Senegalais, tous debout pour freiner les élucubrations silencieuses de Macky SALL sur un mandat qu’aucune norme de décence ou de légalité l’autorise à ambitionner.Par Adama Gaye*Tout est prêt pour qu’il mette le pays à feu et à sang pour continuer à le gouverner. Macky SALL a perdu toute raison. Il est buté sur sa volonté dont plus personne ne doute de s’arc-bouter au pouvoir. Quitte à revenir sur ses engagements les plus fermes, pris devant la nation, de ne plus briguer un mandat présidentiel. Comme un serpent venimeux, à la face d’une nation hébétée, interdite par tant de renoncements, il avance, imperturbable. Sans faire fi de la poudrière que le Sénégal est devenue. Sabre aiguisé en mains, il a déjà coupé les têtes de ses partisans ayant eu le culot de lui rappeler qu’il a fait son temps. Oser lui dire que la décence est qu’il s’efface, qu’il enlève ce lourd genou qui empêche la démocratie sénégalaise de respirer, c’est un casus belli. Rien n’y fait. A sa manière faite de louvoiements et de lâchetés, il déroule cyniquement son plan dont il est le seul à connaître les termes.
C’est un cachotier qui gouverne en clair-obscur. Le flou est son monde. Il déteint sur son environnement. Tous ses proches, de la Société africaine de raffinage (SAR) où s’est tenu hier un Conseil d’administration dont le lieu était tenu secret rien que pour faire passer des marchés de gré à gré crapuleux de 50 milliards, à l’Ageroute, empire du dealer Ibrahima Ndiaye, partout, sous son influence, fourberies et faussetés inondent le pays. Il faut être louche pour évoluer dans son écosystème. C’est qu’il est un comploteur.
Contre la nation. Il faut avoir le cœur sec pour s’associer à son projet d’assassinat du peuple. Et savoir surtout la boucler, s’aplatir, céder à ses désirs les plus extravagants pour rester dans son estime. Observons-le. Les digues politiques, sociales, morales, électorales, emportées par les inondations qui ont englouti le pays, ont sauté. Il n’a plus de limites. Coûte que coûte, contre vents et marées, par toutes sortes de subterfuges, si besoin sur le cadavre du Sénégal et de ce qui lui reste de sa démocratie, ignorant tous les signaux, discrets ou vigoureux, à ne pas franchir la ligne rouge, rien ne l’arrête. Il refuse de se retenir de compromettre la stabilité et la dignité de la nation. C’est un égoïste: après avoir illégalement prolongé sa présence à sa tête, au moyen d’un scrutin présidentiel qu’il a volé, il tient, mordicus, à imposer, à des électeurs dépossédés, un troisième mandat immoral que, bien sûr, il exercerait.
Ses arguments, pour le justifier, sont naturellement fallacieux. Tel celui d’un de ses nouveaux théoriciens, un ex-organisateur de combats de lutte qu’il a tiré de la faillite, qui s’en va, écervelé, affirmant que son mandat actuel ne compte pas, puisqu’étant empêché par la prévalence de la pandémie de COVID-19. Ce sont aussi des juristes dépenaillés, en quête de fric, y compris une magistrature corrompue, qui sèment le doute, en se lançant dans des arguties juridiques infinies. Et, plus grave encore, c’est l’argument du silence et de la peur qui grippe l’intelligentsia et la société, soudain frappées d’un mutisme complice face à l’inconcevable en route. Même les chefs religieux, moyennant ce qu’il appelle l’appui qu’il leur donne, ont préféré tourner la tête pour mieux abdiquer leurs devoirs moraux et de porteurs de la vérité.
La réalité est que les sénégalais n’en reviennent toujours pas devant l’étendue de sa désinvolture, de son manque de vertus, de ses excès en tout, au détriment du pays. Aucun parmi eux ne s’était imaginé en faisant le pari de lui confier les clés de la nation par une maudite élection en mars 2012 que le pays en serait là, à constater sa propre mort, inexorable, entre les mains de cet homme, que l’on disait né après les indépendances, et qui s’était présenté à lui en sauveteur. Qui pouvait penser qu’il serait devenu si rapidement son plus grand diviseur commun (PGDC) autant que son Khalife Général Koulou Todjeman (KGKT), le voleur suprême qui n’en finit pas de le dépouiller de tous ses avoirs, de sa réputation et de ses acquis démocratiques ou sociaux? Les grands criminels ne prospèrent que dans les ambiances lugubres. C’est justement où se trouve le Sénégal sous Macky SALL. Le calendrier électoral est incertain, changeant, selon son gré. Le fichier électoral est caché. Les résultats électoraux tripatouillés dans des officines sous son contrôle. Les marchés publics saccagés pour servir ses prêtes-noms, en commençant par les membres d’un patronat-croupion.
Les financements publics sont des entonnoirs nourrissant une corruption d’une échelle incalculable. L’Etat, privatisé, sert sa famille et ses larbins. Les forces de défense et de sécurité sont alignées derrière sa volonté fut-elle au service de projets illégaux, et nul n’ose lui dire la vérité encore moins l’informer sur l’état ectoplasmique du pays. Tous savent pourtant qu’il a lamentablement échoué et conduit le pays dans une impasse. Au milieu de cet échec proteiforme, qui touche et plombe tous les secteurs nationaux, il se tient, debout, en capitaine du Titanic, voguant vers l’inévitable crash. Ça le laisse de marbre. Son seul souci, tel un gamin insistant pour avoir son cadeau d’anniversaire, c’est qu’on lui laisse ramasser, si besoin sur les cadavres de tous ceux qui s’y opposent, son troisième (immoral) mandat.
Nul n’est besoin de réveiller de son sommeil du juste, le remarquable artiste Makhouredia Gueye pour qu’il nous rejoue son mythique film Le Mandat qui gravitait autour de l’envoi fort attendu d’un mandat postal. Le pays a trouvé plus haletant: ce projet de nouveau mandat électoral, que décence, morale, logique, légalité, d’un seul mouvement, réprouvent, mais qu’un homme, seul, atteint d’hubris, d’une folie furieuse, qui rappelle les Bokassa, Amin Dada et autres autocrates périmés, tient à décrocher. Chut: pour le moment, son sabre, aiguise, tournoie en l’air, et il ne veut pas qu’on parle de ça. Il est prêt à imposer un silence de cimetière pour faire triompher son irraisonnable ambition. Il s’acharne sur le corps déjà mort de notre pays. Qui va l’arrêter ? C’est un duel à mort que le peuple sénégalais doit livrer. Sans tarder. En déchirant les voiles obscures jetées sur son destin par le pire énergumène à avoir jamais foulé son sol national. Que nul ne me dise qu’un voleur amoral peut s’opposer à sa volonté de reconquérir sa souveraineté pour qu’elle cesse d’être si honteusement souillée…Le pays, à l’abandon, en faillite, attend plus que des motopompes.
Adama Gaye Le Caire 26 septembre 2020