Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) qui défend le président de l’Ums, dénonce une «tentative de musèlement» et d’intimidation d’un magistrat du siege
La convocation suivie de l’audition, vendredi dernier, du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, par l’Inspection générale de l’administration de la Justice (Igaj), continue de susciter des réactions de désapprobation et d’indignation. Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) qui défend le président de l’Ums, dénonce une «tentative de musèlement» et d’intimidation d’un magistrat du siege.
«Nous sommes mobilisés pour le (Souleymane Téliko, ndlr) défendre. On ne peut plus continuer à dire aux juges de se taire. C’est inadmissible dans un Etat de droit». C’est Me Assane Dioma, président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), qui se joint ainsi à la vague d’indignation et à la défense du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) convoqué et entendu, vendredi dernier, par l’Inspection générale de l’administration de la Justice (Igaj), pour des propos tenus dans la presse. Me Assane Dioma Ndiaye qui appelle à ne pas laisser cette intimidation passer, dans Emedia, relève que le juge Souleymane Téliko n’a pas été le premier à dire que les droits de Khalifa Sall ont été violés. Les magistrats de la Cour d’appel, rappelle-t-il, l’ont dit. C’est la raison pour laquelle ils ont écarté une partie de l’enquête préliminaire. Également, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a tenu les mêmes propos. Suffisant pour que la robe noire assimile cette audition de Souleymane Téliko à rien d’autre qu’une «tentative de musèlement» d’un magistrat du siège ; ce qui est inacceptable. «C’est inadmissible qu’on veuille intimider un juge pour de tels propos», déclare le président de la Lsdh qui s’érige en bouclier défenseur d’une justice indépendante et crédible.
TELIKO : «LE MINISTRE NE PEUT PAS M’INTIMIDER»
Le président de l’Ums, refusant de se faire piétiner dans ses droits, s’est présenté devant les inspecteurs de l’Igaj, accompagné de ses conseils, Mes Demba Ciré Bathily et Ciré Clédor Ly. Au sortir de l’audience à l’Igaj, Souleymane Téliko n’a pas manqué de contreattaquer, assurant : «le ministre ne peut pas m’intimider». «C’est une tentative d’intimidation, pour que l’Union des magistrats sénégalais arrête de tenir cette ligne dure», note-t-il. Et de préciser, par rapport à sa défense, que «ce sont les avocats qui se sont constitués d’office».
En effet, pour Souleymane Téliko, «l’affaire Khalifa Sall est juste un prétexte. Ce qui leur a fait mal, c’est mon interview dans «Les Echos». Même si «c’est, essentiellement, les propos que j’ai tenus, lors de l’émission «Jury du Dimanche» du 12 juillet que l’on me reproche. J’ai dit partager l’avis de la Cedeao. Ils m’ont opposé l’obligation de réserve et le principe du respect. Je rappelle, aussi, que la Cour d’appel de Dakar s’était rangée du même côté que la Cedeao. Je n’ai dit rien de nouveau dans cette affaire. Est-ce que les magistrats de la Cour d’appel ont porté atteinte à l’honorabilité des juges de première instance ?».
Déjà, mis au courant de la convocation verbale par l’Igaj de Souleymane Téliko, le Bureau exécutif de l’Ums a aussitôt dénoncé une «tentative d’intimidation et de musèlement qui, de toute façon, ne peut prospérer». Mieux, vendredi dernier, les magistrats ont fait bloc derrière le président de l’Ums. D’abord, le Comité de ressort de Dakar a condamné «sans réserve» ce qu’il appelle des «immixtions intempestives de la chancellerie dans le fonctionnement des instances régulières de l’Ums», à travers un communiqué, précédé d’une réunion d’urgence des magistrats du ressort de Dakar la veille, jeudi, 17 septembre, pour se prononcer sur la situation. Pour ces magistrats, il est hors de question de se laisser faire. Ensuite, au sein des Comités de ressort de Saint-Louis et Thiès également, la riposte se prépare, en soutien à Souleymane Teliko.
Sud Quotidien