Une députée, Mame Diarra Fam aurait été agressée dans son quartier Guinaw rail de la banlieue de Dakar. Elle indexe des partisans du Maire.
Auparavant, on avait noté une montée en puissance de l’adrénaline dans le landerneau politique.
Des leaders de partis et de mouvement notamment de l’opposition se sont illustrés par des polémiques à la limite stériles qui ont beaucoup étonné l’opinion dans un contexte d’inondation et de pandémie à coronavirus.
Apparemment, les inondations ont mis le feu au poudre, créant une levée de boucliers dans les rangs de partis qui, pour l’écrasante majorité, observaient une forme de pause ou d’hibernation politique.
Mais, en toile de fond, le dialogue politique avec le débat sur le chef de l’opposition y a été pour quelque chose. La politique étant un rapport de force, tous les prétextes sont bons pour des affrontements à fin de positionnement.
Malheureusement, on y met plus la manière.
Ce que nous remarquons de plus en plus, c’est le règne de l’incivilité dans les rapports de force politiques. Les acteurs, nourris à la sève du machiavélisme, ne reculent plus devant rien pour écraser leurs adversaires et arriver à leurs fins.
Comme toute activité humaine, la politique s’adapte aux réalités et tendances du moment. Et au Sénégal, actuellement, la tendance est à l’audace verbale, l’injure publique, l’absence d’enjeu idéologique dans les discussions et d’idées constructives.
Ce à quoi nous assistons, c’est à la banalisation du discours, au règne de l’arrogance et à la tendance à l’injure facile. Ces incivilités ont l’heur de séduire.
On a observé cela avec Assane Diouf qui faisait beaucoup de ‘’vus’’ par ses injures. D’autres compatriotes lui ont emboité le pas surtout du côté de la diaspora, profitant du fait qu’ils pouvaient échapper à des poursuites.
Karim Xrum Xah a aussi été épinglé pour cela et a eu à séjourner en prison.
Bref, c’est la nouvelle tendance. Et les acteurs politiques, toujours à la quête d’audimat, ne rechignent jamais à utiliser les moyens qui leur semblent les plus efficaces pour atteindre les masses.
C’est pour cela que le débat politique est si pauvre, qu’il se réduit parfois au simple fait de dire que le Président a droit ou non à un troisième mandat.
En tout état de cause, cette tendance ira s’aggravant au fur et à mesure que les échéances électorales vont s’approcher. A l’état actuel des choses, il ne faudra plus s’attendre à une manière courtoise et polie de faire la politique. La violence verbale a fini de s’installer et la violence physique va suivre. La preuve, cette pauvre député en a fait les frais il y a juste quelques jours.
Or, les prochaines locales prévues en 2021, les législatives en 2022 et la présidentielle en 2024, au regard des enjeux énormes pour toutes les chapelles politiques, seront l’occasion manifeste d’un déferlement de violences.
C’est pourquoi, il faudra dès maintenant s’y préparer afin d’en amortir les effets dévastateurs. Car, la fin des mandats d’un Président en exercice est souvent l’occasion de déferlement de passions de toutes sortes.
Ainsi, les actes posés çà et là sont symptomatiques de ce qui pourrait advenir dans les prochaines semaines, dans les prochains mois.
Car, en réalité, rien n’est fait au sein des états-majors politiques pour éduquer les militants à la citoyenneté responsable. Et l’opinion publique non plus n’a pas la chance de bénéficier d’une bonne sensibilisation dans ce sens. Les médias véhiculent, au contraire, des contre-valeurs de nature à perpétuer un état de sous-alimentation intellectuelle et morale dans le sens du respect de son prochain et de l’intérêt public.
Une situation qui, si l’on y prend garde, pourrait nous causer bien du fil à retordre. Si tout le monde baisse les bras et laisse faire, il arrivera un moment où l’irréparable surviendra et cela ne surprendra personne.
C’est pourquoi, il est de la responsabilité de tout leader politique, de travailler à éduquer ses affidés et à leur inculquer le minimum de valeur.
Dans la même dynamique, toute forme de déviation devrait être systématiquement punie par le système judiciaire qui doit être toujours aux aguets.
Assane Samb