du Sénégal et de la diaspora pour célébrer une fois par an le Magal qui commémore le départ en exil de Serigne Touba. Au-delà de l’aspect religieux, il y règne une dynamique économique sans pareille. Une ville où les hommes et femmes de tout âge s’investissent au quotidien avec abnégation dans tous les secteurs d’activités : commerce, production, agriculture, élevage etc…Bref tous les secteurs d’activités qui peuplent l’économie informelle y sont représentées. Avant-hier, le Président Macky Sall dans sa quête de solutions, a regroupé à Diamniadio, tous les acteurs de l’économie, pour discuter de la relance économique. Des centaines d’experts et opérateurs économiques ont essayé de résoudre l’équation de ce déséquilibre économique qui étrangle le pays depuis plusieurs mois.
Serigne Mountakha Mbacké, lui, avait déjà montré la direction à prendre. Le 07 Septembre dernier il a annoncé que la communauté mouride allait célébrer le Magal de Touba. Un grand évènement aux nombreux contours économiques, avec 250 milliards francs CFA générés, il est évident que le Khalife général des Mourides savait avec pertinence que le secteur informel et la capacité de résilience des talibés, permettraient de réduire les impacts du coronavirus. Les vendeurs, chauffeurs, tailleurs, artisans, éleveurs, grossistes, etc., gagnent forcément des revenus assez conséquents après de longs mois de disette. Osons le dire, depuis l’annonce de la célébration du Magal de Touba, tout le monde a senti que les choses bougeaient. Les embouteillages ont repris de plus belle dans les artères de Dakar. Du tailleur au mécanicien, de l’éleveur à l’agriculteur en passant par les commerçants, tout le monde attend les retombées du 18 Safar. Elément déclencheur de la relance si l’on se fie à l’ensemble de ces faits, il est surtout bon de rappeler que le secteur tertiaire va plus que jamais bénéficier de la tenue du grand Magal. Alors l’artisan de cette relance économique, c’est bien le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bachir, cet homme de 85 ans, à travers un leadership débordant et armé de sa foi, a osé faire face à la puissante Covid-19. Cette pandémie, qui a fini de faire trembler et terrasser toutes les grandes puissances mondiales.
Le retour à l’orthodoxie
En prenant la décision de faire comprendre que le virus peut être un « allié », parce qu’envoyé par Dieu, le saint homme a préféré prendre son courage et son destin en main. Ceci, en décidant de la non fermeture des mosquées de Touba – même s’il a restreint le nombre de fidèles – tout en appelant à une vigilance accrue. C’est ce qui lui a permis, dés les premiers jours de l’apparition de la pandémie au Sénégal, de remettre aux autorités étatiques la somme de 200 millions francs CFA et surtout de veiller à la tenue du grand Magal de Touba. Le khalife général des mourides avait recommandé des journées de prières et le retour à l’orthodoxie avec les enseignements du fondateur du mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba en levant toute équivoque à travers des « Khoutba » sur l’identité propre du Cheikh qui est le culte travail. Restant toujours dans cette logique et voulant perpétuer le legs de Cheikhoul Khadim, le Khalif général des mourides a très tôt compris que la relance économique reposait sur la cohabitation avec le virus. Il a été le premier à faire comprendre qu’il fallait apprendre à vivre avec la Covid-19. Le 20 mars 2020, avec 36 cas déclarés, la peur a gagné les esprits et les cœurs des Sénégalais, Serigne Touba Serigne Mountakha Mbacké dixit : « S’assembler avec un malade ne signifie pas forcément que la contagion se fera. Dieu nous exhorte de fuir le mal pour aller vers le bien. Ayons confiance en Dieu et rappelons-nous que seul Lui est Maitre des lieux. C’est Lui seul qui décide de tout, de nos vies, c’est Lui qui choisit les personnes qui tomberont malades et celles qui seront épargnées par cette pandémie. Cette maladie ne décide pas de tout. C’est une créature de Dieu. Aujourd’hui, Serigne Mountakha a raison sur tout le monde. Il est le visage de la résilience et de la relance. Il n’a jamais laissé le virus décider à Touba. Serigne Mountakha nous a encore donné une leçon de vie le jour de la Korité, « Corona a été créé de la même manière que nous avons été créé par l’unique Créateur, il suit strictement les instructions qui lui ont été données. C’est donc à nous de faire de même ». Ce qui signifie que l’homme doit poursuivre sa mission, et ne doit pas se considérer comme une victime, il doit être flexible et enthousiaste face à une nouvelle donne, qui a aussi sa mission. Alors, il est essentiel d’accepter les situations et d’y faire face, plutôt que de les ignorer en espérant que peut-être elles disparaitraient toutes seules. Une catastrophe peut arriver sans que l’homme n’ait le contrôle, il est nécessaire d’apprendre à surmonter les pires épreuves, car l’homme peut être à tout moment une cible arbitraire, Cheikh Ahmadou Bamba a été un parfait exemple. Le pire, c’est que s’il se sente comme une victime, c’est là qu’il n’arriverait pas à s’en sortir.
Serigne Mountakha, un savant, un grand intellectuel, un homme d’une dimension spirituelle et intellectuelle inégalable, un homme qui ne connait pas la peur, qui ne subit pas la pression, « Serigne Touba rek lagnou guiss thi yaw Mbacké Balla ». Une décision impopulaire qui surpasse l’actualité brulante, c’est ce qu’on attend d’un guide, d’un leader, d’un chef. C’est ce que vous êtes Serigne Mountakha Boroom Mbécté mi. L’histoire nous enseigne, de 1883 à nos jours, comment la communauté Mouride a développé des capacités de résilience comme le courage, la persévérance, en gardant toujours l’optimisme, le positivisme et le sourire. La pire des catastrophes ne peut briser cette communauté… C’est pour cela qu’en dépit des difficultés économiques liées à la Covid, les mourides sont parvenus à resserrer l’étau pour faire face à cette crise. Une manière de reconnaître que le secteur informel reste un maillon fondamental de la révolution visible des sphères économiques et sociales au Sénégal.
Par Bougane GUEYE Dany,Administrateur de Sociétés etPrésident du Mouvement Gueum Sa Bopp