La reprise de l’initiative politique et la réoccupation du terrain politique, plus de six mois après la survenue de la crise sanitaire qui avait gelé toutes les activités des partis au Sénégal, seraient-elles de mise ces temps-ci ?
Vraisemblablement groggy après sa défaite électorale de février 2019. Longtemps cloisonnée dans une passivité notoire, confinée par plus d’un semestre de Covid-19, l’opposition sénégalaise qui ne trouvait de miroir, ces derniers temps, qu’à travers Ousmane Sonko de Pastef/Les Patriotes et les membres du CRD (Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo et TAS), semble au fur et à mesure reprendre du poil de la bête. En somme, le goût de l’initiative et de la réoccupation du terrain politique. Comme en témoignent la rentrée politique des Libéraux décrétée par Me Abdoulaye Wade; la dernière sortie en conférence de presse des cadres libéraux, la remobilisation des troupes décrétée par le «sursitaire » Khalifa Sall chez lui, tous les jeudis, et ses visites de courtoisie aux dignitaires religieux, sur fond de repositionnement politique.
La reprise de l’initiative politique et la réoccupation du terrain politique, plus de six mois après la survenue de la crise sanitaire qui avait gelé toutes les activités des partis au Sénégal, seraient-elles de mise ces temps-ci ?
L’on ne serait pas loin de penser par l’affirmative, au vu des frémissements notés çà et là chez des formations et mouvements politiques longtemps aux abonnés absents de la scène mais qui tendent aujourd’hui à se déconfiner de plus en plus.
A l’instar du Parti démocratique sénégalais (Pds), seule formation politique à détenir un groupe parlementaire en dehors de celui de la majorité. Dans un communiqué en date de vendredi dernier, le Pape du Sopi relève en effet : « J’ai décidé de procéder à une levée partielle de la suspension des activités du parti à partir du lundi 21 septembre 2020. J’annonce la reprise des opérations de placement et de renouvellement des Structures que j’avais suspendues antérieurement par un communiqué en date du 05 mars 2020 du secrétaire général national et des activités dans toutes les sections et fédérations du parti ».
Me Wade ne manque toutefois pas de noter : «(…) les motifs liés à l’épidémie du Coronavirus pour lesquels j’avais suspendu les activités politiques du parti restent de rigueur et, en conséquence, je demande aux militants, aux mouvements de soutien et aux sympathisants de respecter strictement, dans leurs activités, les mesures barrières recommandées par les autorités en charge de la santé ». Parallèlement, le Pds qui n’avait pas participé à la dernière présidentielle en raison de l’élimination par le Conseil constitutionnel de son candidat, Karim Wade, jugé non éligible suite à ses déboires avec Dame justice, voyait ses cadres en conférence de presse s’attaquer ouvertement à la gestion des inondations par le régime de Macky Sall. Non sans exiger le retour au Sénégal, sans condition, de leur ancien candidat.
Dans la foulée, les cadres libéraux réfutaient toute fixation de leur parti sur le…statut du chef de l’opposition qui fait aujourd’hui débat, avec une sorte de sournoise volonté de division entretenue par le pouvoir en place entre le parti libéral d’Abdoulaye Wade (maître de l’opposition parlementaire) et Idrissa Seck de Rewmi (arrivé deuxième à la présidentielle de février 2019). Une preuve, si besoin en est, d’arguer que le Pds sort petit à petit de son cloisonnement et réinvestit le terrain politique, même si ce n’est pas encore au pas de charge.
Par la même occasion, le parti libéral de Me Wade semble parti pour contrecarrer la mainmise d’Ousmane Sonko de Pastef/Les Patriotes et des membres du Congrès de la Renaissance Démocratique (Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo et Thierno Alassane Sall), qui sont depuis la réélection de Macky Sall, en février 2019, les seuls acteurs à incarner une opposition radicale au régime en place au point de boycotterl’appel aux concertations politiques menées pendant des mois autour du processus électoral. Et cela, d’autant que les leaders de la coalition «Idy 2019», toutes tendances confondues, de Pape Diop à Malick Gakou, semblent avoir perdu leurs repères après la déroute de la présidentielle et la victoire au premier tour du président sortant, Macky Sall. Quant au patron de la coalition en question, en l’occurrence Idrissa Seck, arrivé deuxième en termes de suffrages valablement exprimés à la présidentielle, il préférait s’emmurer dans sa stratégie du « silence bavard», poussant les spécialistes de la communication politique à chercher des pendants dans l’histoire politique contemporaine. Et les contempteurs à présager un «deal» autour de la formation d’un futur gouvernement élargi.
QUAND LES INONDATIONS REVEILLENT L’OPPOSITION!
Résultat des courses: Macky Sall déroulait librement son agenda politique, aidé en cela par le nouveau coronavirus qui avait fini de créer un relatif consensus autour de sa personne. Un consensus toutefois émietté par les pseudo-scandales autour de l’attribution des marchés des vivres et de transport des denrées ayant accompagné le fonds «Force Covid-19 ».
Les inondations consécutives aux fortes précipitations du 05 septembre ont, elles, contribué à remettre en selle l’opposition qui ne manquait pas de tirer à boulets rouges sur le Programme décennal de lutte contre les inondations, fort de… 767 milliards, vraisemblablement perdus dans les égouts, selon certains esprits.
Quoi qu’il en soit, force est de reconnaître que l’opposition radicale au président Macky Sall semble en train de sortir de sa léthargie, suite au balisage du terrain par Ousmane Sonko et cie. Même si certains de ses leaders sentent encore l’épée de Damoclès brandi par la Justice au-dessus de leur tête. A l’image de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, libéré par grâce présidentielle et dont l’éligibilité électorale est en suspens, mais qui ne manque pas de remobiliser ses troupes, par intermittences, grâce à des audiences tenues tous les jeudis, ou selon par des visites de courtoisie à des chefs religieux, avec en toile de fond la reprise de l’initiative politique. Ce que ses militants exigent d’ailleurs avec force